Maroc

Idriss Lingé : “Un nouveau chapitre s’ouvre pour la BAD”

Idriss Lingé
Directeur des Rédactions de Media Mania

Que retenir des deux mandats du nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement, et, surtout, quelles sont les chances des candidats à sa succession et quelles sont les perspectives pour l’institution financière panafricaine ? Dans cette interview, le journaliste Idriss Lingé, spécialiste de la finance et de l’économie africaine, apporte des réponses.

Dans quel contexte se tiennent les Assemblées générales 2025 de la Banque africaine de développement ?
Les Assemblées annuelles 2025 de la Banque africaine de développement (BAD), qui se tiendront du 27 au 31 mai à Abidjan, marquent un tournant pour l’institution. Après dix ans à la tête de la BAD, Akinwumi Adesina cède sa place, laissant un bilan impressionnant mais aussi des défis majeurs.

L’élection de son successeur, parmi cinq candidats, intervient dans un contexte mondial instable, où l’Afrique doit repenser ses priorités économiques et climatiques. Il s’agit d’un environnement qui attire l’attention et qui nous permet, en cet événement crucial, de jeter un regard sur les avancées réalisées durant les deux mandats du nigérian Adesina.

Justement, comment jugez-vous le bilan des deux mandats du président Adesina à la tête de la BAD ?
Adesina a transformé la BAD en une force majeure du développement africain. Sous son mandat, le capital de l’institution a grimpé de 93 à 318 milliards de dollars, permettant des projets ambitieux comme la connexion de 25 millions de personnes à l’électricité et des corridors routiers reliant le Nigeria à la RDC. Ses «High Five» (énergie, agriculture, industrie, intégration, qualité de vie) ont touché 335 millions d’Africains. Malgré des accusations de favoritisme en 2020, vite dissipées, son leadership a renforcé la crédibilité de la BAD.

Après cette transformation et cette crédibilité renforcée, que dire des différents candidats en lice pour lui succéder ?
Cinq candidats briguent la présidence : Amadou Hott (Sénégal), partisan d’une BAD moderne et proche du privé; Sidi Ould Tah (Mauritanie), axé sur la résilience climatique ; Samuel Munzele Maimbo (Zambie), technocrate favori des actionnaires occidentaux ; Mahamat Abbas Tolli (Tchad), centré sur l’énergie verte; et Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud), qui prône l’inclusion et l’égalité de genre.

L’élection, prévue le 29 mai, sera influencée par les 40% de droits de vote des pays non-africains. Globalement, on peut dire que Hott est plutôt proche d’Adesina et s’inscrit dans une certaine continuité, tout en axant davantage sur les défis majeurs du continent. Il en est de même pour le candidat mauritanien. On attendra de voir sur qui portera le choix des actionnaires de la BAD.

Quels sont les défis  à relever pour le prochain président de la BAD dans ce contexte actuel ?
Le futur président héritera de défis colossaux. La pauvreté touche encore 700 millions d’Africains, et le changement climatique frappe durement le continent, avec des inondations dévastatrices au Nigeria et en RDC. La BAD devra soutenir la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour un marché unifié et diversifier les partenariats face au protectionnisme mondial, notamment celui de l’administration Trump. La résilience économique et climatique sera au cœur des débats.

Donc, on comprend bien que ces AG de la BAD sont plus qu’une simple élection, les défis demeurent….
Certainement. Ces Assemblées Annuelles ne se résument pas à une passation de pouvoir. Elles dessineront l’avenir de la BAD face à un monde en mutation. Comme je l’ai souligné, les défis climatiques, mais aussi ceux relatifs aux chamboulement politiques et économiques sur la scène internationale sont des éléments à prendre en considération. Le successeur d’Adesina devra conjuguer ambition et pragmatisme pour faire de l’Afrique un acteur autonome et résilient. Comme l’a dit Adesina, «le développement de l’Afrique passe par les Africains eux-mêmes».

BAD : Adesina défend son programme «High 5»

Le programme «High 5» de la Banque africaine de développement (BAD), lancé en 2015, a impacté la vie de plus de 565 millions de personnes, a fait savoir, lundi, à Abidjan, le président de la Banque, Akinwumi Adesina.

«Grâce à des investissements dans l’énergie, la sécurité alimentaire, l’industrialisation, l’intégration régionale et des initiatives visant à améliorer la qualité de vie des populations africaines, la vie de plus de 565 millions de personnes a changé à jamais», a dit Adesina lors d’une rencontre avec la presse, à l’occasion des Assemblées annuelles de la BAD qui se tiennent du 26 au 30 mai à Abidjan.

Au-delà des chiffres, les «High5» ne sont pas juste des priorités, mais des fondements de la transformation des économies africaines, a-t-il noté. «Alors que je m’apprête à passer le relais, je le fais avec confiance. Je suis fier de laisser derrière moi une institution financière très solide, capable de résister aux crises», s’est félicité Adesina.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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