Industrie automobile : le Maroc évolue à vitesse grand V
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L’industrie automobile marocaine poursuit sa montée en puissance et s’impose comme un acteur incontournable sur la scène internationale. Porté par un écosystème industriel complet, des exportations en forte hausse et des investissements stratégiques, notamment dans les véhicules électriques et les infrastructures dédiées, le secteur automobile devient un moteur clé de la croissance économique du pays.
Dans sa deuxième monographie sectorielle dédiée au secteur automobile, le Conseil de la concurrence décortique l’écosystème et ses impacts sur l’économie. Le rapport démontre également la montée en puissance du secteur vers de nouveaux segments en vogue à l’échelle de la planète.
Positionnement stratégique
Avec une production de véhicules de 535.825 unités en 2023, soit une évolution de 15,2% – dépassant ainsi la production de véhicules de la Roumanie qui est le 6e producteur de véhicules de l’UE – le Maroc consolide sa position à l’échelle internationale et notamment africaine. 2e producteur de véhicules sur le continent, derrière l’Afrique du Sud, le Royaume affiche une meilleure dynamique durant la période 2019-2023. En effet, la production nationale annuelle a augmenté de 70.000 véhicules, tandis que celle de l’Afrique du Sud a quasi stagné sur la même période.
À noter d’ailleurs que le Royaume pourrait ravir la première place à son concurrent dès 2024. La bonne performance de cette filière est attribuée à la présence d’un écosystème automobile complet au Maroc. La présence d’usines de grands constructeurs et d’équipementiers mondiaux contribue à l’augmentation constante de la production de véhicules au niveau national.
L’industrie automobile a ainsi été un moteur de la hausse de l’indice de production des industries manufacturières (IPI) hors raffinage de pétrole, soit +5,8% au 2e trimestre 2024. L’engouement est tel qu’en 2023, le secteur automobile est devenu pour la première fois le premier secteur exportateur du Maroc avec des recettes record qui ont culminé à 141,7 milliards de dirhams, en hausse de 27,4% par rapport à 2022.
Les segments de la construction automobile et du câblage ont largement contribué à cette dynamique à l’export. Ils ont affiché des hausses respectives de 22,6% et 32,5% par rapport à 2022. L’industrie automobile étant étroitement liée au secteur de l’électronique/électricité, ce dernier a affiché une évolution positive de sa contribution à l’export (+28,4%), en particulier pour les segments des fils et câbles (+31,6%) et des appareils pour circuits électroniques (+35%). Les effets de cette croissance se sont fait sentir sur l’emploi, qui a évolué positivement, notamment dans trois régions.
Durant le 2e trimestre 2024, les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, de Casablanca-Settat et du Sud ont affiché des taux d’activité supérieurs à la moyenne nationale qui est de 44,2%, le taux d’activité le plus élevé du Maroc étant de 50,1%.
Engouement
Une avancée considérable a été réalisée avec l’ouverture de centres d’essais automobiles qui renforcent l’attractivité de la filière auto du Maroc pour les opérateurs internationaux. Et ce n’est pas tout. Pour suivre la tendance à l’international, à savoir la transition vers les véhicules électriques, des investissements colossaux sont consacrés aux batteries électriques qui en sont un composant essentiel.
En effet, il est estimé que le marché des batteries électriques devrait représenter une valeur annuelle de 250 milliards d’euros. Le rapport fait état de 52 opérations de concentration économique notifiées et autorisées par le Conseil de la concurrence entre 2021 et 2023. Les contrôles exclusifs et les co-entreprises ont représenté 86% des OCE du secteur de l’automobile.
Dans un autre registre, les analyses démontrent que le Maroc a le 3e taux de motorisation (TM) le plus élevé du continent. Par ailleurs, les infrastructures dont dispose le Royaume constituent un des facteurs d’attractivité pour le développement industriel, surtout que la politique engagée dans ce sens est vouée à évoluer davantage.
Toujours en termes d’infrastructures, 38 zones industrielles sont dédiées au secteur de l’automobile pour un accès optimisé au foncier industriel. Parmi les zones industrielles, le pôle Tanger Med Zone, Tanger Automotive City (TAC) et Tanger Free Zone (TFZ) sont des zones d’accélération industrielle qui attirent de nombreux investisseurs étrangers d’envergure grâce aux infrastructures modernes et aux avantages fiscaux, douaniers et de change qui sont offerts. Elles abritent des écosystèmes automobiles contribuant au développement des investissements et au développement régional. La ZAI TAC de Tanger concentre 50% des terrains et 5% de l’industrie du câblage. Elle propose 381 parcelles de terrains à la vente ou à la location dont 64% sont opérationnelles.
La ZLECAF, un puissant catalyseur
La mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) renforcerait notablement le commerce africain.
Selon le FMI (Fonds monétaire international), la réduction des droits de douane dans le cadre de la ZLECAF pourrait augmenter le flux médian des échanges entre pays membres de 15%, voire de 53% avec les mesures d’amélioration de l’environnement commercial. Les revenus attendus pour l’Afrique dans le cadre de la ZLECAF seraient en augmentation de 450 milliards de dollars d’ici à 2035, soit un gain d’environ 7%.
Cette zone de libre-échange permettrait de tripler la part des exportations intra-ZLECAF du Maroc dans les exportations du continent à l’horizon 2035. Dès 2027, le potentiel de croissance de l’industrie automobile dans le cadre de la ZLECAF est estimé à 40%, représentant un marché interafricain de 42,06 milliards de dollars. Ceci fait de l’Afrique une destination idéale pour l’investissement dans ce secteur.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO