Maroc

IPC : inflation contenue, mais panier sous tension

L’indice des prix à la consommation a progressé de 0,4% en juin, selon le HCP, tiré par la hausse des produits alimentaires. Une hausse modérée dans un climat globalement apaisé, mais encore traversé par des disparités sectorielles et régionales.

Le chiffre semble modeste, presque anodin. En juin 2025, l’indice des prix à la consommation (IPC) a progressé de 0,4% par rapport au mois précédent, selon le Haut-Commissariat au Plan. Mais derrière cette moyenne, se rejoue une tension bien réelle sur le panier de la ménagère, portée une nouvelle fois par la hausse des prix alimentaires.

En effet, les produits alimentaires ont connu une progression de 0,8% en un mois. Une évolution deux fois plus rapide que celle de l’indice global, portée par des hausses marquées sur plusieurs catégories sensibles. Les viandes affichent un bond de 4%, les poissons et fruits de mer grimpent de 3,9%, tandis que les prix du café, du thé et du cacao augmentent de 1,8%. Les fruits, eux aussi, enregistrent une hausse de 1,3%. Autant d’évolutions qui traduisent à la fois des tensions saisonnières, des ajustements logistiques et des effets de marché plus structurels.

À l’inverse, certains produits enregistrent des baisses notables. Les huiles et graisses reculent de 1,6%, les légumes de 0,6%, et le pain et les céréales de 0,4%. Ces baisses, bien que bienvenues, ne suffisent pas à inverser la perception générale d’un panier toujours instable, où les hausses ciblent souvent les produits les plus consommés.

Des prix globalement maîtrisés
En glissement annuel, l’IPC progresse également de 0,4%, conséquence d’une hausse de 0,8% des produits alimentaires et d’une très légère augmentation de 0,1% des produits non alimentaires. Cette dernière catégorie reste globalement stable, bien que certains postes, comme les carburants (+0,3% sur un mois), continuent de subir les soubresauts des marchés internationaux.

Les produits non alimentaires affichent des comportements différenciés. Si les prix du transport reculent de 3,4% sur un an, en partie grâce à la détente sur les carburants, d’autres postes comme la restauration et l’hôtellerie enregistrent une flambée de 3,8%, portée par la saison touristique et une reprise des services. Les biens et services divers grimpent également de 1,4%, ce qui montre que l’inflation ne se limite pas aux produits alimentaires et peut se diffuser, de manière plus insidieuse, à d’autres pans de la consommation quotidienne.

Sur le papier, l’inflation semble donc modérée. L’indice d’inflation sous-jacente, calculé hors produits à prix volatils et tarifs publics, n’a progressé que de 0,2% en juin et de 1,1% sur un an. Ce niveau reste en ligne avec la cible implicite des autorités monétaires et permet, pour l’heure, de rassurer les marchés et de maintenir le cap d’une politique monétaire prudente.

Une perception toujours fragile côté ménages
Mais cette accalmie statistique ne suffit pas à réconcilier les ménages avec leur pouvoir d’achat. La dernière note du HCP sur la confiance des ménages souligne une amélioration de l’indice global – passé de 46,6 à 54,6 points au deuxième trimestre – mais révèle également une défiance toujours massive à l’égard du niveau de vie.

Trois quarts des ménages affirment que celui-ci s’est dégradé au cours des 12 derniers mois, et 72% estiment que le moment est mal choisi pour acheter des biens durables.

Ce contraste entre les chiffres macroéconomiques et le ressenti au quotidien illustre une tension persistante entre relance et réalité sociale. Même lorsque les prix ralentissent, leur simple niveau ou leur variabilité continue d’alimenter un malaise perceptible dans la consommation.

«Une géographie contrastée des prix»

La hausse de l’indice des prix à la consommation n’a pas touché toutes les régions du Royaume de manière uniforme. En juin, les progressions les plus marquées ont été enregistrées à Laâyoune et Béni-Mellal, où l’IPC a grimpé de 1%, soit plus du double de la moyenne nationale. Juste derrière, Guelmim affiche une hausse de 0,9%, suivie de près par Oujda (+0,8%) et Meknès (+0,7%). Ces territoires apparaissent comme des zones de tension particulière sur les prix, notamment sur les produits alimentaires.

À Casablanca, l’inflation se situe exactement dans la moyenne nationale, avec une hausse de 0,4%, tandis que Rabat, Tétouan, Dakhla, Settat et Errachidia affichent une progression plus modérée de 0,3%. À l’opposé, deux villes sortent du lot en enregistrant un léger recul des prix : Kénitra et Safi, avec une baisse de 0,1%.

Cette géographie différenciée souligne l’influence de facteurs locaux, comme la structure des marchés, l’accessibilité logistique ou la variation des circuits d’approvisionnement, dans la formation des prix à la consommation.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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