Pêche. Haro sur les petits pélagiques à Tan-Tan
Le Département de la pêche maritime a rejeté la demande des professionnels d’autoriser la pêche aux petits pélagiques au nord du port de Tan-Tan, confirmant qu’il s’en tient à la procédure en vigueur, de repos biologique, concernant cette pêcherie stratégique.
Suite à une requête envoyée le 2 août par la Chambre des pêches maritimes de l’Atlantique centre Agadir au Département de la pêche maritime (DPM), ce dernier a refusé, en vertu d’une lettre émise le 12 août 2024, d’ouvrir la pêcherie des petits pélagiques (ensemble des poissons de petite taille qui passent la majeure partie sinon la quasi-totalité de leur phase adulte en surface ou en pleine eau) au nord du port de Tan-Tan.
Selon ladite correspondance, il est interdit, depuis 2017, de pêcher dans cette zone durant deux repos biologiques par an, sur une distance de l’ordre de huit miles maritimes. Pour cette raison, le Département de la pêche maritime a rejeté la demande des professionnels, confirmant qu’il s’en tient à la procédure en vigueur relative à cette pêche stratégique, qui établit un repos biologique jusqu’à la fin du mois d’août.
De surcroît, cette zone est considérée comme une aire de reproduction et de concentration des juvéniles des petits pélagiques. Selon le Département de la pêche maritime, cette mesure a permis d’améliorer l’état des stocks de sardines au niveau de la zone de l’Atlantique Centre d’Agadir durant ces dernières années.
Protéger la phase de ponte
Toujours selon la réponse du Département, la situation actuelle du stock nécessite des mesures de protection des périodes de reproduction et des juvéniles, essentiellement durant la phase de ponte, afin d’assurer de bonnes campagnes de pêche et un rendement satisfaisant durant les prochaines périodes. À noter que les récentes campagnes d’évaluation ont montré que la sardine de l’Atlantique centre et Sud nécessitait l’instauration des périodes de repos biologiques dans la pêcherie des petits pélagiques. Un constat corroboré par le dernier rapport du groupe de travail de la FAO, publié en 2021, sur l’évaluation des petits pélagiques au large de l’Afrique nord-occidentale, y compris le Maroc.
Par ailleurs, il faut rappeler que 96% des captures sont aujourd’hui gérées par des plans d’aménagement, alors que le chiffre était à peine de 5% lors du lancement de la stratégie Halieutis. De ce fait, les plans d’aménagement des plus importantes pêcheries ont été mises en place afin de préserver les ressources halieutiques nationales.
Plus de 30 plans d’aménagement
Actuellement, plus de 30 plans d’aménagements couvrent les pêcheries nationales les plus importantes en termes de capture. Elles vont des petits pélagiques, qui constituent près de 80% des ressources, aux espèces de grande valeur économique comme le poulpe et les grands pélagiques (thon et espadon) et aux ressources littorales (algues et différents coquillages). Cette couverture a été réalisée grâce au renforcement de la recherche scientifique, notamment l’INRH qui établit le diagnostic de l’état des stocks et réalise le suivi régulier de leur évolution face à la pression de l’effort de pêche.
Parallèlement, au cours de ces décennies, la priorité a été donnée à l’instauration des repos biologiques et au contrôle via l’installation du dispositif «VMS» (Vessel Monitoring System). Ce dernier a permis de lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, en plus du contrôle de la traçabilité (certification des captures) et de l’instauration d’un plan national de contrôle des activités de la pêche maritime particulièrement pour le stock C.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO