Maroc

Fouzi Zemrani : “Il y a un gros risque d’ubérisation du secteur”

Fouzi Zemrani
Opérateur touristique.

La réforme du secteur des agences de voyage suscite de vives inquiétudes parmi les professionnels. Selon Fouzi Zemrani, opérateur touristique, cette mesure pourrait conduire à une « ubérisation » massive du secteur, et engendrer, in fine, l’érosion de la qualité des services. 

La dernière mouture de la loi portant sur la réglementation des agences de voyage passe mal auprès des professionnels. Pourquoi suscite-t-elle autant d’incompréhension ?
Aujourd’hui, avec la licence B, n’importe quel acteur peut se lancer dans le voyage. Par exemple, une grande surface pourrait ouvrir un bureau de voyage dans ses rayons, entre les légumes et les boissons, et proposer des voyages qu’on pourrait même gagner avec des points de fidélité. Ces grandes enseignes ont une force de frappe considérable. Leur clientèle, déjà présente dans leurs magasins, est immédiatement accessible. Cela pourrait déstabiliser les agences de voyage traditionnelles, qui n’ont pas les mêmes moyens pour attirer des clients.

Mais la loi ne vise-t-elle pas à protéger les consommateurs, justement ?
C’est ce qui est avancé, mais la loi précédente protégeait déjà le consommateur. En réalité, la nouvelle législation ne fixe pas d’exclusivité pour les opérateurs. Par exemple, quelqu’un peut ouvrir une agence de voyage tout en ayant un autre commerce. En parallèle, les obligations légales de création d’emplois ne sont pas clairement définies, ce qui permet aux acteurs de contourner certaines responsabilités.

Quels sont les défis liés à la concurrence des plateformes en ligne?
Les plateformes comme Booking.com changent complètement la donne. Au départ, les Marocains devaient payer en euros sur ces sites, mais maintenant ils peuvent payer en dirhams. Pourtant, les commissions restent en devises, ce qui entraîne une sortie de devises pour l’économie nationale. De plus, ces plateformes ne permettent pas aux agences locales de rivaliser, surtout dans un marché déjà restreint comme le nôtre.

En matière de réglementation, vous estimez que la loi actuelle est incomplète. Pourquoi ?
La loi ne couvre pas toute la complexité des métiers du tourisme. Elle ne reconnaît pas des niches comme le tourisme de golf, de randonnée ou encore l’organisation d’événements comme les mariages. Pourtant, ce sont des segments qui demandent une véritable expertise. De plus, la licence B permet à des acteurs de produire et de distribuer sans véritable contrôle, ce qui pourrait entraîner une dégradation de la qualité.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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