Saison agricole 2025-2026 : une campagne à plusieurs inconnues !

C’est une campagne agricole à plusieurs inconnues que l’on s’apprête à vivre cette année encore, après sept ans de sécheresse sévère. Certaines prévisions tablent déjà sur une probable hausse de la récolte céréalière à la faveur d’une amélioration de la pluviométrie.
Stress hydrique et stress psychologique !
C’est donc sous stress que le monde agricole marocain s’apprête à entrer dans la nouvelle saison agricole. Parlons de saison agricole et pas de campagne pour le moment, puisque celle-ci n’est pas encore officiellement lancée.
Pour l’heure, ni le ministère de l’Agriculture, ni la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER) n’ont officiellement communiqué sur les préparatifs et le lancement de la campagne agricole. Une chose est sûre, il n’y a pas encore de pluies précoces qui arrosent une majorité du territoire cette année à l’heure actuelle, afin de permettre au monde paysan de réinvestir les champs pour semer les graines de la prochaine saison agricole 2025/2026.
En attendant, c’est l’inquiétude et une certaine psychose qui prévalent chez les agriculteurs marocains, toutes catégories confondues. En cause, les sept années de sécheresse successives qui ont considérablement ramené en arrière le secteur agricole nationale, empêchant, jusqu’à présent, à la stratégie agricole «Generation Green» d’éclore.
Pourtant, du côté des prévisions, Bank Al-Maghrib table sur une récolte céréalière qui pourrait atteindre les 50 millions de quintaux, soit nettement mieux que les rendements de l’année dernière.
La pluie au rendez-vous ?
Le premier défi est lié donc à la poursuite ou non de ce cycle de sécheresse. Sur ce point, aucun météorologue ne se hasarde pour le moment à faire des prévisions. La remontée de vents tropicaux qui avaient permis d’avoir un été pluvieux l’année dernière sur les régions du Sud-Est n’a pas vraiment été observée cette fois, ce qui aura pour conséquence de réduire les réserves de barrages de ces bassins, quasiment épargnés toute la saison écoulée du stress hydrique sévère.
Les plus récentes informations communiquées par le ministère de l’Équipement et de l’Eau en août dernier faisaient état d’un taux de remplissage redescendu à 34%. D’ailleurs, il faut noter que, malheureusement, plus aucune plateforme en ligne ou un portail électronique officiel ne permet de suivre l’évolution quotidienne des barrages au niveau national.
Ce qui n’est pas sans compliquer la donne pour le monde agricole et les chercheurs et autres journalistes intéressés par la situation hydrique de notre pays. Toujours en ce qui concerne la disponibilité de l’eau, il va sans dire que les quantités allouées aux cultures continueront d’être réduites, en plus des restrictions sur certaines cultures.
Semences et cheptel
S’agissant des semences, le gouvernement n’a pas encore communiqué sur les quantités à distribuer, mais il faut rappeler que l’année dernière, 1,26 million de quintaux de semences certifiées des céréales d’automne devaient être mobilisées (dont 1,16 Mq par Sonacos).
Le soutien aux semences devrait continuer d’être étendu pour intégrer de nouvelles espèces de céréales, fourrages et légumineuses alimentaires en vue d’encourager les cultures fourragères et de légumineuses et inciter les agriculteurs à pratiquer la rotation des cultures. Un autre défi de la campagne porte bien évidemment sur la poursuite du programme de régénération et de reconstitution du cheptel national.
Ce programme comprend une série de mesures, dont l’allègement des dettes de près de 48.000 éleveurs pour une valeur de 6 MMDH. Concernant la subvention des aliments de bétail, la circulaire gouvernementale mentionnait que l’orge devrait être subventionnée et son prix de vente limité à 1,50 DH/kg. Le volume prévu pour cette opération atteint 7 millions de quintaux.
Engrais et assurances : peut mieux faire ?
Lors de la précédente campagne agricole, le gouvernement avait prévu d’approvisionner le marché à hauteur de 650.000 tonnes d’engrais phosphatés et 200.000 tonnes d’engrais azotés, soit les mêmes niveaux de prix que la campagne précédente.
Les prix de vente des engrais azotés aux agriculteurs avaient été fixés à 240 DH/q pour l’Ammonitrate 33% et de 330 DH/quintal pour l’Urée 46% et 150 DH/quintal pour le Sulfate d’ammonium 21%. Il reste à voir ce qu’il en sera pour cette année.
Les regards se tournent aussi vers les dispositifs de l’Assurance agricole multirisque climatique pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses. Celle-ci avait couvert une superficie d’environ 1 million d’hectares alors que le programme d’assurance multirisque pour les arbres fruitiers devait permettre d’assurer près de 50.000 ha.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO