Volvo S90 : Le chic, façon swedish
Le nec plus ultra suédois a un nom : Volvo S90. Une grande berline au style sobre et au confort sublimé par une présentation intérieure très flatteuse, ainsi qu’un contenu technologique conséquent. Jamais une suédoise n’avait constitué une si belle alternative aux références allemandes. Compte-rendu détaillé d’une première prise en main effectuée sur diverses routes de la Costa del Sol.
Bousculer les codes et occuper une place de choix dans le club très fermé des grandes routières premium. Voilà précisément ce que cherche Volvo avec sa dernière création : la S90. Une berline révélée en début d’année, puis exhibée dans différents salons (Detroit, Genève, Casablanca…), avant d’entamer sa carrière commerciale internationale. En attendant sa disponibilité dans nos contrées, prévue pour les semaines à venir, nous avons eu l’occasion d’essayer cette suédoise sur des parcours suffisamment longs et variés pour se faire une idée précise de ce qu’elle vaut. D’emblée, il apparaît clairement que le constructeur suédois a voulu faire quelque chose de différent et en tout cas d’assez original dans un segment réputé pour avoir des clients un tantinet conservateurs. Une façon de dire que les acheteurs de la Volvo S90 ne seront assurément pas des suiveurs.
Une belle silhouette
Estepona, petite station balnéaire de la Costa del Sol. C’est là que quelques médias de la presse mondiale (dont Les ÉCO) ont été conviés pour les essais-presse internationaux de cette nouvelle Volvo. À notre arrivée à l’hôtel, surprise : la S90 trône au beau milieu du lobby, telle une œuvre d’art. L’occasion pour nous comme pour d’autres de la contempler sur tous les angles. Vue de face, l’auto est incontestablement une réussite. Son regard fort et expressif, la S90 le puise dans un ensemble aux composantes savamment dosées : une lame courant sur toute la largeur du bouclier, une calandre verticale et proéminente, puis surtout des projecteurs uniques par leur graphisme intérieur en forme de «T» horizontal. Des éléments de style que la S90 semble avoir hérité du nouveau XC90. Logique, puisque ces deux modèles partagent la même plateforme technique. Malgré un toit arqué et une lunette fortement inclinée, le traitement infligé à la partie arrière aboutit sur une poupe moins fluide et visuellement lourde. Une lourdeur due à la forme des feux, conjuguée à une malle haute et montée sur un porte-à-faux long. Revers positif de la médaille, cette même malle à ouverture motorisée abrite une soute à bagages de 500 litres. Un volume suffisant pour avaler plusieurs grandes valises.
L’art de recevoir, à la suédoise
On s’en doutait bien : la S90 sait accueillir ses passagers que ce soit en termes de confort ou de présentation. Cela devient une certitude dès que l’on s’installe à son bord. À eux seuls, les sièges avant laissent penser que l’ingénierie de Volvo a déposé une kyrielle de brevets et fait appel à des orthopédistes, tant ils intègrent des réglages en tous genres et dans touts les sens. Outres les ajustements de la hauteur et de l’inclinaison, ainsi que les fonctions chauffage et ventilation, ces mêmes sièges offrent aux occupants avant une longueur d’assise extensible, un support lombaire et des rebords de dossier réglables, ainsi que tout un programme de massage (petites pressions, effet rouleau…). Un confort sublimé par la noblesse des matériaux, avec un somptueux cuir surpiqué, quelques inserts en aluminium poli ici et là ou encore des boiseries recouvrant partiellement la planche de bord et les garnitures intérieures des portes. L’atmosphère se veut épurée, lumineuse le jour et feutrée une fois la nuit tombée grâce à un éclairage d’ambiance aux couleurs modulables. À l’arrière, l’espace est remarquable pour une berline de cette catégorie. Les passagers de la banquette prennent non seulement leurs aises au niveau des jambes, mais règlent aussi leur température grâce à un module digital de climatisation. Bref, un confort total.
Une panoplie de sophistications
Élément phare et central du poste de conduite, la tablette tactile concentre l’essentiel de tous les réglages et fonctionnalités disponibles. De la climatisation à la navigation, en passant par l’autoradio et l’interface à connectivité étendue dite Volvo Sensus (avec un hot spot pour avoir internet en voiture)… tout se règle en quelques pressions d’indexe. En bonne routière premium, la S90 frappe fort en matière de sophistications de confort et de sécurité, allant parfois un cran au dessus de l’ordinaire.
À titre d’exemple, l’affichage tête-haute est réglable sur le pare-brise, l’installation audio signée Bowers & Wilkins compte 19 haut-parleurs et le régulateur intelligent de vitesse (et de distance) est couplé à une série de fonctions (freinage d’urgence autonome en ville et sur autoroute, détecteur de piétons d’animaux et de cycles, lecture des panneaux de signalisation…). Fin du fin et encore rare dans ce segment, un module de conduite semi-autonome figure dans la panoplie des friandises high-tech que propose la S90 (lire encadré). Baptisé Pilot Assist, ce dispositif assure temporairement la direction du véhicule, mais impose au conducteur de conserver ses mains sur le volant. Une nécessité voulue par le constructeur suédois, dans l’absence et l’attente d’une réglementation claire sur la responsabilité en cas d’accident impliquant un véhicule à conduite automatique. Rien d’étonnant puisque la technologie avance souvent plus vite que la loi.
Impériale sur la route
Pour cette première prise en main, Volvo nous a proposé un trajet d’environ 2 heures au volant d’une version T6. Comme toutes les autres motorisations de la S90, cette version essence de 320 ch de puissance (et 400 Nm de couple) s’anime d’une quatre-cylindres de 2.0 l de cylindrée, dotée de la suralimentation et d’une boîte automatique à 8 rapports. Dès les premiers tours de roues, le vaisseau amiral de Volvo régale par son agrément de conduite et son toucher de route. Le confort des suspensions (pneumatiques) distillé par la S90 est du meilleur niveau et les différents réglages (modes Normal, Confort, Eco et Sport) font qu’elle s’adapte à tous les styles de conduite.
Il est d’ailleurs étonnant de constater comment le comportement du véhicule change lorsqu’on active le mode Sport. L’amortissement gagne alors en fermeté, tandis que le T6 monte plus dans les régimes et offre plus de répondant, ainsi qu’une sonorité un brin sportive. Super ! Mais qu’en est-il de la S90 en motorisation diesel ? Il nous a fallu attendre le lendemain pour en savoir plus, au volant de notre deuxième modèle d’essai, la version D5 qui, elle, développe moins de puissance 235 ch, mais plus de couple que la T6, soit 480 Nm.
Première remarque des plus flagrantes : l’insonorisation de ce moteur est tout simplement l’une des plus discrètes dans toute l’industrie automobile ! Le plus bluffant dans l’histoire, c’est de voir comment ce diesel parvient à «gommer» le poids non négligeable de cette berline (plus de 1.8 tonne) dont le gabarit reste assez imposant (4,96 m de long). Cet agrément de conduite découle d’une innovation brevetée par les ingénieurs de Volvo : le système «Power Pulse». Il s’agit d’un petit réservoir qui comprime l’air et l’injecte (toujours sous pression) dans la ligne d’échappement pour accélérer la mise en rotation du turbocompresseur et ainsi en réduire le temps de réponse. Voilà comment cette version diesel (D5) offre des reprises digne d’une sportive essence ou presque !
Au terme de ce test-drive, la nouvelle grande berline de Volvo nous aura marqués par son efficacité routière et son confort de conduite. En étant incontestablement l’une des meilleures grandes routières du moment, la S90 constitue une belle alternative aux berlines germaniques, surtout qu’elle s’aligne avec cette concurrence sur le plan tarifaire, avec des prix allant de 560.000 à environ 700.000 DH. À coup sûr, cette suédoise en donne largement pour son argent.
Volvo Pilot Assit : Une petite longueur d’avance
Sur tous les marchés où elle sera commercialisée, la Volvo S90 pourra disposer (de série) d’un module de conduite semi-autonome. Baptisé «Pilot Assist», ce dispositif est capable de corriger tout en douceur la trajectoire de la voiture, de façon autonome et jusqu’à une vitesse de 130 km/h. Concrètement, ce système recourt à tout un arsenal constitué de capteurs et de radars, mais aussi et surtout plusieurs caméras à savoir, celle frontale (placée en haut du pare-brise) et celles nichées autour du véhicule qui servent aussi pour la vision panoramique lors des manœuvres de stationnement. Grâce à cet ensemble, l’auto parvient à suivre le marquage au sol afin de se maintenir automatiquement dans sa file, ce qui permet au conducteur de lâcher le volant, mais seulement temporairement. En effet et après une trentaine de secondes de pilotage autonome, le «Pilot Assist» renvoie une alerte sonore avant de se désactiver. En d’autres termes, la S90 est équipée d’un volant dont on est encore prié de tenir. Cependant, il n’en demeure pas moins que ce système autorise au conducteur des trajets autoroutiers beaucoup moins fatigants. De ce fait et face à la concurrence, Volvo a franchi une première étape décisive dans la course à la voiture autonome.