Commercialisation : Comment valoriser les produits du terroir
S’ouvrir sur les marchés, national et international, est le plus grand défi des produits du terroir dont le succès dépend d’une stratégie bien ficelée.
Qui dit produits du terroir, dit régions enclavées et reculées. Et des populations vivant dans une situation précaire. Ceci confère à ces produits une dimension sociale et solidaire très importante car du succès de ces produits dépend souvent le salut d’une partie de ces populations. Or, pour plusieurs raisons, le marché national n’est plus à même de contenir une production de plus en plus structurée et valorisée. Au Maroc et à l’étranger, la commercialisation des produits du terroir dépend de plusieurs éléments enchevêtrés et complexes. Le prix, la formation des membres des coopératives, l’accès aux foires et aux salons, les charges, les aléas climatiques, etc. Autant d’éléments qui influent sur la commercialisation. Il s’agit aussi de défis et d’obstacles que les coopératives tentent de relever autant que possible. Les mesures entreprises dans le cadre du Plan Maroc vert (PMV) tracées par la feuille de route de la stratégie du développement des produits du terroir ont été efficaces. Ainsi, le chemin parcouru par les coopératives pour une meilleure commercialisation de leur production est notable bien qu’un travail colossal reste encore à accomplir. En attestent les différents témoignages des membres des coopératives marocaines. À plusieurs occasions, ceux-ci évoquent la commercialisation comme étant la plus grande difficulté rencontrée dans leur activité.
Ouverture sur le marché
Au Maroc, les produits du terroir sont connus pour répondre à des normes de qualité en progression continue. Si cet élément, à double tranchant, permet de leur conférer une bonne image, il influe sur le prix et limite, de ce fait, leur expansion commerciale sur le territoire national. Il ne s’agit pas là du seul défi auquel les membres des coopératives font face. En effet, bien que l’organisation des salons du terroir ait connu une grande expansion, elle ne permet que le déclenchement d’un processus de commercialisation, qui s’interrompt parfois à cause du manque de suivi. Sans omettre l’apport très positif de la participation aux foires nationales, le nombre grandissant de coopératives et des GIE, en minimisent l’impact. Le même constat vaut pour les salons internationaux. En effet, la participation à ces salons est limitée à quelques représentants des différentes filières du terroir, ce qui reste logique, compte tenu des frais que cela engendre et les conditions d’accès mises en place par les organisateurs internationaux. En tout cas, la participation aux événements nationaux et internationaux est sans aucun doute un des piliers du développement de la filière. Quoique ses retombées positives soient indirectes.
Feuille de route et essor de la filière
La feuille de route définit les modalités de production pour toutes les filières du terroir. Des orientations générales ont ainsi été fixées afin de permettre à ces filières de s’épanouir et de se développer. Cela va de l’optimisation de la ressource en eau au caractère solidaire que doivent revêtir tous les projets œuvrant dans le domaine du terroir. Dans certains cas, le soutien qu’offre l’État va jusqu’à la mise en place d’infrastructures dédiées à la valorisation de certains produits. En effet, le ministère de l’Agriculture offre aux petits agriculteurs, organisés dans les coopératives, des unités de production de toute sorte et c’est dans ce même cadre qu’une bourse de safran a été mise en place dans la région de Taliouine pour rassembler les récoltes, maîtriser les prix et permettre aux agriculteurs de commercialiser leur production dans les meilleures conditions.
Le safran, exemple d’une filière atypique
La filière du safran est une filière particulière. Les conditions spécifiques de la culture de cette fleur, de sa récolte et de sa commercialisation sont connues pour être des plus difficiles. Cette réalité est d’autant plus exacerbée par la concurrence déloyale causée par l’importation illégale du safran iranien. Pour y remédier, le PMV lui a donné une grande importance et l’élan insufflé par la stratégie de développement de cette filière lui a permis de développer la surface cultivée qui est passé de 300 hectares avant la mise en œuvre du PMV à 2.300 hectares fin 2016. L’agrandissement des parcelles cultivées est devenu ainsi le premier souci des agriculteurs. Cela a permis, d’un côté, d’améliorer les revenus des agriculteurs et de limiter d’un autre côté le rôle très négatif des intermédiaires. En matière de commercialisation, le développement de la surface cultivée donne plus de valeur au travail d’agrégation des récoltes par les coopératives et les groupements d’intérêt.