Fès : 165 MDH pour désengorger la prison de Ras Elma

La région Fès-Meknès, l’un des principaux pôles carcéraux du Maroc, est au cœur d’un projet de modernisation. La DGAPR a ainsi alloué 165 MDH pour l’extension de la prison de Ras Elma, un chantier de deux ans destiné à réduire la pression sur les infrastructures locales.
La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a engagé un programme d’extension de la prison de Ras Elma à Fès, avec un budget prévisionnel de 164,9 MDH et un délai d’exécution de deux ans.
Le programme d’extension ne se limite pas à une simple augmentation de la capacité d’accueil. Il prévoit la construction de deux nouveaux blocs de détention collective pour hommes, mais aussi des infrastructures visant à améliorer le fonctionnement global de l’établissement. Sont ainsi prévus une nouvelle infirmerie, une cuisine moderne, une buanderie, ainsi que de nouveaux parloirs et des locaux administratifs.
La sécurité sera également renforcée par la construction d’un mirador central et l’achèvement de deux miradors existants. Le projet s’inscrit dans une démarche plus large qui inclut, en parallèle, la mise en œuvre prochaine d’une loi sur les peines alternatives pour tenter de réduire la pression carcérale.
Défi national : plus de 100.000 détenus pour 64.000 places
La situation des prisons au Maroc a connu une forte dégradation au cours de la dernière décennie. La population carcérale est en effet passée de 74.948 détenus en 2014 à plus de 106.000 à l’été 2025, soit une augmentation de plus de 40%.
Cette hausse a porté le taux de surpeuplement national à 161%, la capacité d’accueil officielle du parc pénitentiaire étant limitée à 64.000 places. Ce sureffectif de plus de 40.000 personnes engendre des conditions de détention difficiles dans de nombreux établissements.
Le phénomène est accentué par la proportion élevée de détenus en détention préventive, lesquels représentent 31,8% de la population carcérale totale, ajoutant une pression constante sur des infrastructures déjà saturées.
Une région sous pression
La région Fès-Meknès figure parmi les plus concernées par cette problématique. Comptant près de 13.790 détenus (données 2022), elle se classe au troisième rang national en termes de population carcérale, après Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra. La situation y est d’autant plus tendue que la proportion des détenus en attente de jugement atteint près de 40%, un chiffre supérieur à la moyenne nationale.
Cette spécificité régionale contribue directement à la saturation des établissements locaux et à une dégradation des conditions d’hébergement, avec un espace vital par personne inférieur aux standards recommandés. L’extension de la prison de Ras Elma apparaît donc comme une intervention ciblée dans un territoire où le besoin d’infrastructures supplémentaires est avéré.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO