Maroc

Filière sucrière : la FIMASUCRE obtient le soutien de l’État pour les prix des engrais

La filière sucrière bénéficie d’une augmentation des prix des plantes sucrières et du soutien de l’État pour atténuer la flambée des prix des engrais. La FIMASUCRE reste mobilisée pour un dénouement optimal  de la campagne.  

Durant cette première semaine du mois de juin, la filière sucrière amorcera sa campagne de récolte annuelle et elle concernera plus de 40.000 hectares de plantes sucrières, betterave à sucre et canne à sucre.

«La FIMASUCRE a, en collaboration avec les partenaires réunis dans le cadre des comités techniques du sucre, pris toutes les dispositions pour un déroulement optimal de la campagne», explique Hassan Mounir, président de la FIMASUCRE.

En effet, les préparatifs pour la campagne ont été grandement influencés par différents facteurs, notamment la sécheresse sévère en plus des événements géopolitiques mondiaux qui ont marqué l’année. Aussi, le prix des intrants agricoles ont atteint des records. En dépit de ces difficultés, la filière a démontré une grande résilience dans l’optique de continuer à produire des plantes sucrières, le sucre local et de poursuivre sa forte contribution à la souveraineté alimentaire du Royaume.

La FIMASUCRE a d’abord procédé à la sélection des variétés de semences à fort potentiel qui ont été distribuées à l’ensemble des agriculteurs betteraviers et canniers. Un système d’intensification du peuplement à l’hectare a aussi été généralisé pour augmenter les rendements des agriculteurs et leurs revenus.

«Dans le but d’optimiser l’utilisation des ressources hydriques et de réduire les frais des agriculteurs, nous avons accompagné la filière pour la mise en place de systèmes d’irrigation de précision à grande échelle», précise le président de la FIMASUCRE.

La filière, et en plus des contraintes liées aux ressources hydriques, a connu des pressions inflationnistes concernant les engrais, dont les prix ont augmenté de façon vertigineuse. Cela dit, la filière avait, de façon proactive, mis en place une stratégie basée sur l’agriculture de précision visant à optimiser la fertilisation des cultures sucrières. L’introduction des «smart-blenders», qui produisent des formules d’engrais adaptées à chaque parcelle, a été généralisée aux 5 périmètres sucriers, ce qui a permis de réaliser des économies sur les quantités et les coûts des engrais d’environ 25% au profit des agriculteurs. Le procédé repose sur une analyse approfondie des sols, qui a d’ailleurs été étendue à l’ensemble des périmètres concernés par les cultures sucrières, après quoi les agriculteurs récupèrent les quantités nécessaires pour leurs parcelles, selon une formule personnalisée.

«Parallèlement, nous avons mis en place une stratégie visant à atténuer les effets de la hausse vertigineuse des prix des engrais sur le marché international, allant de +50% à + 150% selon le type d’engrais. Nous avons organisé un approvisionnement optimisé pour bénéficier des meilleures conditions économiques, au profit de tous les agriculteurs de la filière», détaille notre interlocuteur.

D’ailleurs, l’agrégateur COSUMAR a importé directement 15.000 tonnes d’urée, 5.000 tonnes d’ammonitrate et 5.000 tonnes de potasse, en plus de l’approvisionnement local en DAP et TSP pour répondre aux besoins en engrais des agriculteurs. Le Groupe sucrier a aussi fait le conditionnement pour les agriculteurs de la filière qui ont grandement apprécié la qualité des engrais fournis cette saison.

En prime, la fédération a obtenu, au profit des agriculteurs betteraviers et canniers, une subvention étatique pour compenser le surcoût des prix des engrais. Elle est de 2.700 DH par hectare pour la betterave sucrière, et 2.570 DH par hectare pour la canne à sucre, et sera versée aux agriculteurs au courant de la présente campagne d’arrachage.

Par ailleurs, et pour améliorer la rentabilité et la compétitivité des cultures sucrières, dont le revenu s’est dégradé de façon significative en raison de la conjonction de plusieurs facteurs défavorables, notamment la sécheresse et le renchérissement des coûts des facteurs de production, le gouvernement a mis en place sur demande de la fédération un soutien financier supplémentaire à la filière.

Ainsi, en première étape, le prix de la tonne de betterave sucrière a été augmenté de 80 dirhams, de même que le prix de la tonne de canne à sucre a été relevé de 70 dirhams. Cette décision gouvernementale est entrée en vigueur à partir de cette campagne, et la filière espère que cela encouragera davantage d’agriculteurs à cultiver les plantes sucrières.

«Conscient de l’importance stratégique et des retombées socio-économiques de notre filière sucrière, le gouvernement a décidé de soutenir notre secteur. En effet, la filière sucrière assure un revenu à plus de 40.000 agriculteurs répartis dans 5 régions du pays. En outre, elle génère 5 millions de journées de travail et injecte annuellement 3 milliards de dirhams dans les zones rurales», précise le président de la FIMASUCRE, qui d’ailleurs remercie vivement le Chef du gouvernement ainsi que l’ensemble des départements ministériels, de l’Agriculture, des Finances et de l’Industrie.

Des solutions innovantes et durables pour la filière

Cette année, la filière sucrière s’est montrée avant-gardiste en intégrant les drones comme outil d’amélioration de la gestion des cultures de betterave à sucre. Ces derniers, en plus d’avoir la possibilité de calculer avec précision le peuplement à l’intérieur des parcelles et de détecter les mauvaises herbes et les maladies, ont été utilisés pour le traitement des cultures en remplacement des tracteurs.

«Ce processus permet de réduire les coûts, de protéger l’environnement en réduisant l’utilisation d’intrants, d’assurer une traçabilité des traitements, et d’accéder aux parcelles même pendant les périodes pluvieuses sans provoquer de tassement du sol, contrairement à ce qui se produit avec les tracteurs», indique Hassan Mounir.

Ces solutions innovantes ont apporté une meilleure productivité et rentabilité des parcelles avec un gain sur le coût de traitement allant de 800 à 1.500 dirhams par hectare au profit des agriculteurs sucriers.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO



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