Maroc

Gestion des RH : Le secteur privé inspire Benabdelkader

Le rehaussement du rendement des fonctionnaires s’impose pour réussir la très attendue réforme de l’administration publique. Ainsi, le ministère de la Réforme de l’administration entend s’inspirer du secteur privé afin de donner un véritable coup de fouet à la gestion des RH.

Les ressources humaines sont la clé de réussite de tout processus de réforme et de développement. Dans le secteur public, le diagnostic établi est sans appel : les fonctionnaires sont vertement critiqués quant à leurs compétences et rendement. Même le ministre de la Réforme de l’administration et de la fonction publique Mohamed Benabdelkader n’hésite pas, à chaque occasion, de mettre l’accent sur la nécessité de rehausser le rendement des fonctionnaires en vue de réussir la réforme escomptée.  À ce titre, le département de la Réforme de l’administration compte s’inspirer des bonnes pratiques du secteur privé dont la gestion des ressources humaines a été saluée par le souverain lors du dernier discours du trône.

Réforme profonde
Le débat est ouvert. Une rencontre interactive a été tenue hier à l’École nationale supérieure d’administration avec la participation de représentants des secteurs public et privé.
Le ministre de tutelle estime nécessaire de procéder à une réforme profonde afin de changer le modèle actuel. Aussi, faut-il mettre sur les rails le plus tôt possible la très attendue réforme du statut de la fonction publique qui tarde à voir le jour en dépit de sa plus haute importance.  Ajournée à plusieurs reprises, la révision de cette législation, qui remonte aux premières années de l’indépendance (1958) permettra de changer le visage de l’administration marocaine à condition d’opter pour les mesures adéquates. Cette mission ne sera pas tout repos au vu des pressions exercées par les partenaires sociaux. Certains responsables de ressources humaines dans des administrations publiques pointent du doigt le bras de fer exercé par les syndicalistes qui ne permet ni d’atteindre les objectifs fixés ni de faire une évaluation objective des fonctionnaires.

Obligation de résultats
Il est grand temps, de l’avis des représentants du secteur privé, de travailler dans l’administration publique sur la base d’objectifs et d’obligation de résultats afin de rehausser le rendement. Dans ce cadre, le ministre de la Réforme de l’administration veut entamer ce processus par la haute fonction. C’est l’angle d’attaque pour lequel a opté Benabdelkader à court terme pour donner un coup de fouet à l’administration. Sur environ 600.000 fonctionnaires, l’administration publique compte quelque 10.727 hauts fonctionnaires : 33 secrétaires généraux, 400 directeurs centraux, 27 inspecteurs généraux, 2.567 chefs de division et 7.700 chefs de service. Le responsable gouvernemental entend s’inspirer du secteur privé en introduisant quelques nouvelles modalités dans la haute fonction publique comme la contractualisation et la reddition des comptes. Les hauts responsables seront évalués, à l’avenir, sur la base d’objectifs. Concernant ce dossier de la haute fonction, le pdg de CIH Bank Ahmed Rahhou et le représentant de la CGEM Bachir Rachdi pensent qu’il s’avère nécessaire de mettre fin à la procédure actuelle de nomination aux hautes fonctions et de suivre la démarche du secteur privé qui opte plutôt pour des choix ciblés de compétences en interne et en externe. Le débat devra être lancé autour de cette question qui crée la polémique depuis son lancement. Le gouvernement va-t-il pouvoir réformer la législation actuelle ? En tout cas, le débat est lancé en vue d’opter pour les meilleures pratiques. Par ailleurs, un autre sujet est d’une actualité brûlante : la contractualisation. Le gouvernement mise sur ce processus pour dynamiser la fonction publique et compte visiblement aller jusqu’au bout en dépit des protestations des fonctionnaires et des partenaires sociaux. La contractualisation, estime-t-on, pourrait être l’une des pistes des plus importantes de la réforme.  

Réforme des rémunérations
À cela s’ajoute un point important, celui des rémunérations. Faut-il augmenter les salaires des fonctionnaires, comme l’exigent les partenaires sociaux ? Dans le cadre du dialogue social, les augmentations salariales négociées par les syndicats profitent généralement à tous les fonctionnaires. Une situation appelée à changer, selon certains intervenants, en vue de laisser une marge de manœuvre aux ressources humaines des administrations publiques pour encourager la performance. La réforme des rémunérations est l’un des dossiers épineux auquel il faut trouver un terrain d’entente entre les différents acteurs en prenant en considération nombre de critères comme la performance, le mérite, les enjeux de motivation individuels, le renforcement de l’équité et de la transparence…Le nouveau système devra garantir aux fonctionnaires le droit à une rémunération basée sur l’équité contrairement à ce qui se fait aujourd’hui. 



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