Maroc

Compensation : l’équation non résolue

Malgré une baisse notable de la subvention de la bombonne de gaz, le poids des dépenses de compensation des produits de première nécessité reste une charge significative pour l’État. En effet, pour l’année 2025, le gouvernement prévoit de continuer à soutenir le gaz butane, le sucre, le blé tendre et la farine de blé tendre. Cette politique vise à amortir les fluctuations des prix mondiaux, bien que la charge globale de ces subventions se soit légèrement réduite pour certains produits.

On marche à reculons. Certes, la subvention de la bombonne de gaz a baissé, mais la charge relative au soutien des prix des produits subventionnés demeure lourde. Quoi qu’il en soit, l’État continuera de soutenir les prix du gaz butane, du sucre et de la farine de blé tendre produite localement, consacrant à cet effet une enveloppe budgétaire de 16,536 MMDH, selon le projet de Loi de finance 2025.

Pour le gaz butane, le rapport sur la compensation du PLF 2025 indique que sur la période allant de janvier à septembre 2024, la subvention accordée à la bombonne de 12 kg a fluctué atteignant le point le plus bas en juin dernier, avant que la tendance ne s’inverse à partir du 3e trimestre, passant ainsi de 47 à plus de 50 DH, malgré la hausse des prix de vente opérée dès le mois de mai.

Ainsi, au cours des neuf premiers mois de l’année 2024, la part subventionnée moyenne du gaz butane a couvert 64% du prix d’achat réel, soit une baisse de 4% en glissement annuel. Au niveau des importations, après une augmentation notable de 7,3% en 2022, les importations nationales de gaz butane ont enregistré une légère baisse de 0,7%, en diminution de 20 KT.

Toutefois, au cours du premier semestre 2024, les importations se sont stabilisées à 1.461 KT. Ces évolutions indiquent que la forte diminution des cours du gaz butane, de plus de 26% en 2023, a entraîné une réduction significative de la charge de compensation, laquelle a reculé de 23,4% pour s’établir à 16,7 MMDH.

Or, en dépit de cette contraction, l’enveloppe budgétaire allouée au soutien du gaz butane demeure à son plus haut niveau historique, après celui enregistré en 2022. Les Marocains ont consommé 1.938 KT de gaz butane au cours des huit premiers mois de l’année, soit 167,47 millions de bonbonnes de 12 kg, correspondant à 2,81 MT de gaz butane subventionné, marquant une augmentation de 6,9 millions de bonbonnes de gaz en glissement annuel.

Ainsi, la charge prévisionnelle pour 2024 pourrait atteindre 10,45 MMDH, contre 11,48 MMDH par rapport à l’année précédente, soit une réduction de près de 9%.

Sucre brut et raffiné : un écart à combler
S’agissant du sucre, le rapport relate que la production nationale s’est repliée drastiquement entre 2019 et 2024, de près de 68%, pour ne couvrir que 16% de la demande intérieure. Afin de combler le déficit, le volume des importations a suivi une courbe ascendante pour atteindre 1.034 KT en 2023, contre 830 KT, un an auparavant. Une situation qui se répercute sur la charge de compensation dont le montant s’est établi à 4,07 MMDH en 2023, soit une évolution de plus de 33% par rapport à 2022. Cette charge pourrait passer à 4,38 MMDH en 2024.

Par ailleurs, en tenant compte de la dernière revalorisation des prix d’achat des cultures sucrières, faisant grimper la subvention forfaitaire de l’État de 27% pour atteindre 3,60 DH/kg dès le 13 avril 2023, la charge de subvention à la consommation du sucre raffiné s’est située à 3,08 MMDH durant les huit premiers mois de l’année, en hausse de 15% en glissement annuel.

Concernant la charge de la restitution à l’importation du sucre brut, elle s’est élevée à 1,345 MMDH durant la période allant de janvier à août, soit +10% par rapport à la même période de l’année 2023. À noter que pour la consommation de sucre blanc, les quantités mensuelles consommées entre janvier et août 2024 sont estimées à 855 KT. La charge de la restitution à l’importation s’est élevée à 1,345 MMDH durant la même période, soit une augmentation de 10% en un an.

Blé tendre : +5,77%
Le blé tendre ne déroge pas à la règle. Les dépenses de compensation pour le blé tendre local et la farine de blé tendre produite au Maroc ont totalisé 1,344 MMDH (hors système de restitution à l’importation) au terme de l’année 2023, en hausse de 5,77% par rapport à l’année précédente. La charge de compensation de ces produits a d’ailleurs oscillé entre 1,29 et 1,53 MMDH au titre de ces cinq dernières années.

Durant les huit premiers mois de l’année, le maintien de la subvention unitaire de 143,37 DH par quintal pour le même niveau du contingent de la farine nationale du blé tendre de 6,26 millions quintaux, a induit une charge budgétaire de 880 MDH.

Toutefois, au vu du déficit de la production nationale en la matière, et outre le maintien de la suspension des droits de douane à l’importation, l’État a octroyé une prime forfaitaire à l’importation de blé tendre d’une moyenne de 13,17 DH/quintal contre 62,15 DH/quintal au titre de la même période en 2023, en repli de 79%. Ainsi, le soutien à l’importation de blé tendre s’est élevé à 687 MDH à fin août 2024, en recul de 69% par rapport à 2023.

À noter que le soutien exceptionnel destiné aux transporteurs routiers a atteint 1,550 MMDH entre janvier et août 2024, soit une évolution de 93% par rapport à l’année précédente.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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