Sociétés cotées : l’impact de la conjoncture plus marqué au deuxième semestre ?
Le Masi a bouclé le mois de septembre sur une contre-performance de -4,25% creusant ses pertes annuelles à plus de 13%. Malgré le bond de 13,5% des bénéfices récurrents du marché, les perspectives des sociétés cotées s’annoncent moins prometteuses à la lecture des communications financières. Parmi les principaux risques figurent l’inflation, le ralentissement de la demande, les difficultés d’approvisionnement ou encore le taux de change défavorable. «Ces risques sont loin d’être entièrement intégrés au niveau des marges. Nous croyons que le second semestre sera marqué par des pressions plus visibles sur les niveaux de profitabilité», estime AGR.
Le Masi a accéléré sa baisse au cours des dernières séances de septembre alors que la publication des résultats semestriels battait son plein. Le plus marquant est que ce repli s’est opéré dans des volumes bien plus étoffés que la moyenne depuis le début de l’année (298 MDH en moyenne sur les cinq dernières séances de septembre contre un volume moyen de 117 MDH depuis le début de l’année) ce qui dénote l’existence d’une importante pression à la baisse.
L’indice vedette a bouclé le mois sur une contre-performance de -4,25% creusant ses pertes annuelles à plus de 13%. Bien que les profits récurrents du marché aient bondi de 13,5% à 17 MMDH (bénéfices affichés en baisse de 3% à 14,5 MMDH) grâce principalement aux secteurs Mines, Banques et dans une moindre mesure Agroalimentaire et Energie, les perspectives pour le deuxième semestre s’annoncent moins prometteuses à la lecture des communications des entreprises cotées, relève Attijari Global Research.
L’inflation constitue le principal sujet de préoccupation des dirigeants. Elle devrait s’établir à 6,3% en moyenne sur l’ensemble de l’année et rester au-dessus de 2% l’année prochaine avec des écarts importants entre les différentes sources. Bank Al-Maghrib anticipe une hausse moyenne des prix à la consommation de 2,4% en 2023 contre 3,7% pour Fitch Solutions et 3% pour S&P. Sachant que les entreprises n’ont pas toutes le même pouvoir pour passer les hausses de prix sur les consommateurs.
Par ailleurs, la pression sur le budget des ménages risque d’affaiblir leur consommation et donc la demande adressée aux entreprises. C’est d’ailleurs le deuxième principal motif d’inquiétude des patrons. «Pour la première fois depuis 2021, plusieurs émetteurs ressentent un ralentissement visible de la demande au cours des derniers mois », relève AGR.
Les difficultés d’approvisionnement, le déficit pluviométrique ou encore le taux de change défavorable font également peser des risques sur les performances des sociétés cotées. La paire USD/MAD a atteint en septembre un plus haut niveau depuis 2002.
Au cours du premier semestre, le dirham a glissé de 9% face au billet vert. La parité moyenne USD/MAD devrait s’apprécier de 15% sur l’année 2022 prévoit AGR. Hors sociétés financières, «les principaux risques soulevés sont loin d’être entièrement intégrés au niveau des marges. Nous croyons que le second semestre serait marqué par des pressions plus visibles sur les niveaux de profitabilité», estiment les analystes.
A court terme, la tendance baissière du marché actions devrait se poursuivre. «Ce scénario est justifié fondamentalement par la dégradation visible des perspectives de croissance de plusieurs secteurs cotés durant ce second semestre. Dans ces conditions, le niveau de dividende qui a soutenu depuis plusieurs années déjà les multiples valorisations des actions pourrait être aujourd’hui remis en question», commentent les analystes.
Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO