Maroc

Secteur pharmaceutique : vers un nouveau bras de fer ?

Alors que la réforme du secteur pharmaceutique marocain semblait en bonne voie après des années de négociations, un nouvel épisode vient raviver les tensions. Les quatre centrales syndicales, convaincues d’avoir finalisé leur dossier revendicatif avec le ministère de la Santé, ont été confrontées à un refus inattendu. Le nouveau directeur de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé a opté pour des rencontres séparées, en lieu et place d’une audience collective. Face à cette impasse, la menace d’une nouvelle mobilisation plane à nouveau sur un secteur déjà fragilisé par la crise et les pénuries de médicaments.

Dans les coulisses du secteur pharmaceutique, la frustration monte. Lundi, les représentants des quatre centrales syndicales des pharmaciens se sont rendus au siège de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé (AMMPS), convoqués pour une réunion cruciale. Mais au lieu d’une rencontre commune, comme le demandait le front syndical, chacun s’est vu attribuer un rendez-vous séparé. Une stratégie perçue comme une tentative de division, qui a immédiatement mis le feu aux poudres.

Tensions croissantes
Selon une source proche du dossier et qui requiert l’anonymat, lorsque les centrales syndicales se sont présentées au même moment, le directeur de l’AMMPS, Samir Ahid, a refusé de les recevoir ensemble. Ces dernières ont donc claqué la porte, dénonçant ainsi une remise en cause de l’accord conclu en avril 2023 avec le ministère de la Santé. Un accord pourtant clair, après des années de turbulences, le gouvernement et les syndicats s’étant mis d’accord sur un plan de réforme du secteur pharmaceutique. Toutes les discussions avaient été tenues et les ajustements apportés.

«Cela fait près d’un an qu’un travail d’arrache-pied est mené pour proposer des mesures adaptées répondant aux 13 revendications formulées auprès de l’ancien ministre. Des revendications qui, par ailleurs, ne nécessitent pas de subventions de l’État. Elles ne consistent qu’à structurer le secteur dont la loi le régissant date de 1922», confie notre interlocuteur.

En effet, il ne restait plus que la mise en application qu’il fallait valider avec la tutelle. Mais voilà que le nouveau directeur de l’Agence du médicament choisit de jouer une autre partition, refusant une audience collective, provoquant de ce fait l’ire des pharmaciens. Ceux-ci n’ont pas tardé à réagir et à manifester leur colère en adressant une demande de rencontre en urgence avec le chef du gouvernement, en sa qualité de superviseur direct de l’AMMPS.

Cette démarche vise à obtenir une intervention immédiate afin de mettre un terme aux tensions internes que connaît actuellement ce secteur.

«Cette situation ne fait que renforcer notre détermination à exiger de l’agence qu’elle respecte le principe de continuité du service public et applique les politiques publiques sans hésitation ni retard. Tout manquement à cet égard menace non seulement la stabilité des pharmacies, mais aussi la qualité des services fournis aux citoyens. Cette démarche rappelle des scénarios anciens que nous avions dépassés depuis des années. Elle risque de ramener le secteur à la case départ, compromettant ainsi les efforts des syndicats et les acquis de la profession, notamment l’accord de l’ancien ministre pour la mise en œuvre des revendications», lit-on dans une communication paraphée par les centrales syndicales concernées dont nous détenons copie.

Pour connaître la version des faits du côté de l’Agence, nous avons tenté à plusieurs reprises, sans succès, de contacter son directeur général, Samir Ahid.

Un dialogue rompu
Dans ce contexte, les quatre centrales syndicales annoncent également qu’elles seront contraintes, une fois de plus, d’intensifier leurs actions de mobilisation dans les jours à venir afin d’obtenir la mise en œuvre des réformes légitimes du secteur pharmaceutique. Elles rejettent toute approche visant à diviser les acteurs de la profession et les efforts syndicaux consentis.

D’ailleurs, pour mieux informer l’opinion publique, les syndicats comptent tenir une conférence de presse à Rabat, ce jeudi, durant laquelle l’état d’avancement des travaux relatifs au dossier revendicatif sera dévoilé. Pour rappel, le secteur pharmaceutique national traverse depuis des années une crise structurelle.

Entre fermetures de pharmacies, pression des prix et instabilité réglementaire, la profession n’a cessé d’alerter sur les risques qui pèsent sur l’accès aux médicaments et la viabilité économique des officines.

En avril 2023, après une grève nationale historique, les syndicats avaient obtenu la création d’une commission mixte et la promesse d’une mise en œuvre rapide des réponses à leurs revendications. Une démarche qui ne s’inscrit plus dans la continuité. La grogne des pharmaciens est donc telle qu’ils n’écartent pas l’éventualité d’une autre mobilisation.

À noter que ces faits sont survenus dans un contexte tendu, notamment avec la pénurie de médicaments dont pâtit le marché actuellement. Une problématique à laquelle seule l’agence dédiée est en mesure de remédier, selon les professionnels concernés.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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