Tourisme. Mohamed Semlali : “Les prix du Hajj ont connu une hausse de 5 à 10%”

Mohamed Semlali
Président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM)
Alors que l’opération de convoyage des pèlerins marocains pour le Hajj 1446 bat son plein, le président de la Fédération nationale des agences de voyages, Mohamed Semlali, fait le point sur l’évolution du business du Hajj. Depuis la pandémie de covid-19, les packages du Hajj ne cessent d’augmenter. Interview.
Comment se déroule l’opération pour le Hajj de l’année 1446 pour les agences de voyages ?
Jusqu’à présent, tout se passe très bien. L’opération se déroule normalement, comme à l’accoutumée. Comme vous le savez, le Hajj est un événement qui se prépare tout au long de l’année, et en continu. Nous avons donc l’habitude de prendre les devants. Ceci dit, ce qu’il faut vraiment souligner pour les pèlerins, c’est qu’il y a une hausse des prix des prestations.
Malheureusement, c’est un paramètre qui ne dépend pas de nous, agences de voyages, mais plutôt de nos partenaires saoudiens et de leurs prestataires en Arabie Saoudite.
Les tarifs du Hajj sont déterminés par certains critères tels que le pack choisi sur les Lieux saints, l’aérien et les hôtels sur place. Je peux dire que cette année, nous avons observé une hausse de 5 à 10% des prix du Hajj. C’est dommage de le dire, mais c’est un segment qui évolue énormément en fonction de l’offre et de la demande. Et depuis la pandémie de Covid-19, nous assistons à une hausse continue de ces prix.
Quels sont les offres qui sont le plus touchées par cette hausse des packages cette année ?
Globalement, tous les produits sont en hausse. Pris un à un, je peux dire que les packages sociaux sont moins concernés par les augmentations. Et le plus souvent, au Maroc, les deux tiers des 34.000 pèlerins sont transportés par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Donc, à ce niveau, nous pouvons dire que ce sont des évolutions plutôt minimes.
Par contre, pour ce qui est des autres packages, notamment les packages luxes et autres VIP, les augmentations sont très importantes. Par exemple, un pèlerin qui choisit de loger dans un hôtel 5 étoiles durant tout son séjour aux Lieux saints, aura à payer 10% plus cher que les années précédentes. Les packages qui coûtaient dans les 95.000 DH, il y a à peine cinq ans, se vendent désormais à partir de 150.000 ou 160.000 DH. C’est une hausse qui ne s’arrête pas et qui est graduelle.
Est-ce vous, les agences de voyages, qui augmentez vos marges, ou le problème se trouve-t-il ailleurs ?
Comme je l’ai dit, la fixation des prix des packages ne dépend pas forcément des agences de voyages. Chaque année, ce sont nos partenaires saoudiens qui établissent différents packages, allant de A à D, par exemple. Ils ont une plateforme qui se nomme «Massar» et c’est là qu’il faut tout choisir.
Le plus souvent, dans le cas du Maroc, les packages A et D sont ceux destinés aux agences, car ils sont prévus pour la clientèle haut de gamme. Et c’est à partir de là que le prix final est fixé. Il est vrai qu’en tant que voyagistes, nous sommes obligés de prendre en considération le facteur de rentabilité de nos activités.
Il y a une logique commerciale qui est nécessaire, mais, au départ, c’est au niveau des prestataires saoudiens que l’évolution des prix est fixée. Comme je l’ai dit, depuis la covid-19, nous assistons à une très forte demande et, par conséquent, la logique de la loi de l’offre et de la demande s’applique. Et comme vous le constatez, c’est le pèlerin qui se retrouve finalement à en payer le prix.
Cela dit, est-ce que le Hajj est un produit rentable pour les agences de voyages marocaines ?
Vous savez, on ne peut pas parler d’agences de voyages spécialisées uniquement dans le Hajj ou la Omra. Une agence de voyages reste une agence de voyages. Par conséquent, elle adresse ses services à tout ce qui est relatif au voyage.
De la même manière dont nous travaillons pour convoyer les pèlerins vers les Lieux saints de l’islam, c’est de cette même façon que nous travaillons pour faire venir des touristes au Maroc. La Omra, par exemple, est un produit touristique comme tous les autres. Sauf qu’il s’agit d’un tourisme religieux. C’est tout ceci qui contribue à faire le business d’une agence de voyages.
La différence pour le Hajj, c’est simplement que c’est une opération particulière, qui exige d’être labellisé auprès du ministère du Tourisme, après avoir réussi à remplir un certain nombre de critères de qualité et de prestations, exigés dans ce cas très particulier.
Une modification de taille a été apportée au circuit pour les pèlerins marocains. Comment cela risque-t-il d’impacter les opérations sur place ?
Vous faites référence à la décision, prise l’année dernière par le Conseil supérieur des oulémas du Maroc, de dispenser les pèlerins marocains de passer le huitième jour du mois sacré de Dou Al Hijja au niveau de Mina, et d’aller directement à Arafat le neuvième jour.
À vrai dire, c’est une très bonne décision qui simplifie les opérations pour les organisateurs et pour les voyagistes, mais aussi pour les pèlerins. Car les différentes étapes exigent des déplacements fréquents pour les délégations, et franchement, pour qui connait le Hajj, ce n’est pas très facile sur place.
C’est donc une décision que nous saluons et qui, certainement, va nous aider à mieux soulager les pèlerins sur place, en contribuant à une meilleure organisation..
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO