Bourse : l’inflation et l’incertitude sapent le moral des investisseurs
Une croissance molle et une inflation qui galope ne rassurent guère les investisseurs en bourse. L’indice de confiance calculé par Attijari Global Research a plongé en avril. Toutefois, les actions cotées restent des supports privilégiés, les solutions de repli n’étant pas très attractives. Les rendements réels des obligations notamment sont négatifs. L’immobilier peut être une piste intéressante mais, pour certains institutionnels, il faudra d’abord des changements réglementaires pour renforcer les investissements dans cette classe d’actifs.
Après deux mois dans le rouge en février et mars, le Masi a récupéré une partie de ses pertes en avril. Mais sa performance depuis le début de l’année reste en territoire négatif. Même si le marché n’a pas baissé dans les mêmes proportions qu’au printemps 2020, il y a plusieurs points communs entre les deux périodes dont la remontée de l’incertitude.
L’accélération de l’inflation et la baisse des prévisions de croissance ne seront pas sans effets sur les sociétés cotées. Lorsque les prix montent, c’est à priori une bonne nouvelle pour les entreprises qui voient leurs marges augmenter. Mais, ce n’est pas automatique. La hausse des coûts de production, exacerbée par la guerre en Ukraine, pose de nombreux défis dans les secteurs où la capacité à la répercuter sur les prix de vente est limitée.
Dans les industries manufacturières par exemple, l’indice des prix à la production a enregistré une hausse moyenne de 14,1% au premier trimestre dont une augmentation de 12,2% des coûts dans les industries alimentaires et de 2,3% pour la fabrication des boissons.
Sur la même période, la hausse des prix des produits alimentaires référencés dans le panier de l’inflation a été de 6,3% en moyenne. Par ailleurs, la pression sur le pouvoir d’achat des ménages risque d’affaiblir leur consommation et donc la demande adressée aux entreprises.
Parmi les plus fortes baisses sectorielles depuis le début de l’année, l’on retrouve le Bâtiment et matériaux de construction en repli de 7%, l’agroalimentaire (-4%), le transport (-9%). Les secteurs banques (-4%) et télécommunications (-6%) affichent également des performances négatives. Pour les investisseurs en bourse, le contexte pousse à une revue des allocations avec une orientation notamment vers les entreprises ayant un pricing power.
Malgré les vents contraires, les bénéfices de la cote devraient rester résilients, les investisseurs institutionnels anticipant une hausse de 5% de la masse bénéficiaire, selon un sondage de BMCE Capital Global Research. La perception future des investisseurs envers le marché est passée en phase d’attentisme après le plongeon de l’indice de confiance des investisseurs calculé par Attijari Global Research.
Il s’est établi à 44,8 points en avril contre 67,4 points en octobre 2021. Il a dégringolé pour chacune des catégories d’investisseurs. Toutefois, 6 sur 10 sont prêts à investir une partie de leur cash sur le marché actions, une part qui est restée globalement stable par rapport à la précédente enquête. Il faut dire que les solutions de repli ne sont pas très attractives, les rendements réels des obligations notamment étant négatifs.
L’immobilier peut être une piste intéressante mais, pour certains institutionnels comme les assureurs, il faudra d’abord des changements réglementaires pour renforcer les investissements dans cette classe d’actifs.
Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO