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Transition énergétique : comment réconcilier développement et durabilité

Le Maroc se positionne au cœur d’une révolution énergétique mondiale, où l’électrification, les énergies renouvelables et la digitalisation transforment durablement son économie et ses infrastructures. Entre défis environnementaux, croissance industrielle et besoins en compétences, le pays devient un véritable laboratoire pour des solutions énergétiques intelligentes. Schneider Electric accompagne cette transition. Voici comment.

Le Maroc se situe au cœur d’une révolution énergétique mondiale, où la transition vers des solutions plus durables et intelligentes devient un impératif économique et environnemental.

Pour Jean-Pascal Tricoire, président du conseil administratif de Schneider Electric, «l’énergie est la base de tout développement. C’est un passeport pour le progrès, mais également un facteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique».

Selon lui, 80% des émissions de carbone sont liées à la manière dont nous produisons et consommons l’énergie, ce qui rend indispensable l’adoption de technologies conciliant développement économique et durabilité environnementale. Le pays, en pleine croissance économique, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’industrie, est également confronté à des défis environnementaux majeurs, qui rappellent l’urgence d’une transition énergétique efficace.

«Le Maroc vit au milieu de cette réconciliation entre développement et durabilité», affirme Tricoire, soulignant l’importance des solutions énergétiques innovantes et durables adaptées au contexte local.

Au Maroc, l’électrification et le recours aux énergies renouvelables constituent les piliers de cette transition. L’absence de ressources fossiles significatives pousse le pays à miser sur le solaire, l’éolien et d’autres sources d’énergie décentralisées pour réduire l’intensité carbone de son économie.

Selon Tricoire, «l’électrification, soutenue par la digitalisation, est un vecteur essentiel de compétitivité et de durabilité. Connecter la production et la consommation d’énergie permet d’optimiser son usage et de réduire les gaspillages».

Les smart grids et la digitalisation jouent un rôle central, en particulier pour les bâtiments, l’industrie et les centres de données informatiques. Ces infrastructures, nécessaires pour l’intelligence artificielle et le numérique, exigent des approches énergétiques fiables et efficaces. Ainsi, l’énergie devient un pilier stratégique non seulement pour le développement économique, mais aussi pour la compétitivité technologique.

Les défis de la transition énergétique
Schneider Electric accompagne le Maroc et l’Afrique de l’Ouest dans la mise en œuvre de solutions énergétiques intelligentes. Tricoire explique : «Nous inventons de nouvelles manières de produire et de consommer l’énergie, en donnant priorité à l’efficacité à travers deux vecteurs : l’électrification et la digitalisation».

L’entreprise soutient tous les secteurs stratégiques, de l’industrialisation au minier, en passant par le digital, la gestion de l’eau et le développement agricole. Cette approche intégrée permet de répondre aux besoins immédiats du pays tout en préparant le terrain pour une croissance durable et responsable sur le long terme. Malgré les opportunités, la transition énergétique au Maroc implique plusieurs défis.

«Comme partout ailleurs dans le monde, le Maroc fera face au besoin de techniciens, d’ingénieurs et d’électriciens pour réaliser cette transition», souligne Tricoire.

La formation, de l’université jusqu’aux écoles spécialisées, constitue donc un enjeu central. L’UM6P, visité récemment par le président du conseil administratif de Schneider Electric, incarne ce potentiel avec une approche pédagogique innovante et orientée vers le numérique. Le financement est également essentiel.

Selon Tricoire, «il est possible aujourd’hui de faire de l’investissement dans la transition énergétique et que cela dégage un profit. Dans les bâtiments, l’industrie, les réseaux électriques ou les centres de données, le retour sur investissement est souvent de 3 à 5 ans, grâce à l’efficacité énergétique et à l’élimination des gaspillages».

Tricoire insiste : «Il faut penser différemment, comme cela a été le cas avec Internet il y a 25 ans. Les entreprises et les architectes doivent concevoir l’énergie de manière connectée et intelligente pour créer une nouvelle valeur économique».

Les trois révolutions
Selon le dirigeant, la transition énergétique repose sur trois grandes révolutions. La première est la migration de la demande vers l’électrification (véhicules électriques, bâtiments connectés et industrie électrique…). La seconde porte sur l’offre, avec un passage progressif des énergies fossiles aux renouvelables décentralisées. La troisième est la connexion et la digitalisation.

Tous les bâtiments et infrastructures seront connectés à des réseaux intelligents, optimisant l’usage de l’énergie et facilitant son intégration dans l’économie numérique. Le Maroc apparaît en cela comme un laboratoire africain de la transition énergétique, combinant croissance économique, défis environnementaux et innovation technologique. Dans ce contexte, Schneider Electric se positionne comme un partenaire clé pour accompagner le pays vers un futur énergétique plus durable et compétitif.

«Notre rôle est de permettre aux clients d’aller chercher de l’électricité et de l’amener à son usage final, que ce soit dans une maison, un bâtiment ou une usine, tout en optimisant consommation et bilan carbone», résume-t-il.

En matière de bâtiment, par exemple, l’objectif est de fournir une énergie fiable et sécurisée, et de réduire au maximum la consommation grâce à des systèmes digitaux intelligents qui régulent l’éclairage, la climatisation et les usages techniques en fonction de l’occupation des espaces. Cette logique s’étend également aux infrastructures de recharge pour véhicules électriques, un secteur en pleine expansion.

En matière d’industrie et automatisation, Schneider fournit l’électricité nécessaire aux chaînes de production et intègre des systèmes d’automation industrielle. Cela permet d’optimiser la consommation énergétique et d’améliorer la fiabilité des process industriels, que ce soit dans l’agroalimentaire, l’automobile ou la chimie.

La triple révolution électrique favorise également le développement de micro-réseaux, souvent alimentés par des énergies renouvelables et couplés à des systèmes de stockage. Ces infrastructures permettent aux entreprises et aux particuliers de produire leur propre électricité, de sécuriser l’approvisionnement et de réduire les coûts. Schneider met en avant la culture du partenariat, impliquant ingénieurs, fabricants, installateurs et développeurs de logiciels.

L’Innovation Day, organisé au Maroc, illustre cette approche en réunissant les grands utilisateurs, industriels et experts, pour partager solutions et stratégies et renforcer les liens humains et professionnels au sein de l’écosystème énergétique et digital. Comme le souligne Tricoire, «toute installation énergétique sera avec nous pendant 20, 30 ou 40 ans. Il faut la penser ainsi en amont pour un monde plus électrique et plus connecté. Et c’est ce que nous faisons».

Former pour électrifier l’avenir

La transition énergétique mondiale ne se fera pas uniquement à coup de technologies et de politiques publiques. Elle passera aussi, et surtout, par la formation des talents de demain. C’est le message que Jean-Pascal Tricoire, président mondial de Schneider Electric, a tenu à souligner.

«Aux États-Unis, où je viens de me rendre, il manque entre 500.000 et 1 million d’électriciens pour accompagner la transition numérique et énergétique. Au Maroc, comme partout ailleurs dans le monde, nous allons également manquer de techniciens, d’ingénieurs et d’électriciens capables de réaliser cette transformation», explique-t-il.

Pour le dirigeant, le défi humain est donc prioritaire. «C’est au travers de l’éducation que nous pouvons réaliser cette révolution. Ce matin, nous visitions l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), qui est, pour moi, l’une des plus belles universités dans le monde. L’équipe pédagogique fait preuve non seulement de professionnalisme, mais aussi d’une grande capacité d’innovation, et la communauté digitale qui y travaille n’a pas d’équivalent», témoigne le dirigeant.

À l’UM6P, Tricoire a été frappé par l’enthousiasme des jeunes scientifiques et ingénieurs, mais aussi par la forte présence féminine. Selon lui, la parité et la confiance dans le potentiel des femmes constituent un atout stratégique pour tout pays qui croit à la science et au progrès : «Les jeunes que j’ai vus aujourd’hui à l’UM6P prouvent que la science et le savoir sont la base du succès futur. Cela me donne une énorme confiance pour l’avenir», ajoute-t-il.

Schneider Electric investit concrètement dans la formation et l’emploi dans les métiers de l’énergie, au Maroc et en Afrique de l’Ouest. Des partenariats avec les écoles et des programmes de formation ciblés permettent de préparer les générations futures à relever les défis techniques et numériques d’un secteur en pleine transformation.

Jean-Pascal Tricoire insiste : «La révolution énergétique n’est pas qu’une question de technologies. C’est d’abord une question d’humains : d’ingénieurs, de techniciens, de scientifiques formés et motivés. L’éducation et l’innovation sont le moteur de cette transition, et des institutions comme l’UM6P sont au cœur de ce processus».

Quelle place pour les PME?

Si la transition énergétique semble souvent concentrée sur les grands acteurs industriels, Jean-Pascal Tricoire souligne que les petites et moyennes entreprises (PME) ont un rôle essentiel à jouer. Pour lui, «les grosses entreprises ont déjà bien compris qu’il fallait le faire, et ce qui n’est pas assez compris, c’est que la digitalisation permet aux petites entreprises d’être très compétitives».

Grâce à la digitalisation et aux solutions énergétiques modernes, les PME peuvent désormais accéder à des niveaux de données et de contrôle qui étaient auparavant réservés aux grandes entreprises. Cela inclut la gestion optimisée de la consommation énergétique dans leurs locaux ou ateliers, l’intégration de systèmes de production plus efficaces et moins énergivores et l’utilisation de logiciels de monitoring et de jumeaux digitaux pour améliorer la performance et la fiabilité des installations.

Dès lors, les petites entreprises peuvent réduire leur empreinte carbone, optimiser leurs coûts et contribuer à la résilience énergétique du pays, tout en participant à la dynamique de croissance industrielle et digitale.

«La digitalisation, particulièrement des entreprises industrielles, permet aux petites entreprises d’être très compétitives, parce qu’elles ont accès à des niveaux de données et de compréhension qu’elles n’avaient pas avant», résume Jean-Pascal Tricoire.

Hicham Bennani, Maryem Ouazzani et Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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