Croissance : le FMI revoit à la baisse ses prévisions pour l’Afrique !

Alors que la BAD se cherche un nouveau président et que son patron sortant défend son bilan, le Fonds monétaire international est venu crisper l’ambiance, en abaissant ses prévisions de croissance pour l’Afrique subsaharienne pour 2025 et 2026.
C’est une sortie qui pouvait attendre, ou qui refroidit plus d’un à Abidjan, où se tiennent les assemblées annuelles de la BAD. En effet, c’est dans ce contexte d’effervescence de l’élite économique africaine sur le choix du prochain patron de la BAD que le FMI est sorti de sa réserve pour annoncer ses prévisions de croissance pour l’Afrique subsaharienne.
Des prévisions revues à la baisse, en raison de plusieurs facteurs, allant des impacts encore palpables du conflit russo-ukrainien, aux coûts d’emprunt élevés et au maintien des droits de douane américains. Ainsi, pour l’Afrique subsaharienne, le Fonds prévoit une croissance de 3,8% (au lieu de 4,2%) cette année et de 4,2% (au lieu de 4,4%) pour 2026.
« Depuis le Covid, la région a connu une succession de chocs. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a entraîné une forte hausse des prix des denrées, les taux directeurs américains ont augmenté et il y a un accroissement de l’incertitude depuis l’annonce des droits de douane américains», a souligné à Abidjan, Amadou Sy, directeur des études au département Afrique du FMI.
L’effet Trump
En imposant des tarifs douaniers d’au moins 10% sur la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, le président américain Donald Trump fait peser une menace d’un ralentissement économique général.
«Cela nous a poussés à réviser notre taux de croissance, notamment à cause des effets indirects», des droits de douane, ajoute Amadou Sy.
Le responsable cite notamment «le ralentissement de la demande globale» qui touchera par ricochet l’Afrique, mais aussi «la baisse des cours des matières premières» pour des pays qui en sont producteurs et «le coût des financements qui reste trop élevé», avec des taux américains toujours supérieurs à 4%.
Dans un rapport publié fin avril, le FMI avait également alerté sur le fait que la prospérité du continent «dépendra du maintien des aides extérieures», à l’heure où les Etats-Unis ont annoncé la suspension de l’essentiel de leur aide étrangère.
Résilience
En tout cas, le FMI met en garde contre les conséquences de cette décision sur des pays qui font face «à des défis énormes» en matière «de santé, d’éducation et même d’infrastructure», et qui comptent sur cette aide pour compléter leurs budgets.
«Les autorités devront de plus en plus s’appuyer sur les sources de vigueur et de résilience de leurs pays et accroître les recettes intérieures, améliorer l’efficience des dépenses et renforcer la gestion des finances publiques et les cadres budgétaires pour abaisser les coûts d’emprunt», affirme le FMI dans son rapport.
Il reste à savoir comment justement les Etats africains entendent réagir par rapport à ce changement brusque et brutal sur le contexte international, mais aussi son impact sur les matières premières, principales sources d’exportations pour l’Afrique.
La BAD demeure optimiste
La Banque africaine de développement est plutôt optimiste quant à la reprise de la croissance en Afrique pour la période 2025-2026. Les résultats de son dernier rapport annonçaient une croissance du PIB de 4,25% pour l’ensemble de l’Afrique sur cette période.
Dans le même document, la banque estime la croissance moyenne du PIB réel à 4,55% pour l’Afrique de l’Ouest, à 4% pour l’Afrique Centrale, à 4,05% pour l’Afrique du Nord et à 3,05% pour l’Afrique Australe.
Selon l’institution financière de développement, avec une croissance du PIB annuel moyen de 5,7% sur la période 2025-2026, l’Afrique de l’Est sera la zone économique la plus performante du continent.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO