Rachid Belmokhtar : «L’école n’est pas un champ de bataille idéologique»
Le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, Rachid Belmokhtar, a souligné, dans un entretien publié ce lundi sur le site français «Le Monde Afrique» qu’il serait absurde au Maroc de créer un conflit artificiel entre professeurs de philosophie et d’éducation islamique, estimant qu’il faut au contraire créer des ponts entre eux.
Le ministre a déclaré également que l’école n’est pas un champ de bataille idéologique et ne doit pas en être l’otage.
«Avant les dernières législatives, nous avons envoyé une circulaire à tous les directeurs d’établissements pour leur rappeler que l’école est un lieu neutre, où il n’y a pas de place pour les idéologies politiques», a-t-il dit.
Répondant à la polémique sur les manuels d’éducation islamique, Belmokhtar a expliqué que durant toute l’année 2016, le Maroc a mené une réforme globale des programmes et des manuels de l’éducation islamique.
«C’est un travail important que je ne laisserais pas mépriser. Il est possible que le curriculum actuel présente quelques imperfections, mais cela reste marginal», a-t-il affirmé, relevant que seul un manuel sur 29 a été évoqué.
«On aurait pu s’attendre, de la part de ces professeurs, à une attitude plus en phase avec leur discipline et avec la culture du débat. Malheureusement, on est passé tout de suite à la polémique, aux sit-in, puis à l’exigence de retirer le manuel», a-t-il déploré.
Pour le ministre, «les auteurs du manuel en question ont présenté deux points de vues. Le premier explique que la raison est un élément fondamental de la foi, ce qui est une position favorable à la philosophie. Puis, il y a cette citation hostile à la philosophie. Il est demandé au professeur d’ouvrir une discussion avec les élèves. Suite à quoi, l’évaluation porte sur la capacité à débattre, dans une vérité qui se discute et qui se construit. Or, la citation a été détachée de ce contexte et présentée comme étant la définition que donne l’école marocaine de la philosophie, ce qui est totalement faux», a insisté le ministre.
Rappelant que dans les années 60, une préférence a été accordée à l’éducation islamique par rapport aux sciences humaines, Belmokhtar a indiqué que ce n’est plus le cas aujourd’hui où la philosophie est enseignée pendant les trois années du lycée, de deux à quatre heures par semaine selon les filières.
«En plus des thèmes abordés dans les programmes scolaires dans le monde occidental, l’école marocaine offre un spectre plus large en introduisant les philosophes du monde musulman. Arrêtons de mépriser ceux qui sont dans la classe, tant les enseignants que les élèves. Les méthodes ont changé et nous avons rompu avec l’apprentissage par cœur», a-t-il conclu.