Khalid Zaim : «Notre principal défi réside dans la commercialisation»

Khalid Zaim
Président de l’Association des producteurs d’œufs au Maroc et délégué régional de la FISA à Fès-Meknès
Près de 80% de la volaille consommée au Maroc échappe, hélas, aux circuits de contrôle sanitaire. Face à ce constat qui fragilise à la fois la santé publique et l’économie du secteur, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) a réuni les professionnels de la filière à Fès. L’objectif est d’accélérer la transition vers des abattoirs modernes, une étape jugée indispensable pour garantir la sécurité du consommateur et ouvrir l’accès à des marchés à plus forte valeur ajoutée.
Malgré son statut de leader en production avicole, la région Fès-Meknès semble confrontée à un obstacle majeur. Quel est aujourd’hui le principal défi pour la filière au niveau régional ?
Effectivement, la région Fès-Meknès joue un rôle de premier plan, assurant 30% de la production nationale d’œufs et 10% de celle de viande de volaille.
Cette performance en amont est le fruit d’efforts importants de la part des producteurs et d’un cadre légal solide. Cependant, notre principal défi réside dans la commercialisation. Nous produisons un produit de haute qualité qui, malheureusement, est majoritairement distribué via des circuits traditionnels non structurés. Cette situation déprécie la valeur ajoutée du produit et ne rend pas justice aux investissements consentis pour garantir sa qualité et sa conformité aux normes.
Face à ce constat, quelles sont les mesures concrètes mises en place pour encourager les opérateurs à investir dans la modernisation des circuits de commercialisation ?
Notre tournée régionale vise précisément à encourager cet investissement. L’État propose un soutien significatif, pouvant atteindre 30% du montant global de l’investissement pour la création d’unités de valorisation et d’abattoirs.
De son côté, la FISA a mis en place, depuis 2021, un programme d’accompagnement dédié. Nous prenons en charge 70% des coûts liés à l’étude de faisabilité des projets d’abattoirs et nous assurons un suivi des porteurs de projet, de la conception jusqu’à l’obtention de l’autorisation d’exploitation. L’objectif est de lever les barrières techniques et administratives à l’investissement.
Au-delà de l’aspect économique, quelle est la portée nationale de cette modernisation, notamment dans la perspective des grands événements que le Maroc s’apprête à accueillir ?
Cette restructuration s’inscrit dans une vision nationale portée par les Hautes Orientations Royales. À l’approche d’échéances comme 2025 et 2030, il est impératif que le Maroc soit en mesure de proposer à ses visiteurs des produits qui honorent son image.
Cela signifie non seulement une haute qualité gustative, mais aussi une garantie absolue en matière de sécurité sanitaire. Le produit final doit porter un cachet officiel qui atteste de sa traçabilité et de sa conformité, un gage de confiance indispensable sur la scène nationale et internationale.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO