Maroc

Filière avicole : une stabilisation des prix en vue

Alors que le Brésil fait face à un cas de grippe aviaire dans une ferme commerciale, plusieurs pays ont suspendu leurs importations. De son côté, le Maroc reste largement épargné. Protégé par une filière avicole autosuffisante et peu exposée aux flux brésiliens, le marché national ne subit aucun contrecoup. Mieux encore, après une année 2024 marquée par une flambée des prix, la tendance s’oriente désormais vers une stabilisation.

C’est la panique dans le secteur avicole. Le Brésil, premier exportateur mondial de viandes, fait face à une onde de choc sanitaire et commerciale. Mercredi, les autorités brésiliennes ont confirmé un premier cas de grippe aviaire hautement pathogène (H5N1) dans une ferme commerciale située à Montenegro, dans l’État de Rio Grande do Sul.

Cette annonce a aussitôt déclenché une série de suspensions d’importations de la part de plusieurs partenaires internationaux. Si la Chine, l’Union européenne, l’Afrique du Sud ou encore le Maroc ont réagi sans modifier leurs protocoles, en maintenant ou réaffirmant les restrictions déjà en place, cette alerte rappelle à quel point l’économie mondiale demeure vulnérable aux crises sanitaires. Pourtant, dans ce contexte tendu, le Maroc semble tirer son épingle du jeu.

Pas d’impact
Contrairement à d’autres pays plus exposés à la volaille brésilienne, le Maroc ne devrait connaître aucune perturbation sur son marché intérieur. D’ailleurs, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) se veut catégorique.

«Le Royaume n’est pas concerné par cette crise. Les importations de volaille qui proviennent du Brésil se font rares, voire inexistantes», assure son président, Youssef Alaoui.

Et de préciser que seuls quelques produits transformés peuvent ponctuellement transiter, sans pour autant constituer une dépendance structurelle.

Selon lui, la suspension décidée par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) est «une mesure de précaution légitime dans un pays ouvert aux importations».

De fait, le Maroc a bâti un modèle d’approvisionnement fondé sur des sources diversifiées et géographiquement plus proches. Ce sont principalement des poussins de reproduction, communément appelés «parentaux», qui sont importés pour la production locale.

L’Espagne constitue le principal fournisseur, suivie de la France et, de manière plus ponctuelle, des États-Unis, notamment pour la dinde. En 2024, ces importations ont atteint 4,245 millions d’unités, en hausse de 13 % par rapport à l’année précédente. Les dindonneaux, quant à eux, ont légèrement reculé, s’établissant à 154.000 unités (-3 %).

Une dynamique de reprise attendue
Une organisation maîtrisée des importations qui, toutefois, ne suffit pas à atténuer les effets d’une conjoncture aujourd’hui marquée par une baisse des prix et une rentabilité en berne pour les producteurs. En effet, au-delà des considérations sanitaires, le secteur avicole marocain doit composer avec une réalité économique plus complexe. Si l’année 2024 a été marquée par une envolée des prix, mettant en difficulté aussi bien les producteurs, le début de l’année 2025, lui, s’est inscrit sous le signe d’une détente.

Actuellement, les prix départ ferme pour la volaille se situent entre 13 et 14 dirhams le kilo vif, un niveau jugé trop bas par les éleveurs, qui vendent à perte. Mais la tendance pourrait s’inverser. L’annulation d’Aïd Al Adha, qui occasionne une forte consommation de viande ovine, devrait mécaniquement doper la demande en volaille, une viande plus abordable pour les petites bourses.

«Généralement, pendant la période de la Fête du sacrifice, la demande de volaille chute, et avec elle les prix. Cette année, c’est différent. Nous espérons une stabilisation du marché entre 15 et 16 dirhams le kilo vif, un niveau plus soutenable pour les producteurs avec une demande au rendez-vous, notamment avec la période estivale, qui connait un pic de la consommation», aspire Youssef Alaoui.

L’évolution du prix des œufs, corrélée à celle de la volaille, devrait suivre la même logique haussière, portée par cette demande additionnelle. Malgré ces soubresauts, le secteur avicole national fait preuve d’une résilience remarquable.

La FISA indique que les capacités de production tournent actuellement à plein régime. L’autosuffisance du pays est assurée, à telle enseigne que le pays parvient même à exporter une partie de sa production. Chaque semaine, c’est l’équivalent d’un million de poussins qui sont ainsi expédiés vers les marchés ouest-africains.

À noter qu’en 2024, les exportations de poussins de chair ont bondi de 125%, tandis que celles d’œufs à couver de chair progressaient de 15%. Si la grippe aviaire au Brésil a mis en lumière la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales, elle a aussi révélé les atouts d’un modèle marocain structuré, localisé et adapté aux réalités régionales.

À l’heure où les marchés internationaux naviguent à vue, le Royaume peut compter sur un secteur avicole robuste, à même d’absorber les chocs sans compromettre ni la sécurité alimentaire ni la stabilité des prix.

Youssef Alaoui
Président de la FISA

«Généralement, pendant la période de la Fête du sacrifice, la demande de volaille chute, et avec elle les prix. Cette année, c’est différent. Nous espérons une stabilisation du marché entre 15 et 16 dirhams le kilo vif, un niveau plus soutenable pour les producteurs, avec une demande au rendez-vous, notamment avec la période estivale, qui connait un pic de la consommation.»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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