Maroc

Projet Saïss : la résurrection d’une plaine agricole asphyxiée par la sécheresse

Après des années de surexploitation ayant mis à sec la nappe phréatique et menacé des milliers d’exploitations, l’arrivée des eaux du barrage M’Dez marque un tournant historique pour la région Fès-Meknès. La promesse d’une seconde vie et la fin d’une longue attente pour les agriculteurs de la plaine, qui voyaient leurs terres dépérir.

Après des années de lutte contre une pluviométrie parcimonieuse, avec des puits quasiment à sec, un vent d’optimisme souffle à nouveau sur la plaine de Saïss. Le mercredi 2 juillet 2025 restera gravé comme le jour où l’eau du barrage M’Dez, transportée sur près de 100 kilomètres, a enfin touché les terres assoiffées de la région Fès-Meknès.

La mise en service de la première tranche du projet d’aménagement hydro-agricole n’est pas qu’un simple lancement technique, pour des milliers d’agriculteurs, c’est la promesse d’une renaissance, la fin d’un long cauchemar hydrique.

Un souffle d’espoir pour une terre en souffrance
Derrière la cérémonie officielle, présidée par Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, se cache la réalité d’une plaine qui luttait pour sa survie. La surexploitation de la nappe phréatique avait conduit de nombreuses exploitations au bord du gouffre. Le témoignage de Mohammed Amrani, l’un des bénéficiaires, illustre parfaitement ce drame.

«Je suis venu des Pays-Bas pour investir, j’ai creusé trois puits. Mais après quatre ans, le niveau de l’eau a commencé à baisser inexorablement. Cette diminution a finalement conduit à la ruine de mon exploitation», confie-t-il.

«J’ai dû tout abandonner. Quand j’ai appris la nouvelle du projet, une joie immense m’a envahi. Le bonheur que je ressens aujourd’hui, et qui est partagé par l’ensemble des habitants, est tout simplement incommensurable», poursuit Mohammed Amrani.

Son histoire est celle de milliers d’autres, pour qui ce projet représente une véritable bouée de sauvetage.

Une «Autoroute de l’eau» pour ramener la vie
Pour inverser cette tendance et orchestrer cette résurrection, une solution d’ingénierie a été déployée.

L’idée est de compenser le déficit hydrique en acheminant les eaux de surface, comme l’explique Mohamed Nabil Aloussi, directeur du projet. «Le défi réside dans le déficit que connaît la nappe. Ce projet nous permet d’acheminer environ 125 millions de mètres cubes d’eau par an depuis le barrage M’dez, situé à plus de 90 kilomètres. L’objectif est d’aider les agriculteurs à compenser leur consommation d’eaux souterraines et d’assurer la durabilité de l’agriculture».

Cette infrastructure, qu’il qualifie d’«autoroute de l’eau», est une première au Maroc avec sa conduite principale de 3,20 mètres de diamètre, conçue pour irriguer à terme 30.000 ha et mettre fin à l’utilisation anarchique des ressources souterraines.

90% des 10.000 premiers ha exploités par de petits agriculteurs
Ce chantier titanesque, lancé sous l’impulsion de SM le Roi, est bien plus qu’une prouesse technique. Il s’agit d’un tournant stratégique.

«Ce projet, qui fut un rêve, est devenu aujourd’hui une réalité palpable», a déclaré le ministre, soulignant la portée sociale de l’initiative.

«90% de ces 10.000 premiers ha sont exploités par de petits agriculteurs, possédant moins de cinq ha. L’objectif principal est de les aider à préserver leur activité agricole et leurs moyens de subsistance», a-t-il précisé.

En fournissant une eau sous pression directement aux parcelles, le projet lève un obstacle majeur pour les petits exploitants, leur permettant d’envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Un avenir durable et sécurisé
Fortement attendu, ce projet marque le début d’une nouvelle ère pour la plaine de Saïss. En réduisant la pression sur la nappe phréatique, il assure non seulement la survie de l’agriculture irriguée mais ouvre aussi la voie à une intensification durable, à la diversification des cultures et à la création de plus de 10.000 emplois stables.

La pertinence de cette vision a été reconnue internationalement, le projet ayant bénéficié du soutien de la BERD (50 millions d’euros) et du Fonds vert pour le climat ainsi que de celui de l’Union européenne.

Il a également reçu le prix du «Meilleur projet d’adaptation au changement climatique» décerné par la BERD. Pour la plaine de Saïss, l’eau qui coule aujourd’hui n’est pas seulement destinée à l’irrigation, c’est celle de l’espoir, de la résilience et d’un avenir enfin sécurisé.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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