Signature de contrats-programmes : les projecteurs braqués sur les filières souveraines
20 contrats-programmes pour le développement de filières agricoles seront paraphés en marge du SIAM, avec la gestion directe de 30% du budget public par les interprofessions, via le système de contractualisation. Le regard sera essentiellement tourné vers les filières dites souveraines, notamment céréalière, oléagineuse et légumineuse.
L’approche «filière» a été une mesure fondamentale du Plan Maroc Vert et, par la suite, de la nouvelle stratégie décennale de développement du secteur agricole Génération Green 2020-2030 qui ambitionne d’atteindre un PIB agricole de 250 milliards de dirhams (MMDH) contre 126 MMDH actuellement.
À noter que la loi 03-12 sur les interprofessions, publiée au Bulletin officiel du 23 juillet 2012, et ses textes d’application, constituent le cadre juridique régissant la création et le financement des interprofessions agricoles et halieutiques. Jusqu’à présent, 19 contrats-programmes ont été conclus entre l’État et les interprofessions agricoles représentant les principales filières de production et de valorisation. Dans le détail, ce sont 14 filières végétales et cinq animales qui ont déjà signé ces contrat-programmes.
Pour rappel, ces derniers fixent les objectifs chiffrés à atteindre, lesquels sont à la base des plans d’action contractualisés avec l’État pour le développement et l’accroissement de la production et des rendements agricoles. Trois ans plus tard, le processus de discussion et de budgétisation sera donc couronné, en marge de la 15e édition du SIAM à Meknès, par la signature d’une nouvelle génération de contrats-programmes. De quoi élargir, pour les filières agricoles, les perspectives de développement du secteur, lequel contribue (y compris les produits agroalimentaires) au PIB national à hauteur de 19%.
15 filières végétales et cinq filières animales
Si l’on se réfère au programme du SIAM, pas moins de 20 contrats-programmes pour le développement des filières de production agricoles seront conclus, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie Génération Green. Rappelons que celle-ci prévoit l’autonomisation des interprofessions et des chambres professionnelles à travers la gestion directe de 30% du budget public par les interprofessions agricoles, via le système de contractualisation.
Dans le détail, les contrats-programmes qui seront signés concernent 15 filières végétales et cinq animales. Attendue par les professionnels depuis plusieurs années, cette contractualisation offrira une bonne opportunité au secteur agricole en permettant de rétablir l’équilibre des filières affectées par la conjoncture actuelle. Le regard sera essentiellement tourné, à cet égard, vers celles dites souveraines, notamment les filières céréalière, oléagineuse et légumineuse.
En effet, malgré la mise en œuvre du Plan Maroc Vert, le Maroc reste fortement dépendant des importations en raison de la sécheresse et de la problématique de l’eau qui en découle. Par ailleurs, la facture des importations fait pression sur le budget de l’État, d’où la consolidation de ces filières végétales, la finalité recherchée étant de réduire la dépendance aux importations et de renforcer le taux de couverture dans la perspective de tendre vers la souveraineté alimentaire. En réponse à cette vulnérabilité, le Royaume a, en effet, opté pour la sécurisation de ses stocks stratégiques relatifs à ces produits.
Eau : les ressources hydriques en recul de sept milliards de m3/an
Pour rappel, depuis 1985, les ressources hydriques ont diminué d’une moyenne de sept milliards de mètres cubes annuellement, en raison de la baisse permanente des précipitations et du phénomène du changement climatique, ce qui menace la sécurité alimentaire du pays et son modèle agricole. Le constat est le même pour les dotations d’eau dédiées à l’agriculture à partir des différents barrages implantés dans les bassins agricoles.
Signalons que le programme d’économie d’eau – via l’irrigation localisée et le goutte à goutte – a porté sur 635.000 ha en 2020, soit 41% de la superficie irriguée nationale. Outre la poursuite de ce programme, plusieurs autres alternatives ont été adoptées, notamment le dessalement de l’eau de mer pour l’irrigation, avec la station mutualisée de dessalement de l’eau de mer à Chtouka Ait Baha. Celle-ci est destinée à l’irrigation agricole et à l’usage d’eau potable, sachant que l’objectif est de passer de 1 million d’ha irrigués à 2,5 millions d’ici 20230. Rappelons, par ailleurs, que durant la période 2008-2020, le développement des filières de production a nécessité 13% de l’investissement public injecté, soit 54 MMDH pour 1.710 projets contre 26,8 MMDH d’investissements privés. Les superficies concernées ont atteint 149.000 ha dont 77% sous forme d’exploitations étatiques.
Ce programme a permis d’augmenter les productions en couvrant, notamment, les besoins du marché national en fruits et légumes. Pour les viandes rouges et blanches, le pourcentage de couverture a atteint 98%. Il a été de 95% pour le lait, de 94% pour la filière oléicole, de 65% pour les céréales et de 47% pour le sucre.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO