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E-sport : comment l’industrie se structure au Maroc

Le Royaume s’impose progressivement comme un acteur émergent de l’industrie du gaming. Grâce à une jeunesse férue de nouvelles technologies, des infrastructures en développement et une stratégie gouvernementale volontariste, le Royaume ambitionne de structurer un véritable écosystème dédié aux jeux vidéo. Ce secteur en pleine effervescence représente non seulement un levier économique, mais aussi un moyen de promouvoir la culture marocaine à l’international.

La croissance du gaming à l’échelle mondiale s’explique par plusieurs facteurs : démocratisation de l’accès aux jeux grâce aux supports mobiles, montée en puissance de l’e-sport, et innovations technologiques comme l’intelligence artificielle. Le Maroc n’échappe pas à cette dynamique.

Selon Nissrine Souissi, chargée du développement de l’industrie du gaming au ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, le marché marocain du jeu vidéo est estimé à 2,24 milliards de dirhams. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour structurer un écosystème solide et compétitif à l’échelle internationale.

Un engouement porté par une jeunesse connectée
Le Maroc bénéficie d’une population jeune, férue de numérique et particulièrement sensible aux usages liés aux jeux vidéo.

«La jeunesse marocaine, comme ailleurs dans le monde, s’est emparée du gaming, qui fait aujourd’hui partie intégrante de son quotidien», explique Karin Houpillart, directrice de l’école ISART DIGITAL, partenaire du programme «Video Game Creator» de l’Université internationale de Rabat (UIR).

Le succès des jeux vidéo repose en grande partie sur leur accessibilité et leur dimension communautaire. Les compétitions d’e-sport attirent un nombre croissant de joueurs et de spectateurs, contribuant à l’essor du secteur. Le gaming est ainsi devenu un phénomène culturel et économique majeur, en constante évolution.

Un secteur attractif pour les investisseurs
L’industrie du gaming offre de nombreuses opportunités d’investissement. Avec plus de trois milliards de joueurs dans le monde, le marché est en constante expansion.

«Le Maroc dispose d’atouts culturels, artistiques et historiques indéniables qui ne demandent qu’à être mis en scène dans le jeu vidéo», souligne Karin Houpillart.

L’enjeu est d’internationaliser la production pour capter une audience mondiale. Conscient du potentiel économique du secteur, le gouvernement marocain a mis en place une stratégie de développement articulée autour de cinq axes : infrastructures d’accueil, formation, incubation et soutien aux startups, communication et promotion, et gouvernance.

L’organisation du salon «Morocco Gaming Expo» en 2024 à Rabat s’inscrit dans cette dynamique. Cet événement, sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, a permis de mettre en relation investisseurs étrangers et entrepreneurs marocains, favorisant ainsi l’essor du secteur.

Vers une structuration de l’écosystème marocain
La construction d’une cité du gaming à Rabat, dont les travaux débuteront en février 2025, marque une étape décisive dans l’institutionnalisation de l’industrie vidéoludique marocaine.

Cet espace, conçu pour répondre aux besoins spécifiques des acteurs du secteur, accueillera des studios de développement, des espaces de formation et des infrastructures dédiées aux entreprises marocaines et étrangères.

D’autres initiatives voient également le jour, notamment la mise en place de financements et de soutiens pour encourager les jeunes talents à se structurer en entreprises et à professionnaliser leur activité.

D’ici 2030, le gouvernement ambitionne la création de 6.000 emplois directs dans 70 métiers liés au gaming, allant de l’animation 2D et 3D à la programmation et la commercialisation.

L’intelligence artificielle, un moteur de transformation
L’industrie du gaming évolue au rythme des avancées technologiques, et l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle clé dans cette transformation.

«L’IA n’est pas une nouveauté dans le jeu vidéo, mais l’IA générative bouleverse les codes», précise Karin Houpillart.

Cette technologie permet de créer des expériences personnalisées, où les joueurs peuvent influer sur le déroulement de l’histoire, adapter leurs personnages et interagir plus librement avec l’environnement du jeu. Toutefois, cette évolution pose des défis en matière d’emploi et de réglementation.

Certains métiers traditionnels du secteur pourraient disparaître, tandis que de nouvelles compétences seront requises pour accompagner cette mutation. Le Maroc doit donc anticiper ces transformations en adaptant son offre de formation et en intégrant ces enjeux dans le développement de son industrie vidéoludique.

Un outil de valorisation du patrimoine culturel
Au-delà de son impact économique, le gaming constitue un puissant vecteur de diffusion culturelle. «Nous encourageons les jeunes à exploiter la richesse du patrimoine marocain dans leurs créations», affirme Nissrine Souissi.

Architecture, costumes traditionnels, paysages emblématiques : autant d’éléments qui peuvent être intégrés dans les jeux vidéo pour promouvoir l’identité marocaine à l’international. Les créateurs marocains ont déjà commencé à s’approprier cet héritage.

Certains jeux intègrent des références aux sites historiques du Royaume, tandis que d’autres s’inspirent du folklore et des traditions locales. Cette dimension culturelle pourrait constituer un atout différenciant sur le marché international et renforcer la visibilité du Maroc sur la scène vidéoludique mondiale.

Un avenir prometteur
L’essor du gaming au Maroc ouvre des perspectives inédites pour les jeunes talents, les investisseurs et les entrepreneurs.

Grâce à une stratégie ambitieuse et à des infrastructures adaptées, le Royaume se positionne progressivement comme un hub régional de l’industrie vidéoludique. La structuration de cet écosystème passera par une formation adéquate, une intégration des nouvelles technologies et une capacité à exporter des productions compétitives à l’échelle mondiale.

Le développement de la cité du gaming, l’organisation d’événements internationaux et l’accompagnement des startups sont autant d’initiatives qui dessinent l’avenir de cette industrie au Maroc. En mettant à profit son patrimoine culturel et en investissant dans l’innovation, le pays pourrait se hisser parmi les acteurs clés du gaming en Afrique et au-delà.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO



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