Theresa May risque une nouvelle fronde parlementaire
La Première ministre britannique Theresa May risque une nouvelle fronde parlementaire cette semaine dans le cadre de l’examen du projet de loi sur le Brexit, qui la contraint à jouer les équilibristes entre pro et anti-UE, au sein même de son parti conservateur.
Les Lords britanniques examinent lundi soir un amendement gouvernemental au projet de loi sur le Brexit avant le retour du texte mercredi devant les députés. Le Parlement veut avoir son mot à dire sur l’accord final de sortie de l’UE, que Londres est en train de négocier avec Bruxelles avant l’échéance du Brexit, fin mars 2019, ce que Theresa May ne semble pas prête à concéder.
La semaine dernière, la cheffe du gouvernement avait réussi à étouffer une rébellion dans les rangs conservateurs pro-UE en faisant mine de faire un geste dans leur direction, en leur promettant qu’ils auraient leur mot à dire. Cela les avait amenés à rejeter un amendement qui aurait donné au parlement un droit de veto sur le résultat des négociations avec Bruxelles. Mais l’amendement de compromis qu’elle a finalement proposé est loin du compte pour les députés europhiles. « Cela nie totalement l’objet de l’amendement, qui était de donner la parole aux députés », a déclaré le conservateur Dominic Grieve, accusant Theresa May d’avoir renié sa promesse. « Nous pouvons faire tomber le gouvernement », dont la majorité parlementaire ne tient qu’à dix sièges, a-t-il averti.
Dimanche, May a affirmé sur la BBC qu’elle avait entendu les préoccupations des députés mais que le Parlement « ne pouvait pas lier les mains du gouvernement dans les négociations » ni « contrer la volonté du peuple britannique, de quitter l’UE ».
Des déclarations qui vont dans le sens des conservateurs partisans d’une rupture franche avec l’UE, qui accusent les europhiles de vouloir dicter au gouvernement la marche à suivre et de chercher, in fine, à s’opposer au processus du Brexit ou à le diluer.
Pour convaincre des bienfaits du Brexit, Theresa May a confirmé lundi une hausse du budget du service public de santé, le NHS, financée en partie grâce aux économies qu’elle compte réaliser avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE: ce budget augmentera de 20 milliards de livres (23 milliards d’euros) par an jusqu’en 2023-2024.
L’un des arguments clefs des partisans du Brexit pendant la campagne du référendum de 2016 sur la sortie de l’UE était que l’argent économisé en quittant l’UE permettrait de renflouer les caisses du NHS, plongé dans une crise liée à son manque de moyens. Mais ce « dividende du Brexit » ne suffira pas, a admis Theresa May. « Les contribuables devront contribuer un peu plus », a-t-elle prévenu dans un discours tenu après la visite d’un hôpital à Londres, affirmant que l’augmentation des taxes se ferait « de manière juste et équilibrée ».
Une annonce critiquée par l’opposition, qui la juge trop faible, comme par l’aile droite du Parti conservateur, favorable à une baisse des dépenses publiques.