Anas Sefrioui s’offre les actions Med Paper
Après le désengagement total de la CDG, le producteur national de papier Med Paper accueille Aliken dans son tour de table. La société représentée par Anas Sefrioui détient désormais une capitalisation de 31,52%. Détails.
Comme nous l’annoncions dans notre édition du mercredi 5 juin, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) quitte le tour de table de Med Paper. La Caisse a, en effet, procédé, à travers sa filiale CDG Développement, à la cession de pas moins de 820.931 titres Med Paper, soit une participation d’environ 36%.
Ce désengagement marque le démarrage du nouveau plan stratégique (2017-2022) de la CDG. Le repreneur des actions cédées n’est autre que la société Aliken (promotion immobilière) représentée par Anas Sefrioui. Celui-ci s’est ainsi offert 814.037 actions Med Paper au cours moyen pondéré de 28,64 DH franchissant à la hausse les seuils de participation de 5%, 10% et 20% dans le capital.
Suite à cette transaction de 23 MDH, la société Aliken détient une participation de 31,52% dans le capital de l’industriel, ce qui veut dire que Med Paper évoluera désormais sans aucun institutionnel dans son tour de table. La société – si la famille ne décide pas de rassembler l’ensemble de ses participations – dispose d’un actionnariat assez éclaté et d’un flottant important de 36,8%. D’après certains analystes, les actionnaires minoritaires s’attendent à la décision du clan Sefrioui de lancer ou pas une offre publique sur le flottant, de manière volontaire ou obligatoire. Il serait d’ailleurs possible de procéder à un recours auprès de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) en donnant des gages sur les intérêts des minoritaires et sur la gouvernance et la gestion de l’entreprise. Pour l’autorité de marché, la question n’a pas lieu d’être puisque la société Aliken s’est engagée sur les douze prochains mois à arrêter ses achats sur la valeur Med Paper. De son côté Aliken, – société inconnue du grand public – précise dans un communiqué que la transaction est d’ordre purement financier sans implication dans les organes de gouvernance ou dans la gestion opérationnelle. Sachant que cette prise de participation s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement de la société.
Pour rappel, l’industriel affiche un chiffre d’affaires, au terme de l’exercice 2016, de 88 MDH, en recul de 46%. Le reste des indicateurs se positionnent essentiellement en territoire négatif. La société enregistre certes, un résultat opérationnel en amélioration mais se place tout de même à -22,2 MDH. Le résultat net s’est, quant à lui, creusé de 9 MDH pour passer de -20,3 MDH à -29,1 MDH en 2016. Même le report à nouveau reste déficitaire et dépasse les 450 MDH pour un capital social de 258 MDH. Néanmoins, la société pourrait reprendre son souffle dès cette année. Med Paper a obtenu gain de cause face aux fortes importations de papier en rames ou en bobines qui ont mis à mal l’ensemble de la branche nationale. À partir du 1er janvier 2017 et pour les 4 prochaines années, ces importations de papier seront taxées d’un droit additionnel ad-valorem de 25%. Cette mesure de sauvegarde fait ainsi suite aux demandes de Med Paper. Il faut dire que la situation devenait très critique pour toute la profession.
Les importations issues des pays européens (Espagne, Portugal, France, Finlande, Suède et Allemagne), mais aussi de l’Égypte ont enregistré une augmentation spectaculaire à partir de 2011. Med paper, l’un des principaux opérateurs du secteur, a connu depuis une dégradation notable de ses indicateurs, matérialisée par la chute du niveau de la production, des ventes en volume et en valeur, du taux d’utilisation des capacités de production ainsi que de sa part de marché. En bourse, Med Paper a perdu 32,74% de sa valeur depuis 2012. Aujourd’hui, après l’annonce d’Aliken, le cours a bondi de 9,97% pour s’échanger à 32 DH.