Agadir : la restauration peine à sortir la tête de l’eau
En l’absence d’un baromètre annuel censé suivre l’évolution de cette activité, la Commission du tourisme, des congrès et d’expositions, relevant de la CCIS-Souss-Massa, a insisté sur l’organisation d’une journée d’étude pour dresser les freins auxquels est confronté ce segment qui vit une accumulation de problèmes structurels et conjoncturels.
Les restaurateurs de la destination Agadir Souss-Massa ne savent plus à quel saint se vouer puisque cette activité est confrontée à une accumulation de plusieurs contraintes aussi bien structurelles que conjoncturelles. Ce constat a été une nouvelle fois dressé, ce mercredi, lors de la réunion de la Commission du tourisme, des congrès et d’expositions relevant de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de la région Souss-Massa. Consacrée à l’état des lieux et aux perspectives du secteur de la restauration, cette réunion a été marquée par l’émission de plusieurs recommandations et conclusions qui seront destinées au bureau de la CCIS-SM pour qu’il plaide auprès de l’ensemble des intervenants la cause de ce segment touristique en perte de vitesse depuis plusieurs années.
Actuellement, en l’absence d’un baromètre annuel censé suivre l’évolution de cette activité avec l’émission de l’ensemble de ses indicateurs de performance, les membres de la commission ont insisté sur l’organisation d’une journée d’étude. Et ce, pour dresser les freins auxquels est confronté le secteur qui souffre de réels problèmes liés à la qualité des services, au repositionnement de son offre, à la vétusté de certains de ses structures…
Il s’agit aussi du manque d’attractivité de la destination pointé du doigt par les professionnels et de la baisse de la fréquentation en raison de l’impact des activités nuisibles. A cela s’ajoutent la pression qu’exerce l’inflation sur l’activité de la restauration et son impact sur le pouvoir d’achat des clients et, par conséquent, la régression des marges de rentabilité des restaurateurs. Et, également, le poids des charges fiscales et sociales ainsi que la nécessité d’adapter l’offre à la demande actuelle.
La création d’une commission permanente de coordination
L’une des principales recommandations à laquelle a abouti également la réunion figure l’obligation d’informer les restaurateurs du planning des projets programmés dans la ville d’Agadir afin d’anticiper la fermeture temporaire ou le lancement des opérations de mise à niveau parallèlement aux travaux d’aménagement menés à proximité de leurs structures dans le cadre du PDU.
Parmi les propositions figure aussi la création d’une commission permanente et multipartite dédiée à coordonner les efforts de l’ensemble des intervenants. Puisque l’attractivité de la zone touristique et balnéaire laisse à désirer en raison de la prolifération de phénomènes de mendicité, délinquants, vendeurs ambulants, chiens errants et harcèlement des touristes. Ce qui influence négativement l’expérience du touriste ainsi que sa fidélisation au niveau de la zone touristique et balnéaire, essentiellement au niveau de la promenade de la ville. Les membres de la commission ont insisté également sur la révision de la base de calcul de la marge bénéficiaire (300 % de la valeur des achats) qui ne correspond plus à la réalité des prix.
Dans le même sens, il a été question aussi, selon les recommandations émises par la commission, de réviser la base de calcul de la Taxe professionnelle en plus de la licence d’alcool, sans oublier les répercussions des modalités pratiques du recouvrement fiscal à travers les Avis à tiers détenteur (ATD), ainsi que les saisies conservatoires et les vérifications fiscales.
Renforcement de la représentativité du secteur au sein du CRT
Outre la question de la formation, la commission a exigé que les restaurateurs bénéficient de mécanismes de financement, notamment bancaires. Il va sans dire qu’avec le Programme de développement urbain (PDU) d’Agadir 2020-2024, la mise à niveau urbaine tant attendue de la destination Agadir a été lancée. Il reste actuellement l’épineuse question de la mise à niveau du produit touristique hétérogène, notamment le parc hôtelier en cours de réalisation et les activités complémentaires, et la restauration fait partie intégrante de l’offre touristique régionale. Pour rappel, la région dispose de deux sociétés régionales de tourisme (SDR) qui se sont déjà attelés à ces problématiques.
Par ailleurs, la commission a appelé aussi au renforcement de la représentativité du secteur au sein du Conseil régional du tourisme (CRT) d’Agadir Souss-Massa en exigeant 4 sièges pour les restaurants à vocation touristique. Et ce, compte tenu du poids du secteur qui emploie près de 2.500 personnes, et est considéré second employeur au niveau de la destination après les établissements d’hébergement classé. De plus, la réunion a permis aussi de dresser un aperçu historique sur les différentes crises qui ont touché l’activité, surtout après la crise pandémique.
Dans ce contexte de relance touristique et malgré la récupération d’Agadir d’une partie de ses arrivées et nuitées en plus de son trafic aérien, le secteur de la restauration dans sa globalité ne ressent pas cette relance et continue d’évoluer dans un contexte de crise qui sera amplifiée avec l’avènement de Ramadan.
Par ailleurs, il est question aussi de noter qu’à l’instar de l’hôtellerie, la restauration cache des disparités car elle évolue également à plusieurs vitesses, ce qui amplifie la crise en fonction de chaque segment et positionnement.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO