Maroc

Jean Auzemery : “EIGSI Casablanca, une école d’ingénieurs à la pointe de l’immersion professionnelle”

ENSEIGNEMENT. LEARNIG BY DOING OU L’APPRENTISSAGE PAR LA PRATIQUE. Au-delà de la formation scientifique et technique et des outils mis à la disposition des étudiants, l’EIGSI met un point d’honneur à faire «rentrer l’entreprise à l’école». Jean Auzemery, directeur des études chez EIGSI Casablanca, revient en détail sur cette pédagogie gagnante qui permet aux étudiants de mettre en application efficacement leurs compétences acquises en formation. Entretien.

L’immersion professionnelle se déroule dans une structure d’accueil. Quels outils mettez-vous à la disposition de vos étudiants, et comment procédez-vous pour faciliter leur accueil en entreprise ?
L’immersion professionnelle est un élément clé de la formation d’ingénieur EIGSI. Chaque étudiant, pour valider l’obtention de son diplôme, doit réaliser un minimum de 50 semaines de stages (soit une année) réparties en 4 à 5 expériences:

– Stage ouvrier (6 semaines)
– Stage technicien et/ou Stage initiative personnelle (4 semaines)
– Stage élève-ingénieur (16 semaines)
– Stage/Projet fin d’études
(24 semaines)
Afin de faciliter l’insertion de nos étudiants en entreprise, nous les accompagnons, dès la première année, dans le développement de leurs soft skills (prise de parole en public, leadership, travail en équipe, gestion de projet…), au travers d’ateliers et de coachings professionnels. Nous les accompagnons également dans la préparation à la recherche de stages via la réalisation de CV et lettres de motivation ainsi que la simulation d’entretiens d’embauche. Au-delà de la formation scientifique et technique, et des outils mis à disposition des étudiants, l’EIGSI met un point d’honneur à faire «rentrer l’entreprise à l’école»». En effet, pour que l’immersion professionnelle des élèves-ingénieurs soit réussie, il est indispensable que de la 1re à la 5e année, ils soient régulièrement en contact avec des professionnels du secteur, et ce, même en dehors des périodes de stages. Visites de sites, d’usines, conférences métiers et experts, forums entreprises… sont autant d’actions qui sont menées afin de permettre aux étudiants d’adopter une démarche professionnelle et de développer leur réseau.

Quelles sont les filières que vous mettez en avant, lesquelles seraient susceptibles de favoriser l’insertion professionnelle rapide des jeunes diplômés dans votre offre de formation ?
L’ingénierie est un secteur qui recrute ! Nos élèves-ingénieurs sont attendus sur le marché de l’emploi. Aucune filière n’est à ce jour en perte de vitesse quelle que soit la spécialité de nos jeunes ingénieurs arrivant sur le marché de l’emploi en 2022. L’EIGSI propose, sur les deux dernières années de son cursus, 11 filières qui vont de la conception mécanique à la construction, en passant par la logistique, l’Intelligence artificielle, l’énergie et l’environnement et bien d’autres secteurs.

À l’EIGSI Casablanca, nous proposons des filières en BTP, Intelligence artificielle & Big data, Supplychain & Transport international, afin de répondre aux besoins réels du marché local. Du fait de la situation post-pandémie, le dynamisme économique est au vert pour beaucoup de secteurs économiques. Il est à noter, néanmoins, que du fait des projets de développement, le secteur du BTP et génie civil recrute fortement pour la construction et l’aménagement de zones commerciales et résidentielles, mais aussi pour la poursuite de projets structurants dans le Royaume. Il y a aussi, dans le champ industriel, les métiers de la supplychain qui proposent de nombreuses carrières dans l’organisation des flux, la gestion amont des fournisseurs et la relation avale vers les clients finaux. Un jeune ingénieur, ayant acquis des compétences dans ce domaine, sera donc très bien positionné pour démarrer une carrière riche et diversifiée.

La pandémie a montré à tout le monde la nécessité de travailler en vue de rendre les chaînes logistiques robustes, agiles et résilientes ! Sans surprise, le secteur du numérique est également très convoité. La capacité à savoir gérer les données est la compétence la plus recherchée à ce jour, du fait de la profusion d’informations dont disposent les entreprises et leur difficulté à en faire une analyse pertinente. Les spécialistes sachant manipuler des bases de données de grande taille, capables d’intégrer et utiliser les outils de l’Intelligence artificielle seront, eux aussi, en bonne position sur un marché de l’emploi en manque chronique de ce type de profils.

De quelle manière vos étudiants sont-ils accompagnés pour mettre en application efficacement les compétences acquises en formation ?
La mise en pratique des connaissances théoriques, acquises tout au long du cursus, est essentielle. Elle passe, évidemment, par la mise en place de travaux dirigés et travaux pratiques, ainsi que la réalisation de nombreux stages obligatoires (50 semaines). La pédagogie par projet, indispensable pour l’acquisition des compétences, est centrale dans la formation. Elle occupe entre 72h et 150h par an, selon l’année d’études. Cas pratiques réels d’entreprise, management de projets, travaux de groupes, pitchs de projets… les étudiants sont mis en conditions réelles de gestion de projets afin de faciliter l’acquisition des compétences et l’insertion dans le milieu professionnel.

Selon vous, quels sont les grands défis auxquels le Maroc doit faire face pour répondre au besoin grandissant de la formation par apprentissage, une approche de plus en plus préconisée par l’entreprise ?
La formation par apprentissage a fait ses preuves en France, et a montré qu’il s’agissait d’un dispositif gagnant-gagnant pour l’étudiant, qui perçoit une rémunération et se fait financer ses études. Quant à l’entreprise, elle investit dans la formation d’un potentiel futur collaborateur, opérationnel dès sa diplomation. Les entreprises nationales sont en réelle demande d’apprentis. Le premier défi pour le Maroc sera donc de construire un mode de financement avec l’ensemble des parties prenantes (entreprises, branches sectorielles et État) ainsi que les règles d’allocation par typologie de diplômes, niveaux d’études et filières. Le second défi sera de mettre en place un contrat légal d’apprentissage ou d’alternance et d’y définir tous les éléments clés : statut de l’élève, protection sociale, rythme d’alternance école-entreprise, rémunération… Un grand défi à relever, mais qui constituera une grande avancée pour la formation dans l’enseignement supérieur au Maroc.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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