La ville marocaine de demain en question
Lors d’un séminaire co-organisé par la Fondation Attijariwafa bank et l’École Mohammadia d’Ingénieurs, les experts ont notamment déploré la naissance de villes sans harmonie. Ils ont préconisé par ailleurs un retour au modèle des «médinas».
Repenser les villes en intégrant les contraintes liées à l’efficacité énergétique, à la préservation de l’environnement, à la mobilité urbaine, à la sécurité, à la qualité de vie de manière générale. C’est le but du séminaire co-organisé par la Fondation Attijariwafa bank et l’École Mohammadia d’Ingénieurs de Rabat sous le thème : «Les défis de la ville de demain : qualité de vie, urbanisation, sécurité et mixité sociale», jeudi 28 avril dernier.
Cette rencontre, la 18e du genre du cycle «Échanger pour mieux comprendre» incité par la Fondation, a réuni en plus du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi, au moins 5 experts engagés dans la réflexion sur le sujet, plusieurs personnalités du monde universitaire ainsi que plus de 400 étudiants. Prenant la parole au nom de Mohamed El Kettani, président-directeur général du groupe Attijariwafa bank, Saloua Benmehrez, directeur exécutif du groupe Attijariwafa bank en charge de la Communication du groupe et de la Fondation Attijariwafa bank, a expliqué l’intérêt du choix de cette thématique en rappelant «le rythme effréné de l’urbanisation que connaît le Maroc». Une problématique qui, selon elle, «appelle une analyse et une compréhension des transformations matérielles et immatérielles qui guettent nos villes, afin de mieux les anticiper». À ce propos, le premier temps fort de cette rencontre a consisté à dresser un état des lieux de la ville marocaine.
Cette étape a permis de dégager un constat inquiétant, les villes marocaines souffrent de plus en plus d’une absence de vision et d’harmonie entre les quartiers. Une situation qui, selon tous les experts présents au séminaire, est due à deux contraintes majeures : l’existence d’un arsenal juridique contraignant, notamment les plans d’aménagement urbains qui tuent la créativité et la prédominance de la «vision lotissements». Pour corriger ces défaillances, les intervenants préconisent le retour à un projet urbain pour chacune des villes axées sur «l’homme» comme ce fut, selon eux, le cas des anciennes médinas, un modèle de sociabilité et de qualité de vie.
Dans cette perspective, les panélistes ont dégagé quelques enseignements phares à partir des deux expériences pilotes que sont l’éco-cité de Zenata et la ville verte de Mohammed VI de Ben Guerir. Ainsi, ils ont souligné la nécessité de définir un positionnement clair de la ville, notamment en recommandant l’adoption d’une démarche systémique, en traitant de manière concomitante tous les aspects de la ville (politique urbaine, énergie, mobilité), afin de veiller à la cohérence de la vision urbaine. Une vision qui, selon les intervenants, doit être partagée par l’ensemble des parties prenantes de la ville (autorités locales, société civile, entreprises et citoyens) dans un esprit participatif.
Enfin, les experts ont insisté sur la création de plusieurs centralités urbaines pour favoriser l’émergence de quartiers autonomes où il fait bon vivre et travailler. Toute une démarche qui, selon eux permettra à la ville de demain de s’adapter au citoyen, d’être modulable, tout en instituant une communication avec le citoyen pour être à l’écoute des mutations de son mode de vie.