Edito. Ils financent le futur

Les Family offices incarnent ce que la finance a de plus rare : la patience. Dans un monde dominé par les marchés volatils et les rendements à court terme, ces structures familiales investissent sur des décennies, dans la durée, le sens et la transmission.
Ce sont des acteurs discrets, mais puissants : à l’échelle mondiale, ils gèrent des milliers de milliards de dollars, dont 42% placés dans des actifs alternatifs, 31% en actions cotées, et 86% déjà engagés dans l’intelligence artificielle. Autrement dit, ils financent le futur, pas la spéculation. Le Maroc, lui, en est encore au stade des intentions.
L’AMIC le reconnaît : la structuration formelle des Family offices demeure «préliminaire». Pourtant, tout est en train de converger : montée des grandes fortunes nationales, internationalisation de groupes familiaux, réformes du droit des sociétés, émergence de Casablanca Finance City. Autant de signaux d’un mouvement qui pourrait devenir structurant, si le cadre suit.
Car pour attirer ce capital patient, il faut plus qu’un discours : un écosystème clair, stable et ambitieux. Une fiscalité adaptée, une reconnaissance juridique explicite du statut de Family office, une gouvernance crédible et une ouverture réelle des flux d’investissement.
À défaut, ces milliards continueront de se loger ailleurs, à Dubaï, Genève ou Londres. Derrière les chiffres, se cache une question essentielle : celle de notre souveraineté financière. Le Maroc ne peut pas se contenter d’être une destination pour le capital étranger.
Il doit apprendre à faire fructifier le sien, à le transmettre, à l’ancrer. De grandes entreprises ont désormais la taille, la vision et la maturité pour devenir des acteurs globaux. À condition d’en faire un projet collectif. L’heure des Family offices marocains n’a pas encore sonné. Mais elle approche.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO