Emploi : Le défi de la déclinaison régionale
À l’issue de la 1re réunion du Comité interministériel de l’emploi, plusieurs rencontres au niveau régional devront suivre en vue d’impliquer les conseils régionaux dans la concrétisation des mesures anti-chômage au niveau territorial.
La convergence des orientations du Comité interministériel de l’emploi avec les exigences imposées au double niveau régional et local est à l’ordre du jour. La vitalité de la question n’a pas échappé aux départements représentés au sein du comité présidé par le chef de gouvernement et qui devra être concrétisée par l’activation d’une batterie de mesures de la part des conseils régionaux. Avant de mettre en œuvre les orientations stratégiques de la politique de l’emploi, le département de tutelle a lancé un appel à contribution à l’intention d’une multitude d’acteurs pour établir une liste des mesures urgentes qui devraient faciliter l’application du Plan national de promotion de l’emploi.
À l’issue des concertations, la question de la transposition régionale et locale des axes de la stratégie a été hissée en grande priorité. En ligne de mire la généralisation des espaces d’emploi numériques en milieu rural et le développement des services à distance au niveau des villes, des universités et des communes, accompagnée «de la mise en place de programmes régionaux basés sur un dispositif régional de promotion de l’emploi, visant la complémentarité et les synergies des actions des divers acteurs territoriaux», souligne la feuille de route du ministère. La visibilité qui a été donnée aux conseils élus après la réunion inaugurale des travaux du comité réside essentiellement dans le volet relatif à l’encouragement de l’investissement générateur de postes de travail, notamment pour les jeunes diplômés.
Pour le monde rural, la déclinaison régionale devra se faire via la généralisation des espaces d’emploi numériques en milieu rural, alors qu’un niveau urbain le développement des services à distance au sein des villes sera la première mesure à adopter durant la rentrée.
Les pistes préconisées
Les régions devront mettre en œuvre leurs Plans de développement régionaux (PDR) en vue de participer d’une manière significative à l’absorption du chômage. Pour l’instant, les actions arrêtées concernent spécialement les stratégies sectorielles, notamment industrielles, même si les données recueillies au niveau du Parlement laissent dégager la faible participation des métiers mondiaux du Maroc dans l’absorption des contingents des chercheurs d’emploi.
En effet, selon le dernier rapport de la Commission des secteurs sociaux au sein de la Chambre des représentants, le secteur agricole «n’arrive pas à créer des postes de travail stables», précisent les députés qui font référence à l’exiguïté du caractère saisonnier et interrompu des métiers liés aux diverses branches agricoles. Parmi les pistes préconisées, le retour en force de l’État-employeur, via les entreprises publiques, qui est la solution élémentaire de la réforme administrative.
La mission des régions sera davantage compliquée avec la forte présence de l’informel. Il est utile de souligner que le dispositif d’incitation à l’emploi au profit des entreprises, qui s’étale jusqu’à fin 2019, prévoit, dans la limite de 5 salariés, l’octroi pour une durée de 24 mois de plusieurs avantages qui commencent à prendre effet dés le recrutement, essentiellement l’exonération de l’IR du salaire mensuel brut plafonné à 10.000 DH, ainsi que la prise en charge par l’État de la part patronale au titre de la cotisation due à la CNSS et de la taxe de la formation professionnelle. L’entreprise reste, quant à elle, libre de choisir les 5 salariés pouvant bénéficier en même temps des deux avantages qui seront mentionnés par les parties chargées de sa mise en œuvre. Le département de tutelle cherche surtout à pousser les entreprises à recruter selon la formule de contrat de travail à durée indéterminée durant les deux premières années de son fonctionnement, avec la double condition d’ouvrir les droits par la CNSS au profit des recrues, et la déclaration par l’entreprise à l’inspecteur des impôts de la liste des salariés bénéficiant du programme.
La lutte contre le chômage au coeur du dialogue social
La reprise du dialogue social, attendue en septembre, sera dominée par les nouveaux mécanismes de lutte contre le chômage. Plusieurs rapports élaborés, à l’issue des dialogues sectoriels menés par les départements ministériels, forment la base de la nouvelle orientation qui veut assurer aux régions leur rôle de locomotive. Pour leur part, les centrales syndicales, les plus représentatives, sont en voie de préparation d’un mémorandum à l’attention du chef de gouvernement dans lequel plusieurs pistes pour instaurer un dialogue social pérenne sont mentionnées, à côté des mesures destinées à la réduction des disparités salariales.