Liquidité et taux : le marché en pause dans l’attente du Conseil de BAM

Le marché obligataire traverse une phase d’ajustement à la mi-septembre. Selon BKGR, le déficit de liquidité bancaire s’est creusé, les levées du Trésor ont été marquées par une sélectivité accrue et la courbe des taux poursuit son aplatissement, dans un climat d’attente avant la prochaine réunion de Bank Al-Maghrib.
La rentrée de septembre s’ouvre sur un climat de relative stabilité pour le marché de la dette marocaine, mais sous la surface, les dynamiques évoluent. Selon la dernière note Fixed Income Weekly de BMCE Capital Global Research (BKGR), la période observée a été marquée par un creusement du déficit de liquidité bancaire, une légère tension sur certaines maturités au primaire et une orientation globalement haussière sur le marché secondaire. Autant de signaux qui témoignent d’un marché en phase d’ajustement avant la prochaine réunion de politique monétaire de Bank Al-Maghrib.
Déficit de liquidité et interventions de la Banque centrale
Entre les 4 et 10 septembre, le déficit de liquidité bancaire moyen s’est aggravé de 6,3%, atteignant -139,1 milliards de dirhams. BKGR relève que ce creusement s’est accompagné d’un repli des avances hebdomadaires de Bank Al-Maghrib, ramenées à 56,1 MMDH, soit 2,9 milliards de moins que la période précédente.
En parallèle, les placements du Trésor ont augmenté, avec un encours quotidien maximal porté à 16,1 MMDH contre 13,4 milliards auparavant. Malgré ces tensions, les taux de référence demeurent relativement stables. Le taux moyen pondéré interbancaire (TMP) s’est fixé à 2,25% tandis que le MONIA, indice de référence du marché monétaire, a reculé à 2,209%.
Ces niveaux traduisent la volonté de la Banque centrale de maintenir des conditions de financement stables, en dépit de l’assèchement temporaire des liquidités. Sur le marché primaire, la dernière adjudication s’est soldée par des levées de 3,44 milliards de dirhams, soit 48% seulement du montant proposé (7,22 milliards).
Le Trésor a privilégié les maturités de moyen et long terme, en retenant 2,02 milliards sur la ligne 5 ans et 1,42 milliard sur la ligne 15 ans.
Cette sélectivité illustre, selon BKGR, une stratégie d’émission ciblée et non agressive, permettant à l’État de couvrir ses besoins tout en évitant une pression excessive sur les taux. La ligne 5 ans a néanmoins enregistré une hausse de 1,9 point de base, portant le taux limite à 2,465%, tandis que la ligne 15 ans a connu une légère détente de 0,2 point de base, s’établissant à 3,0558%.
Hausses modérées sur les maturités intermédiaires
Sur le compartiment secondaire, la tendance a été globalement haussière. Les taux des maturités à 52 semaines et 2 ans se sont appréciés respectivement de 1,36 et 2,70 points de base. À l’inverse, les échéances très courtes, notamment 13 et 26 semaines, ont corrigé de -4,56 et -0,11 points de base. La courbe secondaire traduit ainsi un aplatissement progressif, résultat d’un arbitrage des investisseurs en faveur des maturités moyennes et longues.
Ce mouvement s’explique par un environnement d’inflation maîtrisée et par la perception d’une consolidation budgétaire progressive. Pour les jours à venir, BKGR anticipe une augmentation du rythme d’intervention de Bank Al-Maghrib sur le marché monétaire, avec un volume d’avances à 7 jours porté à 59,8 milliards de dirhams, contre 56,1 milliards précédemment.
Du côté obligataire, la posture des investisseurs reste prudente. Les acteurs du marché semblent adopter une stratégie d’attente avant la réunion de politique monétaire, dans un contexte où la stabilité des taux demeure la règle. L’inflation contenue offre en effet un cadre favorable à la poursuite d’émissions mesurées du Trésor, qui continue de préserver un équilibre entre financement de ses besoins et gestion du coût de la dette.
L’analyse de BKGR met en lumière un marché obligataire qui évolue sans heurts majeurs, mais dont la configuration traduit une phase d’ajustement. Entre un déficit de liquidité plus prononcé, un Trésor sélectif dans ses levées et une courbe des taux en voie d’aplatissement, les investisseurs naviguent dans un environnement où la prudence reste de mise. La prochaine réunion de Bank Al-Maghrib sera déterminante pour confirmer la trajectoire de la politique monétaire et clarifier les perspectives du marché de la dette pour la fin d’année 2025.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO