Formation du gouvernement : Les raisons du blocage selon l’USFP
C’est via un éditorial publié dans les colonnes du quotidien arabophone Al Ittihad Al Ichtiraki du parti de la rose, que l’USFP a choisi de détailler sa position concernant le retard pris dans les négociations pour la formation du gouvernement. Le parti décline ses recommandations pour sortir de l’impasse. Décryptage…
Après les deux récentes sorties médiatiques de Benkirane durant lesquelles le Chef du gouvernement désigné s’est fixé un délai pour mettre un terme à la stérilité des concertations, l’USFP réagit. Pour la première fois, le parti qui a remporté la présidence de la Chambre des représentants détaille les raisons de l’échec des pourparlers, et trace des propositions pour inciter Benkirane à prendre une autre direction dans ses négociations avec les cinq partis concernés. Après de cinq mois environ de blocage, «seule la logique d’un partenariat conscient des principes de légitimité, de crédibilité et daction politique conjointe permet d’aboutir à un gouvernement fort et homogène», indique l’éditorial publié sur le journal du parti.
L’USFP estime que la réactivité du souverain dans la nomination de Benkirane en tant que leader du parti vainqueur n’a pas été suivie par le chef de gouvernement désigné dans la constitution d’une majorité confortable, critiquant par là «la lenteur» qui a marqué ce processus.
Le parti de la rose reproche à Benkirane d’avoir «failli à sa responsabilité politique» et de n’avoir pas garanti au processus de négociation toutes les conditions nécessaires à sa réussite, dans un climat de dialogue participatif. Concernant la situation actuelle, l’USFP estime qu’elle est caractérisée par la prédominance de deux idéologies: l’une de leadership «cantonnée dans une logique de chiffres» et l’autre d’ouverture, «qui dépasse toute notion de chiffres», mais qui s’est noyée dans un dialogue de sourds entre les différents acteurs des négociations.
Loin des chiffres…
La seule issue demeure, selon le parti de la rose, celle de la démarche participative. Pour remettre le train sur les rails, l’USFP estime que la tâche de Benkirane lui impose de maîtriser les outils de négociation, mais avant cela, d’instaurer un climat de confiance et un contexte d’interaction positive. Outre «la préservation de bonnes relations avec les parties aux négociations, l’adoption d’une approche multidimensionnelle est la seule voie qui permettra d’aboutir à des compromis ainsi qu’à l’acceptation des divergences de visions», est-il indiqué. Le meilleur moyen à Benkirane est, selon l’USFP, de «pouvoir atteindre l’équilibre entre les déterminants de l’identité partisane, le débat interne d’une part et l’engagement pris dans le cadre d’une alliance et surtout l’exigence de protéger le secret des négociations». L’éditorial de l’USFP constate, enfin, que la logique de la compétition a primé durant toutes les étapes de négociation, ayant fait rater jusque-là au PJD «les chances d’aboutir à un accord, dans un schéma où la coopération est inexistante». Le parti de la rose estime par ailleurs que l’échec des pourparlers ne pourra être dépassé que si le chef de gouvernement arrive à mettre de côté «la logique arithmétique».
La porte des négociations toujours entrouverte
En dépit des constats des dirigeants du parti de la rose sur le gel des négociations, ceux-ci ne tranchent à aucun moment sur une fin des pourparlers et n’évoquent pas non plus la coalition derrière laquelle ils se sont retranchés depuis fin novembre 2016, considérée comme à prendre ou à laisser. C’est, par contre, un appel au changement d’attitude politique qui est lancé au chef de gouvernement désigné. Le feu vert accordé par le bureau politique au SG du parti pour poursuivre le dialogue est quant à lui toujours valable, dans la perspective de tenir un dernier round de pourparlers qui sera, cette fois-ci, décisif. Pour rappel, lors de sa dernière réunion, la plus haute instance décisionnelle de l’USFP avait déclaré attendre une offre de la part de Benkirane.