Conserves de tomates : le Maroc se protège contre les importations d’Égypte
Le Maroc impose un droit antidumping définitif de 29,93% sur les conserves de tomates égyptiennes pour une durée de cinq ans. Cette mesure, effective depuis le 24 décembre, vise à protéger l’industrie nationale face aux importations massives et à bas prix en provenance d’Égypte.
Depuis le 24 décembre, un droit antidumping définitif de 29,93% est appliqué sur les importations de conserves de tomates originaires d’Égypte, et ce, pour une durée de cinq ans.
Cette mesure fait suite à une enquête approfondie menée par le ministère de l’Industrie et du Commerce, révélant des pratiques de dumping ayant causé un préjudice important à la production nationale.
Cette décision de l’ADII concrétise l’arrêté conjoint des ministres de l’Industrie et du Commerce et de l’Économie et des Finances, publié au Bulletin officiel n° 7363 du 23 décembre 2024.
La requête à l’origine du droit antidumping
Ce texte fait suite à une enquête antidumping initiée le 7 août 2023 en réponse à une demande de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (FENAGRI), agissant au nom de trois industriels marocains, à savoir «Conserves de Meknès», «Conserveries marocaines Doha» et «Moroccan food processing».
Ces entreprises, qui représentent 96% de la production nationale de conserves de tomates, ont alerté les autorités sur la concurrence déloyale émanant des importations égyptiennes. Les conclusions de l’enquête ont confirmé la réalité des pratiques de dumping et permis de mettre en évidence les dommages subis par l’industrie nationale.
Cette mesure, initialement mise en place à titre provisoire le 31 mai 2024 par la circulaire n° 6569/211, est désormais pérennisée pour une période de cinq ans.
Importations égyptiennes en flèche
L’enquête antidumping a révélé l’évolution croissante des importations de conserves de tomates d’Égypte. En l’espace de quatre ans, celles-ci ont augmenté de près de 24%, passant d’un peu plus de 6.000 tonnes en 2019 à plus de 7.424 tonnes au troisième trimestre 2023, selon les données de l’Office des changes. L’augmentation est encore plus importante en valeur, qui a pratiquement doublé sur la même période, passant d’environ 75 millions de dirhams (MMDH) à plus de 146,8 millions.
Cette croissance massive des importations a provoqué une baisse de 14% des parts de marché de la production nationale, engendrant des effets négatifs sur les prix intérieurs, la production locale et la situation globale du secteur.
La FENAGRI a également souligné que l’écart de prix entre les conserves de tomates importées d’Égypte et les produits nationaux s’est creusé de manière significative, passant de 13% à 35% entre 2018 et 2022, mettant ainsi en lumière une concurrence déloyale.
Détermination de la marge de dumping
La méthodologie employée dans l’enquête antidumping est rigoureuse. En l’absence de coopération des producteurs-exportateurs égyptiens, la marge de dumping a été calculée à partir des meilleures informations disponibles.
La valeur normale a été déterminée à partir des prix «sortie usine» en Égypte, tandis que le prix à l’exportation a été établi sur la base des prix d’importation observés au Maroc. Après ajustement, la marge de dumping a été fixée à 29,93%, en pourcentage du prix à l’exportation.
L’analyse a également mis en lumière le lien de causalité direct entre les importations en dumping et le préjudice subi par l’industrie nationale. Les indicateurs tels que la part de marché, l’emploi et le retour sur investissement ont montré des signes de fragilité et de stagnation du fait de cette concurrence déloyale.
L’application de ce droit antidumping définitif devrait permettre de rétablir des conditions de concurrence équitables pour les producteurs marocains. Il vise à protéger les emplois et les investissements nationaux dans ce secteur.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO