Financement : Younès Benjelloun se prononce sur l’entrepreneuriat (VIDEO)
Younès Benjelloun, directeur général de CFG Bank, était « l’Invité des ÉCO ». Extrait.
Le Maroc entame une nouvelle ère qui propulse davantage l’investissement et l’entrepreneuriat. Or, le secteur bancaire a toujours été pointé du doigt quant à l’accès au financement ?
En réalité, les gens qui sont bien structurés, bien organisés, transparents et qui ont des projets qui tiennent la route, n’ont jamais de problème pour se faire financer, et j’insiste là-dessus. Ceux qui imaginent que les banques sont là pour financer leurs projets à 100%, vont toujours avoir cette frustration et cette déception sous prétexte que la banque bloque le financement alors que le projet n’est pas viable. Il est important de zoomer sur le refus et d’avoir l’ensemble des éléments du projet. C’est facile de dire qu’un financement est refusé. D’ailleurs, aujourd’hui, tous les motifs de refus sont communiqués, et généralement, soit l’apport en fonds propres est insuffisant, soit l’entrepreneur ne dispose pas de garanties suffisantes. En plus, on ne demande pas une garantie à tout le monde. Ce n’est que lorsque le projet n’a pas une viabilité évidente ou si l’entreprise est nouvelle. Il n’est pas du ressort, ni de la responsabilité des banques, de prendre des risques démesurés, car l’argent qu’elles prêtent appartient aux déposants et, de toute évidence, ce dernier ne peut pas perdre. Si jamais la banque perd et constitue des provisions, c’est sur ses fonds propres. La banque n’est pas un «capital risqueur», contrairement à d’autres organismes dont c’est la vocation.
Vous pensez que la hausse des taux de crédit impacterait le tissu entrepreneurial ?
Il y a deux types de crédits à l’entreprise. Des crédits à l’équipement, qui sont à moyen terme, et des crédits de fonctionnement, à court terme. Tous les crédits à court terme vont finir par subir la hausse des taux au moment de leur renouvellement. Quant aux crédits à moyen et long terme en cours de remboursement, ils vont rester au même niveau, à l’instar du crédit immobilier, sauf si le taux est révisable. Encore une fois, pour les nouveaux emprunteurs, l’évolution est au maximum de 100 points de base, ce qui nous ramène aux taux antérieurs. Toutefois, pour une entreprise viable, ce n’est pas l’augmentation du taux qui va freiner son développement. La rentabilité économique d’un projet n’est pas à 1% près du coût de la dette.