Parité : le Maroc sur la bonne voie, mais encore loin de l’objectif de 2030
Le Maroc a amélioré son score dans l’indice sur la parité, passant à la 84e place avec un score de 63,2, selon l’indice SDG Gender 2024. Mais cette progression reste insuffisante pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. La situation globale est d’autant plus inquiétante, qu’aucun pays ne parviendra à atteindre ces mêmes objectifs.
Le Maroc continue de faire des progrès dans l’égalité des genres, mais ces avancées demeurent modérées en comparaison avec les objectifs mondiaux. Selon l’indice SDG Gender 2024, le Maroc se classe à la 84e position avec un score de 63,2. Ce score reflète des progrès, notamment entre 2015 et 2019, où le pays a enregistré une hausse annuelle de 0,2 à 0,6 point.
Cependant, entre 2019 et 2022, le rythme s’est accéléré avec une progression de plus de 0,6 point par an, ce qui marque une évolution notable dans les efforts du pays en faveur de l’égalité des genres.
Cette accélération peut être attribuée à divers facteurs, tels que des réformes législatives et des politiques visant à améliorer les droits des femmes, l’accès à l’éducation, et l’autonomisation économique. Néanmoins, malgré ces efforts, le Maroc reste loin des niveaux atteints par les pays en tête du classement, comme la Suisse, qui a un score de 90,1, ou les pays scandinaves qui figurent parmi les dix premiers.
Premier en Afrique du Nord
Sur le plan continental, le Maroc est le leader en Afrique du Nord. Il devance la Tunisie, l’Algérie et l’Égypte, avec respectivement des scores de 63,1, 61,6 et 61,3. Malgré cette position favorable, le Maroc reste loin derrière des pays comme Maurice, qui occupe la 50e place mondiale avec un score de 72,5, et l’Afrique du Sud, classée 71e avec un score de 67,5.
Ces pays, mieux classés, ont su mettre en place des politiques inclusives et efficaces pour réduire les écarts de genre dans des domaines clés comme la participation économique et politique, l’accès aux services de santé et l’égalité dans l’éducation.
Maurice, par exemple, a adopté des mesures rigoureuses pour promouvoir l’égalité des genres dans les sphères publiques et privées, notamment en matière de leadership féminin et d’accès aux opportunités économiques. De même, l’Afrique du Sud a mis en œuvre des programmes pour améliorer l’accès à l’éducation et réduire la violence basée sur le genre, contribuant ainsi à un environnement plus favorable à l’égalité des genres.
Une situation globale préoccupante
En tête du classement, la Suisse occupe la première place mondiale avec un score de 90,1, suivie de près par la Suède (89,3) et le Danemark (89,0). Ces pays se distinguent par une politique publique avancée en matière d’égalité des genres, notamment des lois sur la parité dans le travail et la participation politique, l’accès généralisé aux services de santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’une protection juridique stricte contre les discriminations de genre.
De plus, ces pays ont réussi à instaurer des structures sociales et économiques robustes qui soutiennent les femmes à chaque étape de leur vie, depuis l’éducation jusqu’à la retraite. La législation sur le congé parental, l’accès aux soins de santé universels et des systèmes d’éducation qui favorisent l’égalité des chances sont autant de facteurs qui contribuent à ces résultats impressionnants. Mais sur la scène mondiale, la situation reste préoccupante. Aucun pays n’est sur la bonne voie pour atteindre l’égalité des genres d’ici 2030, souligne le rapport.
Selon l’indice, près de 40% des pays ont stagné ou même régressé entre 2019 et 2022, cela inclut des économies développées comme la France, l’Autriche et Malte, signalant un recul généralisé. Ce constat est alarmant, d’autant plus que l’égalité des genres est indispensable pour la réalisation de 74% des objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies.
Des objectifs encore lointains
Les projections actuelles indiquent que, si les tendances mondiales se maintiennent, l’égalité des genres ne sera pas atteinte avant le 22e siècle. En plus des inégalités structurelles déjà existantes, les crises économiques et conflits en cours ont contribué à ralentir ou inverser les progrès dans de nombreux pays, aggravant la situation pour des millions de femmes et de filles à travers le monde.
L’échéance de 2030 approche rapidement, et les défis à relever sont encore nombreux. Des efforts accrus sont nécessaires pour accélérer les initiatives visant à promouvoir l’autonomisation des femmes, à combler les lacunes en matière d’éducation, et à lutter contre les violences basées sur le genre.
Le rapport de l’indice SDG Gender 2024 souligne que des actions concertées doivent être menées par les gouvernements pour mettre en œuvre des politiques inclusives, renforcer la participation économique et politique des femmes, et promouvoir l’accès universel aux soins de santé et à l’éducation.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO