Campagne agricole 2024-2025 : une nouvelle dynamique
Ahmed El Bouari, le nouveau ministre de l’Agriculture, a lancé la campagne agricole 2024/2025 depuis la plaine du Saïss, annonçant des mesures de soutien après six années de sécheresse et face à la hausse des prix des intrants. Semences subventionnées, irrigation, assurance agricole et soutien aux filières sucrière, maraîchère et animale sont au cœur du dispositif visant à assurer la sécurité alimentaire du pays.
Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, a donné le coup d’envoi officiel de la campagne agricole 2024/2025, le samedi 26 octobre 2024, depuis la plaine du Saïss, dans la région Fès-Meknès.
Cette initiative, fruit d’une étroite collaboration entre le ministère et les acteurs du secteur (Comader et Fédération des chambres d’agriculture), vise à renforcer et à consolider la relance des différentes filières de production agricole, face aux défis persistants et aux enjeux de la sécurité alimentaire nationale.
Lors de cette cérémonie, le ministre a rappelé que le lancement de la campagne agricole 2024-2025 survient dans un contexte marqué par six années consécutives de sécheresse et une conjoncture internationale difficile, caractérisée par la flambée des prix des intrants agricoles. Face à ces défis majeurs, et en ligne avec les objectifs de la stratégie Génération Green 2020-2030, le ministre a annoncé une série de mesures visant à garantir le succès de la campagne.
Des mesures ciblées
La campagne 2024/2025 ambitionne d’atteindre une superficie de cinq millions d’hectares, consacrée aux céréales et légumineuses. Pour soutenir cette ambition, un important stock de 1,26 million de quintaux de semences certifiées de céréales d’automne sera mis à la disposition des agriculteurs, dont 1,16 million de quintaux par la Sonacos. Ces semences seront proposées à des prix incitatifs, inférieurs de 3% à 5% par rapport à la campagne précédente, contribuant ainsi à alléger les charges des agriculteurs.
Le soutien aux semences est étendu cette année à de nouvelles espèces, telles que le triticale, l’avoine, la vesce, les pois fourragers, la fève/féverole, les lentilles et les pois-chiche, favorisant ainsi la diversification des cultures et la rotation culturale. Des prix de vente subventionnés plafonnés ont été fixés pour chaque espèce de semence, allant de 380 DH/quintal pour le blé tendre à 1.150 DH/quintal pour les lentilles et les pois-chiche.
Parallèlement, le programme national d’irrigation de complément des céréales se poursuit, avec l’objectif d’atteindre 1 million d’hectares à l’horizon 2030, contribuant à la sécurisation et à la stabilisation des productions céréalières. Le programme national de semis direct, quant à lui, vise une superficie de 260.000 ha pour cette campagne, avec un objectif ambitieux d’atteindre 1 million d’ha à l’horizon 2030. Ce programme s’accompagne de la distribution de 200 semoirs de semis direct aux coopératives agricoles ainsi que d’une campagne de sensibilisation et d’accompagnement des agriculteurs à l’adoption de cette technique.
L’assurance agricole multirisque climatique, essentielle pour faire face aux aléas climatiques, est étendue à une superficie de 1 million d’ha pour les céréales, les légumineuses et les cultures oléagineuses. Le programme d’assurance multirisques pour les arbres fruitiers se poursuit, avec l’objectif de couvrir près de 50.000 ha. En ce qui concerne les engrais, le marché sera approvisionné par 650.000 tonnes d’engrais phosphatés et 200.000 tonnes d’engrais azotés, aux mêmes niveaux de prix que la campagne précédente.
Sucres et légumes au cœur des priorités
La filière sucrière bénéficiera d’un accompagnement renforcé pour assurer une campagne normale en 2024/2025, avec un objectif de 45.000 ha de superficie cultivée. L’amélioration de la situation hydrique de certains périmètres betteraviers et la reconduction de l’augmentation des prix au producteur (80 DH/T pour la betterave à sucre et 70 DH/T pour la canne à sucre) constituent des mesures clés de soutien à cette filière.
Concernant la filière maraîchère, le soutien à l’acquisition des semences et des plants de tomate ronde, d’oignon et de pomme de terre se poursuit, afin de réduire les coûts de production, d’améliorer la productivité et de garantir l’approvisionnement du marché national en ces produits.
Consolidation et sauvegarde du cheptel
La filière animale fait également l’objet d’un soutien particulier, notamment pour la filière lait, avec la consolidation de la distribution d’aliments composés subventionnés pour les vaches laitières, le maintien de l’interdiction de l’abattage de certaines femelles reproductrices, l’appui financier à l’acquisition de génisses reproductrices et l’extension du soutien aux velles destinées à la reproduction. Des conventions spécifiques pour le développement de la filière lait dans le cadre du Contrat-programme 2021-2030 seront également mises en œuvre.
Pour la filière viandes rouges, la suspension des droits d’importation appliqués aux bovins destinés à l’engraissement est reconduite, dans la limite de 120.000 têtes jusqu’au 31 décembre 2024 ainsi que pour l’année 2025.
L’accompagnement des éleveurs, dans le cadre du programme d’abreuvement du bétail, par la création et l’équipement de points d’eau, l’acquisition de citernes et de camions-citernes ainsi que la prise en charge de leurs coûts d’exploitation et d’entretien, est également prévu.
Enfin, le programme d’atténuation des effets du déficit hydrique pour la sauvegarde du cheptel se poursuit avec la distribution d’orge subventionnée, la mise à disposition d’aliments composés, l’abreuvement du cheptel et la prise en charge des frais liés à l’exploitation et à l’entretien des camions-citernes.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO