Casablanca : La circulation, une gestion complexe
Les multiples projets d’infrastructures que connaît la ville de Casablanca donnent du fil à retordre aux équipes de la police de la circulation. Une organisation rationnelle, l’anticipation et l’expérience permettent aux équipes de la police d’assurer la gestion du trafic routier. En phase d’étude, un projet de boucle à sens unique permettrait, une fois validé, de décongestionner le centre-ville.
Casablanca est devenue, depuis quelques années, un chantier à ciel ouvert. Les Casablancais le voient. Les automobilistes, surtout, en subissent les conséquences, conscients, logiquement, de l’apport positif futur de ces grands projets. La nouvelle trémie de la route d’El-Jadida, l’extension de la première ligne du tram et la construction de la deuxième, le Super collecteur ouest (SCO) et le pont à haubans de Sidi Maârouf, pour ne citer que ces chantiers, donnent pour l’instant du fil à retordre aux équipes de la police de la circulation de Casablanca. De surcroît, l’augmentation phénoménale du nombre de véhicules – d’aucuns avancent le chiffre de deux millions – rend la gestion de la circulation plus ardue. Mais pas impossible. Pourquoi ? Les responsables de la circulation à Casablanca nous livrent ici leurs secrets. Entre anticipation, collaboration étroite avec les autres autorités et les opérateurs économiques, études de différents genres et travail quotidien acharné, les responsables de la circulation arrivent à tenir le rythme effréné du trafic routier casablancais. Immersion dans les rouages de cette machine.
Organisation particulière
D’emblée, Rachid Mizhar, chef-adjoint du groupement préfectoral de la circulation à Casablanca aborde le côté positif. «Les Casablancais deviennent de plus en plus tolérants malgré les contraintes causées par les travaux des projets. Il faut souligner que certains projets durent plusieurs années», dit-il. À Casablanca, et plus précisément, depuis cinq ans, les chantiers pullulent dans les préfectures de la ville. À Anfa, la circulation transcende l’aspect crucial de la mobilité urbaine et devient un facteur de développement économique. Comment ? Cœur battant de la ville, cette préfecture est non seulement un grand centre commercial, mais abrite aussi les locaux de l’administration et les plus grandes entreprises. C’est la raison pour laquelle les artères de cette préfecture sont saturées presque en permanence.
La journée commence par une réunion du chef-adjoint du groupement préfectoral de la circulation avec les commandants de circulation des préfectures. Le but étant d’étudier de près le suivi des grands chantiers qui perturbent le trafic où, le cas échéant, de préparer des événements particuliers. Purement collégial, ce rendez-vous matinal sert surtout à coordonner les mesures prises au sein de la ville et par chaque commandement préfectoral. «Chaque préfecture possède ses propres spécificités et problèmes. Nous essayons de traiter ce volet dans un meeting hebdomadaire où nous étudions la problématique des points noirs dans le cadre du nouveau groupement préfectoral de la circulation, créé en juin 2016», nous précise Mizhar.
Anticipation, le mot à retenir !
«Notre rôle consiste à anticiper», martèle Mizhar. Dans une ville qui abrite 40% du parc automobile marocain, anticiper les couacs est salutaire. «Il ne faut pas attendre les heures de pointe pour agir, sinon ça ne servirait à rien. Nous mettons donc en place une organisation rationnelle d’avance pour absorber la pression du trafic», nous explique-t-il. Au sein des commandements préfectoraux, l’appel du rassemblement est donc effectué par le commandant dès six heures du matin. Il s’agit d’une phase charnière de la gestion de la circulation au sein de la ville. «Cet appel sert à transmettre aux équipes des informations cruciales comme les points noirs, les travaux et les voies de contournement en cas de nécessité. Ces dernières sont généralement mises en place avant le début des travaux», nous précise Rachid El Haifouf, commandant de la circulation à Casa-Anfa. Dans ce genre de situation, c’est en revanche au chef du bureau d’études qu’incombe la responsabilité de coordonner avec les entreprises en charge des travaux. Cela permet de mettre en place des issues de contournement et les signalisations nécessaires dans le cas de fermeture de certaines artères. La Commission de la circulation, qui se tient aux préfectures, a le rôle de préparer le terrain aux travaux. Au sein de cette commission, le rôle des responsables de la police de circulation est tout sauf protocolaire. Il consiste à présenter l’impact secondaire des travaux sur la circulation. «Cette commission pluridisciplinaire étudie toutes les facettes des projets. Cela nous arrive de faire des visites de terrain afin de prendre des décisions en connaissance de cause», précise El Haifouf. «Bien évidemment, nous comprenons les contraintes techniques des entreprises mais cela nous arrive d’imposer la réduction de la durée des travaux», souligne Said El Mahnaoui, chef du bureau d’études à Casa-Anfa. «Notre avis compte car il s’agit de la mobilité des citoyens», acquiesce El Haifouf.
Une boucle à sens unique à Casablanca ?
Cela est non seulement possible, mais risque d’être une réalité bientôt. En effet, les responsables nous révèlent l’existence d’une étude technique réalisée par un cabinet privé pour le compte de la wilaya. Il s’agit d’un circuit à sens unique qui permettra de fluidifier la circulation dans le centre-ville. Ce circuit commence à la Place de la victoire, passe par l’avenue Lalla Yacout, le boulevard de Paris, la rue d’Alger, le boulevard Rachidi, le rond-point Mers Sultan et le boulevard Rahal El-Meskini, où la boucle serait fermée à la place de la Victoire. «La nouveauté dans ce projet, en attente de validation, est qu’il contiendra un passage dédié aux taxis et aux autobus», précise Mizhar. En tant que mesures parallèles, les rues mitoyennes à cette boucle seraient aménagées de manière à fluidifier la circulation autour de ladite boucle. «Notre rôle dans ce projet est de donner des recommandations pour orienter le travail des ingénieurs. Nous sommes des hommes de terrain et notre expérience nous permet de donner à l’étude technique plus de chances d’être faisable», explique El Haifouf.
Assertivité, une qualité indispensable !
Techniquement, tous les projets en cours, y compris le parking de la place Nevada seront bénéfiques pour la ville de Casablanca car ils permettront de décongestionner la ville. À l’heure où Casablanca s’agrandit et où sa population se multiplie, chaque projet est important. Importante, également, est l’attitude de nos responsables de faire valoir leur savoir-faire en tant qu’hommes du terrain. «À titre d’exemple, il a fallu une décision collégiale, pour éviter que le passage de l’autoroute de Rabat vers la route de Nouaceur soit fermé. Nous avons évité de justesse une grande congestion dans cette zone», déclare El Haifouf. Dans certains points noirs, il est parfois nécessaire de positionner plusieurs éléments afin de pouvoir gérer le flux. Par ailleurs, dans certaines problématiques comme celle de l’embouteillage causé par les parents d’élèves devant les écoles privées, la solution adoptée est tout autre : la sensibilisation.
Dans ce cas, le civisme serait une solution mais relève, semble-t-il, d’un changement plus difficile à réaliser que la gestion de la circulation elle-même.