Maroc

Conseil national de la presse : L’enjeu résidera dans le taux de participation

Les élections du Conseil national de la presse (CNP) se tiennent aujourd’hui, vendredi. Journalistes et éditeurs sont appelés à choisir leurs représentants au sein de cette instance constitutionnelle. Les enjeux d’un rendez-vous historique.

Une campagne terne. Celle-ci  a démarré lentement, sur le registre des attaques personnelles entre candidats, puis a pris fin sur le retrait de deux listes sur les trois en lice. Ces guéguerres ont fait passer les enjeux liés à la réforme de la profession au second plan. Pourtant, le contexte actuel des médias et le journalisme au Maroc auraient nécessité l’ouverture d’un large débat autour de la déontologie et de la défiance du public vis-à-vis des médias. La liste «Liberté, professionnalisme et intégrité», dirigée par Hamid Saâdni (2M TV), déjà assurée de sa victoire, promet de rattraper ce temps perdu. «Nous comptons lancer un large débat régional puis national, ouvert sur la société, pour élaborer une charte déontologique. C’est notre premier engagement de campagne», promet Saâdni. Pour réussir les nombreux chantiers du futur CNP, il compte sur la légitimité démocratique qui passe par un large vote des professionnels des médias. «Le taux de participation est un enjeu majeur de cette élection», affirme Meriem Oudghiri (L’Économiste), membre de la même liste. Le collège électoral est composé de 2.450 journalistes dont la majorité se trouve dans les régions Rabat-Kénitra (44,8%) et Casablanca-Settat (38%). C’est dire le poids déterminant de ces deux régions pour déterminer la liste victorieuse. Le vote des journalistes du pôle public s’annonce aussi décisif en matière de participation, surtout des journalistes de la SNRT, qui constituent à eux seuls 20% du collège électoral.


 

La liste Saâdni déjà gagnante
Deux des trois listes candidates dans la catégorie «Journalistes» n’ont pas mené de campagne et ont préféré batailler sur le terrain judiciaire. Ces deux listes, «Le Changement» et «Fidélité et Responsabilité», menées respectivement par Ali Bouzerda (Article 19) et Abdessamad Bencherif (Al Maghribia TV) ont déposé un recours au niveau du Tribunal administratif de Rabat pour invalider un membre de la liste de Saâdni. Des journalistes de la MAP ont soutenu ce recours. Ces confrères ont «exprimé leur soutien aux procédures de recours engagées par des journalistes de MAP portant sur la légitimité de certains membres de la Commission de supervision de ces élections, certaines conditions d’éligibilité et l’exclusion du vote des journalistes de la MAP exerçant à l’étranger», peut-on lire dans un communiqué relayé par l’agence officielle. Réponse de Saâdni: «On ne peut contester le loi instituant le CNP et le mode des élections après l’entame de la campagne électorale». Et d’ajouter: «Nous sommes conscients des limites de ce texte. D’ailleurs, parmi les points inscrits dans notre programme figure la révision de la loi 13-90 relative au CNP». Les deux listes concurrentes ont annoncé «le boycott des élections du Conseil national de la presse et [demandent] leur retrait des bureaux de vote». Seule la liste de Saâdni a réellement mené une campagne électorale avec des meetings dans dix villes marocaines, qui a pris fin sur une rencontre tenue à Casablanca le 20 juin «en présence de 120 journalistes», nous précise Saâdni. Ce dernier se disait «confiant» quant à ce scrutin et assurait même que sa liste «était donnée gagnante», avance-t-il. La liste Saâdni s’appuie sur une alliance de circonstance entre le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et la Fédération nationale du journalisme, de l’information et de la communication (FNJIC), affiliée à l’UMT. «Cette coalition nous permet de rallier une large base de journalistes au niveau régional et national», explique Oudghiri. L’annonce des premiers résultats est prévue le 22 juin en fin de journée. Pour rappel, le CNP est une traduction organisationnelle de l’article 28 de la Constitution qui édicte que «La liberté de la presse est garantie et ne peut être limitée par aucune forme de censure préalable. […] Les pouvoirs publics favorisent l’organisation du secteur de la presse de manière indépendante et sur des bases démocratiques, ainsi que la détermination des règles juridiques et déontologiques le concernant».  

 


Côté éditeurs, 16 candidats pour 7 sièges

Si du côté des journalistes, les jeux sont déjà faits, pour les éditeurs, le vote s’annonce serré. 16 candidats sont lice, dont 13 éditeurs: Saâd Benmansour, Abdelhak Bakhat, Mohamed Selhami, Mahtat Rakkas, Abdelmounim Dilami, Rachid Niny, Noureddine Miftah, Abdelhamid Jmahri, Fahd Yata, Ahmed Sebbar, Khalid Errahmani, Mohamed Al Hajjam et Mustapha Alaoui. Les éditrices sont au nombre de trois: Meriem Moukrim, Nabila Fathi et Fatima Ouriaghli. Le collègue électoral se compose de 76 éditeurs.



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