Finances publiques : l’accélération des dépenses creuse le déficit

Le déficit budgétaire a atteint 22,9 MMDH à fin mai en raison de l’augmentation des dépenses. C’est ce qui se dégage du dernier Bulletin mensuel de statistiques des finances publiques (BMSFP) de la Trésorerie générale du Royaume. Ce déficit et d’autres opérations financières ont généré un besoin de financement global de l’ordre de 44,6 MMDH à cette date.
Un déficit significatif du solde budgétaire de l’État. C’est ce que relève le dernier Bulletin mensuel de statistiques des finances publiques (BMSFP) de la Trésorerie générale du Royaume (TGR) pour mai 2025. Le déficit global à cette date atteint 22,9 milliards de dirhams (MMDH), ce qui représente plus du double de celui enregistré à la même période en 2024 (11,2 MMDH).
Ce solde négatif résulte de la différence entre les recettes encaissées et les dépenses émises. Il est important de noter, comme le précise la TGR, que ce déficit tient compte d’un solde positif cumulé de 14,1 MMDH provenant des Comptes spéciaux du Trésor (CST) et des Services de l’État gérés de manière autonome (SEGMA).
En 2024, le déficit était, comme indiqué ci-dessus, de 11,2 MMDH, avec un solde positif de 12,3 MMDH dégagé par les CST et SEGMA. La comparaison entre les deux déficits (22,9 MMDH et 11,2 MMDH) révèle une augmentation de 11,7 MMDH sur un an. Cela traduit une accélération des pressions sur les finances publiques dès les premiers mois de l’année 2025, contribuant ainsi à creuser le déficit du Budget général de l’État.
L’analyse des composantes recettes et dépenses dudit budget est essentielle pour comprendre l’origine de ce déficit. Pour ce qui est des recettes ordinaires, elles ont progressé de 19,6% à fin mai, atteignant 171,4 MMDH.
Les dépenses ont augmenté à un rythme encore plus rapide
Cette amélioration des recettes ordinaires s’explique par l’augmentation des impôts directs (+32,2%), des droits de douane (+0,4%), des impôts indirects (+9,5%), des droits d’enregistrement et de timbre (+7,3%) et des recettes non fiscales (+24,7%).
Dans le détail, les recettes fiscales brutes ont été de 150,9 MMDH contre 126,8 MMDH à fin mai 2024, en augmentation de 19% ou 24,1 MMDH. Cette évolution résulte de la hausse des recettes douanières de 6,1% et de la fiscalité domestique (+25,4%).
Toutefois, malgré cette augmentation des recettes ordinaires (28,1 MMDH), le déficit global s’est creusé, les dépenses ayant augmenté à un rythme encore plus rapide. Les dépenses émises au titre du Budget général ont connu une augmentation globale de 23,8% à fin mai, atteignant 232,8 MMDH contre 188 MMDH en 2024. Les principaux moteurs de cette progression des dépenses sont la forte hausse des remboursements fiscaux (TVA et IS), l’accélération des dépenses d’investissement et l’augmentation des charges de la dette (amortissements et intérêts), surtout de la dette intérieure.
Les engagements de dépenses, y compris celles non soumises au visa préalable d’engagement, se sont élevés à 405,7 MMDH, représentant un taux global d’engagement de 44% contre 43% à fin mai 2024 et un taux d’émission sur engagements de 78% contre 75% un an auparavant.
Un besoin de financement de 44,6 MMDH
Ce déficit de 22,9 MMDH, cumulé à d’autres opérations financières, a généré un besoin de financement global de 44,6 MMDH à fin mai 2025. Un montant considérablement plus élevé qu’en 2024 (22,9 MMDH).
Pour couvrir ce besoin, le Trésor a eu recours au financement extérieur avec un flux net positif de 20,8 MMDH, contre seulement 1,3 MMDH en 2024. Ceci s’explique par des tirages bruts sur la dette extérieure de 32,8 MMDH (contre 11,5 MMDH en 2024), principalement provenant du marché financier international (20,9 MMDH) et du FMI (4,8 MMDH), malgré des remboursements du principal en hausse (12 MMDH contre 10,2 MMDH).
Pour le financement intérieur, le montant net est de 23,8 MMDH, en légère hausse par rapport aux 21,6 MMDH de 2024. Ce recours a été réalisé malgré une baisse des levées nettes sur le marché des adjudications (17,4 MMDH contre 31,2 MMDH en 2024, compensée par d’autres facteurs de financement intérieur.
Le besoin de financement accru a donc été couvert de manière disproportionnée par le recours à l’endettement extérieur en 2025 par rapport à 2024. L’évolution de ces tendances au cours des prochains mois sera déterminante pour évaluer la trajectoire du déficit et de la dette publique du Maroc pour l’ensemble de l’exercice budgétaire.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO