Maroc

Justice et sécurité : ce que change la visite de Darmanin au Maroc

Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, a effectué le 10 mars une visite officielle au Maroc. Cette visite, marquée par la signature d’une déclaration conjointe avec son homologue Abdellatif Ouahbi, renforce la coopération judiciaire bilatérale, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la modernisation des systèmes judiciaires.

Le 10 mars 2025, la visite officielle du ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, au Royaume du Maroc a marqué une étape significative dans le renforcement des relations bilatérales entre les deux nations. Cette visite s’inscrit dans une dynamique de consolidation du partenariat stratégique et historique qui unit les deux pays depuis de nombreuses années.

À la tête d’une délégation de haut niveau, Darmanin a rencontré plusieurs responsables marocains, dont son homologue Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, Mohamed Abdennabaoui, premier président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), ainsi qu’El Hassan Daki, procureur général du Roi près la Cour de cassation et président du Ministère public.

Le point culminant de cette visite a été la signature d’une déclaration conjointe visant à renforcer la coopération entre les deux pays dans les domaines juridique et judiciaire. Cette déclaration est l’aboutissement des échanges qui avaient débuté lors de l’élaboration du plan d’action signé le 31 mai 2024, lequel intègre des priorités stratégiques d’une importance capitale pour les deux nations.

Lors de sa visite, Darmanin a souligné que «la coopération judiciaire et juridique entre le Royaume du Maroc et la République française a toujours été un pilier des relations bilatérales». Il a également mis en avant le fait que les récentes visites de hauts responsables français au Maroc illustrent «le partenariat renforcé et renouvelé» entre les deux pays qui partagent une histoire commune ainsi que des liens de fraternité et de solidarité très importants.

Lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée: une priorité stratégique commune
Un axe majeur de cette coopération renforcée concerne la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Les deux ministres ont souligné l’importance stratégique de cet axe, qui représente une menace majeure tant sur le plan national qu’international. Il affecte par ailleurs, de manière significative, la souveraineté, la sécurité, l’économie, l’environnement et le développement des deux nations.

Darmanin a qualifié d’ «excellente» la coopération bilatérale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, se félicitant du travail «exceptionnel» réalisé par le Maroc en matière d’échange d’informations et de renseignements pour mieux faire face à la radicalisation.

«Nous travaillons ensemble pour éviter des attentats qui toucheraient le Maroc ou la France et gérer un certain nombre de personnes, qui sont parties sur un théâtre de guerre, comme évidemment celui de l’organisation de l’État islamique, ou qui sont dans nos prisons respectives», a-t-il expliqué.

Le ministre français a tenu à remercier «énormément les services sécuritaires marocains pour tout le travail qu’ils nous apportent pour la sécurité de la France et des Français». Il a souligné l’importance de maintenir cette coopération en matière d’échange d’informations qui «permet d’éviter des drames aussi bien en France qu’au Maroc».

Au-delà du terrorisme, les deux ministres ont reconnu que la criminalité organisée constitue un défi majeur aux niveaux national et international. La capacité d’adaptation des réseaux criminels, la diversité des modes opératoires et des secteurs d’activité illicites, ainsi que les profits considérables qu’ils génèrent, posent des défis complexes en matière de souveraineté, de sécurité, d’économie, d’environnement, de santé et de développement.

Dans cette perspective, ils ont réaffirmé leur volonté commune d’intensifier la lutte contre ces menaces en mobilisant les ressources humaines et les outils juridiques nécessaires. Lors de sa rencontre avec El Hassan Daki, les discussions ont porté sur les moyens de raffermir la coopération bilatérale, sur les plans juridique et technique, dans le domaine de la lutte contre le crime organisé et transfrontalier, notamment les crimes liés au terrorisme, au blanchiment d’argent et au trafic international de drogues et de psychotropes.

Les deux parties ont également évoqué la nécessité de consolider la coopération pour contrer les nouvelles formes de criminalité, en particulier celles relatives aux technologies de l’information et de la communication.

Modernisation du système judiciaire
Un autre axe important de cette coopération concerne la modernisation du système judiciaire et le renforcement de sa gouvernance. Les ministres ont convenu de l’importance de la formation continue des professionnels du secteur, de la mise en œuvre de programmes dédiés à l’amélioration de la gestion administrative et du développement législatif, ainsi que de l’échange d’expertise dans tous les domaines relevant de la justice.

Le partenariat prévoit le développement de programmes de formation destinés aux professionnels du droit et de la justice, ainsi que la mise en place d’initiatives portant sur la formation, la gestion administrative et l’évolution du cadre législatif. L’échange d’expertises et de bonnes pratiques sera au cœur de cette collaboration, avec pour objectif d’améliorer l’efficacité et la transparence des systèmes judiciaires des deux pays.

Darmanin a exprimé sa volonté de continuer à améliorer les conditions de travail des fonctionnaires des deux ministères, notamment en matière de numérisation et de modernisation du système judiciaire. Il a souligné que les deux ministères de la Justice veilleront également à simplifier la vie des ressortissants des deux pays, en accompagnant la mise en œuvre des réformes en matière civile et en améliorant leur rapport avec le service public de la justice.

Lors de sa rencontre avec Abdennabaoui, les deux parties ont examiné les moyens de renforcer la coopération judiciaire entre les deux pays. Ceci passe par la tenue de conférences et de séminaires conjoints sur la criminalité organisée et la lutte contre le terrorisme, outre la consolidation de la coopération en matière de formation et d’échange des expertises entre les magistrats. Il a également été convenu d’activer la convention de jumelage entre les Cours de cassation des deux pays.

Amélioration des conditions de vie des ressortissants et coopération civile
Un aspect important abordé lors de cette visite concerne l’amélioration des conditions de vie des ressortissants des deux pays.

Ouahbi a souligné que «nous avons également examiné les moyens à même de faciliter le quotidien des Marocains résidant en France, notamment en matière de statut personnel et de droits de la famille».

Concernant la coopération civile, qui touche au quotidien des citoyens français et marocains à travers des questions comme les mariages, les divorces, la représentation des enfants et l’héritage, Darmanin a reconnu qu’il s’agit d’un domaine qui nécessite encore des améliorations.

Ouahbi a relevé en marge de cette rencontre que la signature de la déclaration conjointe ouvrira également la voie au réexamen de certains accords, notamment celui qui réglemente le rôle des avocats tant en France qu’au Maroc, afin de déboucher sur un équilibre à ce sujet.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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