Maroc

Une guerre fratricide au PSOE plonge le pays dans l’incertitude

La guerre intestine qui secoue le parti socialiste retarde la formation d’un gouvernement mais profite pleinement au PP qui devrait compter sur une abstention des socialistes pour former son gouvernement minoritaire.

La situation politique espagnole n’est pas prête de s’arranger. Une tempête dévastatrice vient de frapper le parti socialiste, le PSOE, le premier parti de l’opposition et la deuxième force politique en Espagne durant les dernières élections de juin dernier. Le parti, qui tenait entre ses mains le sort du prochain gouvernement, a fini par faire un étalage public des différences qui le rongent de l’intérieur. Les barons du PSOE, menés par l’ancien premier ministre Felipe Gonzalez (photo), veulent que les députés du parti optent pour une abstention lors du vote de confiance au Parlement, afin que Mariano Rajoy forme son gouvernement minoritaire.

Leur objectif est de faire sortir le pays de cette impasse, arguent-ils. Or, le secrétaire général du parti, Pedro Sanchez, lequel a échoué à former un gouvernement au lendemain des premières élections organisées en décembre dernier, insistait sur un refus d’opter pour l’abstention. Sanchez était convaincu qu’un gouvernement de gauche est possible pour mettre fin au règne de la droite et les scandales de corruption qui ont récemment secoué le pays. Or, ce gouvernement rêvé par Sanchez n’est envisageable que grâce à une alliance avec Podemos et les séparatistes catalans. Bémol, ces derniers réclament un référendum pour statuer sur le sort de la Catalogne au sein de l’État espagnol. Et certains dirigeants du PSOE refusent de «fracturer» le pays en acceptant le défi séparatiste catalan.

La démission de 17 membres de l’équipe dirigeante du secrétaire général du PSOE pour faire du forcing sur Sanchez a entraîné sa démission, durant une houleuse réunion, samedi dernier, du plus haut organe dirigeant du parti. Sanchez a rendu le tablier après un vote secret où il était question de choisir entre l’organisation dare-dare d’un congrès extraordinaire où les militants choisissent la voie à adopter, ou la mise en place d’une direction provisoire et le départ de l’actuel secrétaire général. Après la victoire du report du congrès extraordinaire et, de facto, la démission du SG, les militants socialistes ont accusé les barons de mener un coup d’État au sein du PSOE pour faciliter l’arrivée d’un gouvernement mené par Rajoy. Quant aux barons du PSOE, ils nient vouloir offrir sur un plateau d’argent le gouvernement au PP, et accusent l’ancien SG de semer la division au sein de la formation socialiste. Or, bombant le torse et réconforté d’avoir acquis l’abstention des socialistes, Rajoy a laissé entendre qu’il exige des garanties du PSOE pour ne pas lui mener la vie dure durant son mandat et non pas une simple abstention. Le PP menace même de refuser l’offrande des socialistes et dit préférer des élections, les troisièmes en moins d’un an. Alors qu’auparavant, tout l’appareil du PP accusait l’ex-secrétaire du parti socialiste de bloquer le pays en refusant l’abstention durant l’investiture.

Face à un rival agonisant, le PP de Rajoy se sent dans une situation plus que confortable, voire jubilatoire, mais le temps presse. Avant le 31 octobre prochain, le PP et le PSOE doivent s’entendre et sceller un accord permettant à Rajoy de rempiler. À défaut de pacte entre les deux premières formations, le congrès des députés sera dissout automatiquement et de nouvelles élections seront programmées, probablement en décembre prochain. C’est ce scénario qui effraye le plus le PSOE. Fracturé par les guerres fratricides, sans leader visible, et avec des militants en rogne contre les barons qui tirent les ficelles, le parti de la rose espagnole est conscient que sa débâcle sera historique et profitera pleinement à son nouveau rival Podemos. Quant au PP, qui rit sous cape, il s’attend à obtenir une majorité absolue et gouverner en électron libre. Le show continue ! 



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