Liaison maritime directe Malaga-Tanger : les discussions relancées

Le sujet de l’activation d’une liaison maritime directe entre Malaga et Tanger revient sur la table. Selon le média espagnol SUR, une réunion stratégique tenue le 22 septembre a jeté les bases d’un projet commun destiné à convaincre les armateurs d’investir dans cette ligne, jugée cruciale pour fluidifier le transit des marchandises entre les deux rives du détroit de Gibraltar. Entre ambitions logistiques et impératifs de compétitivité, ce corridor pourrait devenir un nouvel axe stratégique euro-africain.
Le projet de relance d’une liaison maritime régulière entre Malaga et Tanger refait surface. Selon le média espagnol Sur, une réunion stratégique s’est tenue le 22 septembre au port de Malaga, rassemblant les principaux opérateurs logistiques des deux rives du détroit, ainsi que des représentants de l’Autorité portuaire andalouse.
L’objectif affiché est de créer un front commun pour convaincre les armateurs d’investir dans cette ligne directe, considérée par les participants comme porteuse d’un fort potentiel économique et logistique. Si plusieurs tentatives ont été menées par le passé, aucune liaison n’a réussi à s’imposer durablement. Pourtant, les parties prenantes estiment aujourd’hui que les conditions sont réunies pour faire de cette ligne un axe stratégique, à la fois fiable et rentable.
Le président de l’Autorité portuaire de Malaga, Carlos Rubio, cité par Sur, a salué la forte mobilisation des acteurs présents, estimant qu’elle constituait «un signal fort pour les compagnies maritimes quant au potentiel de cette route».
Il a également mis en avant les progrès réalisés au port de Malaga en matière de formalités douanières, d’inspections sanitaires (PIF : poste d’inspection frontalier) et de contrôle des exportations (Soivre : Service officiel d’inspection, de surveillance et de régulation des exportations ), autant d’éléments susceptibles de faciliter l’acheminement rapide des marchandises, notamment des produits périssables. Selon SUR, le contexte régional est favorable.
En 2024, ce sont quelque 425.000 camions qui ont transité par voie maritime entre le Maroc et l’Espagne, principalement via le port d’Algésiras. Si cette tendance se poursuit, les projections logistiques anticipent un volume atteignant jusqu’à 800.000 camions par an à l’horizon 2030, soit une croissance annuelle moyenne estimée à 10%. Ces prévisions, non encore officialisées par une autorité publique, traduisent néanmoins l’intensification du commerce bilatéral, portée notamment par les filières agroalimentaire et automobile marocaines.
Le projet de relance s’inscrit dans une volonté partagée de renforcer l’intégration logistique euro-africaine, en s’appuyant sur la proximité géographique et les complémentarités industrielles entre les deux pays. Malaga cherche ainsi à se positionner comme un hub secondaire dans le détroit, en complément du port d’Algésiras, avec un positionnement orienté vers des segments de marché spécifiques ou sous-exploités.
L’initiative bénéficie du soutien du Club des opérateurs économiques agréés du Maroc (OEA), également représenté lors de la rencontre. Elle intervient à un moment où les échanges commerciaux entre le Royaume et l’Union européenne connaissent une dynamique soutenue, avec une croissance du PIB marocain estimée entre 3,5% et 4% par an jusqu’en 2030, selon les prévisions de la Banque mondiale et du FMI. L’Espagne, rappelons-le, reste le premier partenaire commercial du Maroc au sein de l’Union européenne.
Toutefois, la concrétisation du projet dépendra de plusieurs facteurs : la mobilisation d’un ou plusieurs armateurs prêts à s’engager durablement et la mise en place d’un cadre tarifaire compétitif ainsi qu’une coordination efficace entre les administrations marocaines et espagnoles. Les représentants interrogés par Sur se disent toutefois optimistes, assurant que les bases techniques et institutionnelles sont posées pour faire avancer ce chantier.
H.K. / Les Inspirations ÉCO