Maroc

Viandes rouges : menaces sur les importations ?

Le gouvernement a récemment décidé de doubler le quota d’importation de bovins domestiques afin de répondre à la demande locale, dans un contexte de sécheresse et d’insuffisance du cheptel national. Sauf que sur les marchés mondiaux, les prix des viandes rouges enchaînent les records, face à une forte demande de pays très gourmands comme la Chine et les États-Unis.

C’était l’une des toutes premières décisions du gouvernement dès sa rentrée de vacances : l’adoption du projet de décret n°2.25.720 portant suspension de la perception du droit d’importation applicable aux bovins domestiques. Autrement dit, l’Exécutif a décidé d’augmenter, ou plutôt de doubler le quota d’importation au-delà de ce que prévoit la Loi de finances 2025.

Ainsi, les importations de bovins domestiques vont passer de 150.000 à 300.000 têtes d’ici la fin de l’année. Une situation dictée par les réalités du marché, à l’heure où les prix des viandes rouges demeurent toujours prohibitifs pour une bonne partie des ménages, voire carrément introuvables sur certains marchés, notamment les viandes ovines.

Actuellement, le kilogramme de viandes rouges bovines se négocie à environ 100 DH, contre 120 DH pour les viandes ovines.

Pour le gouvernement, l’objectif est, encore une fois, «d’assurer l’approvisionnement continu du marché national en viandes rouges, ainsi que de contribuer à la reconstitution du cheptel national», selon les mots de son porte-parole, Mustapha Baitas.

En soi, c’est une décision qui en dit long sur les défis actuels à sécuriser l’approvisionnement du marché national en viandes rouges, avec une hausse considérable des importations.

De record en record
Justement, en parlant de ces importations, force est de constater qu’elles continueront de se faire au prix fort malgré cette dérogation gouvernementale.

En effet, la FAO vient d’indiquer, dans sa dernière mise à jour des prix des produits alimentaires, que les viandes rouges demeurent à un niveau très élevé, voire inédit. «L’indice FAO des prix de la viande a augmenté de 0,6% en août, atteignant un nouveau record historique, grâce à la hausse des prix internationaux de la viande de bovins, soutenue par une forte demande aux États-Unis et une demande à l’importation robuste de la Chine, qui ont stimulé les prix à l’exportation de l’Australie et du Brésil, respectivement».

En d’autres termes, face à la sécheresse qui sévit dans plusieurs pays, presque tout le monde se tourne vers les importations. Et quand des pays gourmands de la taille de la Chine, ou encore des marchés de très forte consommation comme la première puissance économique mondiale comme les États-Unis descendent sur le marché des achats de viandes, cela perturbe forcément le rythme normal des choses. D’ailleurs, selon la FAO toujours, «les prix de la viande d’ovins ont également grimpé».

Portée incertaine ?
Tout ceci pousse, d’une part, à saluer la décision gouvernementale, mais aussi à se demander, si elle pourra se répercuter par une baisse des prix pour les ménages. Et à y voir clair, rien ne garantit une baisse des prix. Désormais, le vrai enjeu est de réussir à trouver de la viande bovine ou ovine à importer depuis les principaux clients du Maroc.

Car là, la demande mondiale croît à un rythme inquiétant, dans un contexte de sécheresse ou de baisse de la pluviométrie sur une bonne partie de la planète. Et en attendant que le gouvernement finisse de déployer son programme de reconstitution du cheptel national, un programme qui prendra au moins deux ans pour se concrétiser, le Royaume sera à nouveau obligé de se tourner vers les importations pour satisfaire la demande nationale en viandes rouges. Et cela passe aussi bien par l’importation de bétails que de viandes rouges congelées.

À ce propos, des partenariats sont en cours d’exécution avec plusieurs pays, notamment les voisins ibériques, mais également avec des acteurs basés au Brésil, en Amérique latine. Pour rappel, le gouvernement avait récemment fait savoir que les dépenses financières liées aux importations de bétails depuis l’étranger se chiffrent à 437 MDH.

Cette enveloppe a été consacré au soutien à 875.000 têtes d’ovins (386.000 en 2023 et 489.000 en 2024). Par ailleurs, l’actuel Loi de finances avait initialement prévu des exonérations fiscales en 2025 pour les importations de viandes rouges et de bétails, dans l’optique de répondre à la demande nationale.

Baisse de plusieurs indices, à l’exception des viandes, sucres et huiles

Selon le nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’indice de référence des prix internationaux des produits alimentaires est resté pratiquement inchangé en août. Les hausses des prix de la viande, du sucre et des huiles végétales ont compensé les baisses des prix des céréales et des produits laitiers.

L’indice a affiché une valeur moyenne de 130,1 points en août, soit à peine plus que son niveau révisé de juillet (130,0 points) et 6,9% de plus qu’une année auparavant. L’indice FAO des prix des céréales a perdu 0,8% par rapport à son niveau de juillet. Les prix internationaux du blé ont chuté, sous l’effet de récoltes plus abondantes en Russie et dans l’Union européenne, tandis que les prix mondiaux du maïs ont grimpé, en partie en raison de l’accroissement de la demande pour l’alimentation.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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