Stress hydrique : une gouvernance intégrée s’impose
Le déficit hydrique est vraiment d’actualité. Avec tous les défis qui se posent au pays pour assurer ses besoins en eau, le sujet interpelle. Dans le cadre du cycle de ses débats économiques, notre confrère Aujourd’hui le Maroc a organisé un débat sous le thème «Alimentation, agriculture, stress hydrique, les équations de l’eau», en présence de figures éminentes.
La problématique de la pénurie d’eau se pose avec acuité. Toute la chaîne alimentaire et sa stabilité en dépendent. La diminution drastique des réserves hydriques a alerté les pouvoirs publics, les incitant à revoir la stratégie de la gestion de l’eau et à instaurer les moyens techniques appropriés pour y remédier. Et renforcer l’infrastructure hydraulique – dont les barrages – est une nécessité désormais incontournable.
Dans son allocution, Nizar Baraka, ministre de l’Environnement et de l’eau, a indiqué que 18 barrages, dotés d’une capacité de six milliards de m3, sont actuellement en cours de construction. D’autres mécanismes sont développés en parallèle. Le dessalement de l’eau de mer revêt dans ce cadre une importance capitale.
Pour le ministre, le recours à cette technique permet de répondre aux besoins hydriques, notamment ceux des villes côtières. Pour l’irrigation, elle pourrait couvrir entre 60 et 80% des besoins, dans l’objectif d’assurer progressivement la sécurité alimentaire. «Aujourd’hui, la donne a changé et il s’avère nécessaire d’anticiper les éventuels déficits.
À cet égard, c’est toute la vision globale de l’eau qui sera revue. Désormais, le Plan national de l’eau prendra en compte les problématiques territoriales et l’impact du changement climatique y sera greffé», précise Baraka. Des chantiers prometteurs donc, qui sécurisent l’approvisionnement en eau pour ses diverses utilisations, mais encore faut-il respecter le calendrier.
En effet, ce sont des sommes faramineuses qui partent en fumée, comme l’a soulevé Rachid Benali, président de la Comader. «Les retards dans l’exécution nous ont coûté cher. D’un autre côté, les exportations sont pointées du doigt. Or, les derniers chiffres indiquent que le volume de l’eau importée en produits alimentaires est nettement supérieur à celui exporté. En conclusion, le Maroc ne peut pas arrêter d’exporter car il s’agit d’une manne vitale pour les besoins en devises ainsi que pour la stabilité sociale. Je tiens à signaler que nous avons perdu en devises, suite à la rupture, plus de 1,5 milliard de dollars», alerte Benali.
Pour sa part, Abderrahim El Hafidi, directeur général de l’ONEE, a mis l’accent sur l’intégration des énergies renouvelables dans les techniques de dessalement et le mix électrique. Le cadre légal n’est pas en reste avec Houria Tazi, présidente de Coalma, qui a insisté sur le nécessaire renforcement de l’arsenal juridique.