Maroc

Conjoncture : entre turbulences mondiales et contraintes locales

Le tableau économique de l’Afrique devrait afficher une croissance modérée, passant de 3,3% en 2023 à une légère augmentation à 3,5%, en 2024. Cependant, la région est confrontée à une série de défis persistants qui continueront de peser sur ses perspectives de développement. C’est du moins ce qui ressort du dernier rapport de l’ONU sur les perspectives de l’économie mondiale.

Sur l’échiquier économique africain, la croissance devrait maintenir une trajectoire modeste, enregistrant une légère progression de 3,3% en 2023 à 3,5% en 2024, selon un rapport intitulé «Situation et perspectives de l’économie mondiale 2024», publié par l’ONU.

Cette évolution prudente s’explique par les turbulences engendrées par le ralentissement économique mondial, ainsi que par l’adoption de mesures monétaires et budgétaires plus contraignantes dans la région. Les défis liés à la soutenabilité de la dette continueront de compromettre les perspectives de croissance. De plus, les secteurs clés, tels que l’agriculture et le tourisme, feront face à des défis croissants en raison des impacts de la crise climatique. Sur le plan géopolitique, l’instabilité continuera d’exercer un impact négatif sur plusieurs sous-régions africaines, en particulier le Sahel et l’Afrique du Nord, rapporte le rapport.

De son côté, le dernier rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP) ajoute une nuance supplémentaire à ce tableau complexe. Il souligne que les perspectives économiques au premier trimestre 2024 s’équilibrent sur un fil ténu, entre les risques géopolitiques, les ajustements monétaires et les défis climatiques locaux. Le message est clair : la vigilance et l’agilité seront les alliées nécessaires pour traverser avec succès ces eaux troubles.

Déverrouillage d’investissements substantiels
La croissance économique mondiale se prépare à une cadence moins effrénée, glissant d’un tempo estimé à 2,7% l’année passée à une mesure plus modérée de 2,4% en 2024. Cette modulation s’éloigne de la tonalité de croissance de 3% enregistrée avant l’entrée en scène de la Covid-19. Le département des affaires économiques et sociales de l’ONU note que cette nouvelle composition résulte d’une prestation économique mondiale supérieure aux prévisions de croissance pour 2023.

Cependant, il met en lumière le fait que la montée en puissance inattendue du PIB de l’année précédente a masqué des dissonances à court terme et des vulnérabilités structurelles. Il souligne que la persistance des tonalités élevées des taux d’intérêt, la poursuite de l’escalade des conflits, la léthargie du commerce international et l’augmentation des catastrophes climatiques représentent des défis notables pour la croissance mondiale. Les perspectives d’une prolongation des contraintes en matière de crédit et d’une augmentation des coûts d’emprunt se dressent comme des vents contraires redoutables pour une économie mondiale déjà accablée par le fardeau de la dette.

Ce contexte survient alors que le besoin d’investissements accrus se fait sentir pour stimuler la croissance, faire face aux changements climatiques et accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable, indique le rapport. «Nous devons mettre un terme à ce cycle de léthargie, et 2024 doit marquer une année de rupture.

Le déverrouillage d’investissements substantiels et audacieux peut favoriser le développement durable et l’action climatique, plaçant ainsi l’économie mondiale sur la voie d’une croissance plus robuste au profit de tous», a déclaré le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, tel que cité dans le document. Il a souligné l’importance de capitaliser sur les progrès accomplis au cours de la dernière année pour élaborer un plan de relance des objectifs de développement durable, assorti d’un financement à long terme abordable d’au moins 500 milliards de dollars par an, destiné aux investissements dans le développement durable et l’action climatique.

D’autre part, le rapport des Nations Unies souligne que la croissance de plusieurs grandes économies développées, notamment celle des États-Unis, devrait connaître un fléchissement en 2024. Cette tendance s’explique par les taux d’intérêt élevés, le ralentissement des dépenses de consommation et l’affaiblissement des marchés du travail. Parallèlement, les perspectives de croissance à court terme de nombreux pays en développement, en particulier en Asie de l’Est, en Asie occidentale, en Amérique latine et dans les Caraïbes, se détériorent également. Cette détérioration est attribuée au resserrement des conditions financières, à la réduction de la marge de manœuvre budgétaire et à la léthargie de la demande extérieure, selon la même source.

Pression constante sur les prix
Pour les économies à faible revenu et vulnérables, elles sont confrontées à des pressions croissantes sur la balance des paiements et à des risques de viabilité de la dette, indique l’ONU, signalant que les perspectives économiques des petits États insulaires en développement, en particulier, seront limitées par le lourd fardeau de la dette, les taux d’intérêt élevés et les vulnérabilités croissantes liées au climat, qui menacent de saper et, dans certains cas, de réduire à néant les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable.

En outre, le rapport prévoit une diminution de l’inflation mondiale à 3,9% en 2024, notant toutefois que les pressions sur les prix restent élevées dans nombre de pays, et toute nouvelle escalade des conflits géopolitiques risque d’entraîner une nouvelle hausse de l’inflation.

Dans environ un quart des pays en développement, l’inflation annuelle devrait dépasser 10% en 2024, souligne le rapport. Depuis janvier 2021, les prix à la consommation dans les économies en développement ont augmenté de 21,1% en cumulé, érodant considérablement les gains économiques réalisés à la suite de la reprise après la Covid-19, explique l’organisation internationale, ajoutant que dans un contexte de perturbations de l’offre, de conflits et d’événements climatiques extrêmes, l’inflation des prix alimentaires locaux est restée élevée dans de nombreuses économies en développement, affectant de manière disproportionnée les ménages les plus pauvres.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO



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