Maroc

Placement : l’or dopé par les anticipations monétaires

Dans un climat de tensions géopolitiques et de ralentissement économique, le métal jaune profite des anticipations de baisse des taux et s’impose comme un actif incontournable pour les investisseurs. Alors que la Réserve fédérale américaine s’apprête à infléchir sa politique monétaire, le Maroc pourrait suivre la même dynamique.

Plus les temps sont incertains, plus l’or gagne en éclat. Dans un monde traversé par des tensions géopolitiques persistantes et une économie mondiale à la peine, le métal jaune s’affirme une fois encore comme valeur refuge par excellence.

Depuis le début de l’année, son prix n’a cessé d’augmenter. Sa valeur a bondi d’un tiers, pour atteindre début septembre un sommet inédit, soit 3.501,59 dollars l’once (31,1 grammes), dépassant ainsi le précédent record établi en avril.

Les trois scénarios envisageables
Tout suggère que la dynamique pourrait se prolonger. La combinaison d’un risque politique élevé et d’un ralentissement persistant nourrit la demande. Les regards se tournent désormais vers la Réserve fédérale américaine (la Fed), qui se réunit les 16 et 17 septembre. Les observateurs anticipent une détente de 25 à 50 points de base, ouvrant un nouveau cycle d’assouplissement monétaire.

«Un tel geste affaiblirait le dollar et les rendements, renforçant mécaniquement l’attrait de l’or. Le climat européen ajoute une strate d’incertitude, tensions budgétaires, fragilités politiques, prises de bénéfices estivales, tandis que la rhétorique protectionniste de Donald Trump et le risque d’une inflation importée entretiennent l’aversion au risque», relève l’analyste financier Abdessalam Kably.

Les foyers géopolitiques, de l’Ukraine au Proche-Orient, contribuent également à cette nervosité et incitent les portefeuilles à se couvrir. Ainsi, trois trajectoires se dessinent. Une baisse des taux par la Fed soutiendrait l’or en comprimant le rendement des obligations et en rendant l’épargne plus attractive.

À l’inverse, un durcissement inattendu de la politique monétaire, ou une percée diplomatique en Ukraine, pourraient provoquer un repli. Si, enfin, l’instabilité domine et que l’économie reste hésitante, le métal jaune continuerait de consolider ses gains.

«En cas d’assouplissement, les rendements obligataires baisseront, l’equity sera soutenue par un refinancement moins coûteux et, par ricochet, l’or s’appréciera. À mes yeux, tous les ingrédients d’une révision à la baisse sont réunis», avance Kably, pour qui l’arbitrage américain déterminera la tonalité de l’automne.

Les banques centrales européennes, elles, restent attentives aux chocs d’offre et aux signaux d’activité, ce qui nourrit l’idée d’une détente graduelle. Un relâchement qui pourrait s’appliquer au marché marocain. À en croire les analystes, le prochain conseil de Bank Al-Maghrib pourrait statuer pour une révision à la baisse du taux directeur. Selon Abdessalam Kably, l’inflation étant à, un niveau relativement bas, la Banque centrale devrait assouplir la politique monétaire.

Quel impact ?
L’automne apportera donc des repères, arbitrage de la Fed à la mi-septembre, signaux envoyés par les banques centrales européennes, dynamique des prix de l’énergie et humeur des marchés après un été volatil. Le symposium de Jackson Hole a rappelé que la trajectoire des taux restera dépendante des données, ce qui entretient l’idée d’un cycle monétaire plus souple. De quoi alimenter la prudence et maintenir l’or au cœur des stratégies de diversification. Reste une évidence, l’or n’est pas un métal industriel comme un autre. Il appartient à une catégorie bien spécifique.

À la différence du cuivre ou de l’aluminium, son prix ne se détermine pas d’abord sur les volumes extraits mais sur son statut de couverture contre les chocs. Les achats de banques centrales, l’usage patrimonial et le rôle de « valeur ultime » en cas de crise pèsent plus lourd que l’ouverture d’un gisement. En d’autres termes, même si de nouveaux gisements venaient à être exploités à grande échelle, l’effet sur le prix resterait secondaire par rapport aux forces qui dominent aujourd’hui. Même une hausse marquée de la production ne suffirait pas à invalider cette fonction symbolique et financière.

Cette spécificité brouille la lecture classique de l’offre et de la demande. Pour un analyste, sur l’or, la relation production-prix est moins linéaire. Pour rappel, le Maroc a connu récemment une importante découverte aurifère.

En effet, 34 veines de quartz à très haute teneur en or ont été identifiées à Guelmim. Ces veines recèlent, d’après les indications de la plateforme spécialisée, Discovery Alert, dans le suivi des découvertes minières sur les marchés de la Bourse d’Australie, des capacités allant de 3 à 300 grammes par tonne.

De telles teneurs placent cette découverte parmi les plus prometteuses de ces dernières années en Afrique du Nord. L’importance de la découverte de Guelmim va au-delà des chiffres impressionnants de teneur. La production totale d’or du Maroc s’élevait à environ 6,8 tonnes en 2022, un chiffre qui pourrait augmenter considérablement avec la mise en valeur réussie de ces nouvelles veines.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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