Jazz au Chellah 2017 : La Méditerranée à l’unisson

Le Jazz au Chellah a levé le rideau de sa 22e édition ce mercredi 27 septembre, donnant le ton à une édition riche en couleurs et en rythmes du monde. Le Jazz européen et les musiques marocaines sont résolument sur la même longueur d’ondes. Musique!
Pour sa soirée d’inauguration ce mercredi 27 septembre, le Jazz au Chellah a rassuré en promettant une 22e édition riche. Le festival sans prétention, qui mise sur l’art et les joies de la rencontre, accueille cette année encore des grands jazzmen d’Europe et du pourtour méditerranéen!
Le tourbillon catalan
Lorsque le Vincens Martin Dream Big Band fait son entrée, on sait d’emblée que l’expérience va être exceptionnelle. Vicens Martin et son Dream Big Band ont puisé dans la poésie catalane et la richesse de leur culture pour la faire fusionner avec le Jazz contemporain. Il crée ainsi une expérience unique en son genre en Europe. Leur Bible: «Els Fruits Saborosos», recueil de 18 poèmes qui racontent la vie et ses différentes phases: de l’enfance à la vieillesse, en passant par la jeunesse et l’âge adulte, et qui associent les différentes phases à des fruits. Une expérience musicale portée par Vincens Martin, leader, compositeur et guitariste, qui a 15 ans d’expérience dans les arrangements et la direction des Big Bands. Il aura à ses côtés Gemma Abrié, une des grandes voix du Jazz catalan. «J’ai rencontré Vincens Martin il y a 10 ans, le monde du Jazz à Barcelone est très petit», confie la chanteuse au charisme incroyable. Sa voix et l’infinité de possibilités qu’elle lui permet donnent aux poèmes une belle dimension! «J’ai toujours rêvé de chanter en catalan, ma langue natale. Généralement, quand on fait du Jazz, on reprend des standards en anglais. Avec cette formation, je chante du Jazz en catalan et c’est une joie immense», continue la diva catalane qui vient au Maroc pour la première et qui est ravie de l’expérience. Le public aussi.
Le bonheur de la rencontre
Chaque édition du Jazz au Chellah est différente et promet son lot de surprises. Pour son ouverture, le festival a proposé de mixer la musique des Autrichiens de Shake Stew à l’univers andalou de Nabyla Maan. Un cocktail détonnant. «L’entente a été immédiate avec Shake Stew. Ils nous ont envoyé leur musique, on a envoyé la nôtre. On s’est tout de suite entendus», confie la chanteuse à quelques heures de son concert. Aux côtés de son mari et musicien Tarik Hilal, la diva marocaine qui parcourt le répertoire traditionnel andalou à travers le Jazz se sent comme un poisson dans l’eau, dans un festival comme le Jazz au Chellah: «C’est un festival qui me ressemble, qui choisit de brasser les cultures, de proposer des mélanges. C’est ma deuxième fois ici et je suis ravie de pouvoir présenter mon dernier album sur une scène comme celle-ci», continue la chanteuse qui a déjà participé au Jazz au Chellah en 2011. Un moment plein de grâce et de belles ondes où les deux groupes ont proposé une communion parfaite. Les Autrichiens ont excellé dans la musique andalouse-Jazz, les Marocains ont fait vibrer le Jazz particulier de la formation autrichienne. Une rencontre comme on les aime. Une fusion qui fait voyager.
Et ça ne fait que commencer…
Le Jazz au Chellah, c’est quatre jours de concerts et des événements musicaux et culturels dans toutes la ville. Vendredi 29 septembre, le Danemark et les Pays du Benelux seront représentés par deux expériences musicales uniques. En début de soirée, Mathias Heise Quadrillon proposera son FuRo Jazz, un Jazz fusionné avec du Rock et du Funk. En deuxième partie de soirée, Dock In Absolute, un trio belgo-luxembourgeois, poussera les limites du Jazz avec une nouvelle approche progressive signée par un trio de virtuoses. Leur piano, leurs percussions et leur basse seront enrichis par le saxophone du talentueux Axel Camil et des percussions marocaines de Mohamed Amine Bliha, pour une fusion maroco-européenne. La troisième soirée sera dédiée aux extrémités de l’Europe. Dalindéo, groupe de Jazz finlandais qualifié de «mélange délirant de Surf Punk, Hot Jazz, Tango finlandais avec une touche d’Ennio Morricone», proposera un voyage psychédélique porté par six musiciens talentueux. La Finlande cédera ensuite la scène à un tourbillon portugais.
Le trio Maria João, surprenant mariage entre les musiques traditionnelles portugaises et la musique électronique, fera voyager le public, le temps d’un concert et d’une rencontre avec le talent du multi-instrumentaliste marocain M’hamed El Menjra. La clôture du dimanche 1er octobre constituera une véritable épopée à travers le monde, un tourbillon des sens de l’Allemagne à l’Égypte. Gregory Gaynair Trio apportera une touche résolument humaine et brillante au Jazz moderne, suivi du groupe égyptien Eftekasat qui offrira un Jazz oriental, envoûtant et engagé, intégrant des influences balkaniques, africaines et latines. La dernière rencontre promet des étincelles avec l’influence tagnaouite du guembri d’Asmaa Hamzaoui & Bnatt Timbouktou. Une fusion entre le Maroc, l’Europe et l’espace afro-méditerranéen qui marquera cette fin d’édition. En plus des concerts sur site, le festival sort de ses murs et propose de faire vivre Rabat au rythme du Jazz avec des masterclasses, quatre soirées de concerts gratuits à la scène de Bab Mrissa à Salé et une projection inédite du documentaire «Cairo Jazzman» à la Renaissance ce lundi soir.