Maroc

Secteur de la santé : un manque cruel de blouses blanches

Alors que l’AMO se généralise à grande vitesse, la question de la disponibilité des ressources humaines se pose avec acuité dans les établissements sanitaires, le Maroc accusant un déficit de 130.000 professionnels de la santé. 

La réforme de la protection sociale se concrétise. Grands oubliés de la prise en charge sanitaire, les travailleurs non-salariés sont en train de prendre leur revanche sur le Régime de l’assurance maladie obligatoire. Plus de 1,6 million de personnes, relevant de cette catégorie de la population sont, désormais, immatriculées à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS).

Dans le cadre de la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), le nombre de travailleurs non-salariés immatriculés à la sécurité sociale s’est élevé à 1.641.557, au 1er avril 2022. Cette opération devrait permettre de réduire les inégalités dans l’accès aux soins de santé en accompagnant progressivement l’intégration de 22 millions de personnes supplémentaires au régime de l’AMO.

Un acquis considérable pour les professionnels, les travailleurs indépendants et les personnes exerçant une activité libérale. Mais ce que l’Exécutif ne dit pas encore, c’est dans quelles conditions ces personnes vont bénéficier de ce régime quand on sait que les moyens humains font cruellement défaut.

Aujourd’hui, le Maroc court derrière un manque de 130.000 professionnels de santé, entre docteurs, techniciens et infirmiers. Le pays ne compte que 23.000 médecins alors que le besoin est de 35.000. Il manque, également, 65.000 infirmiers dans le Royaume selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé.

Mesures d’encouragement et de motivation
En gros, le secteur médical a un réel besoin de ressources humaines alors que le pays se lance dans un vaste chantier de généralisation de l’AMO. Si, jusqu’ici, la question suscite peu de remous, elle s’est récemment invitée au Parlement.

Le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, a été interrogé à ce sujet par les membres de la Chambre des représentants. Il a indiqué que son département planche sur des mesures visant à endiguer le phénomène de l’exode des compétences médicales nationales en rendant le secteur de la santé plus attractif à travers l’amélioration de la situation des professionnels et leurs conditions de travail.

Outre la valorisation du capital humain, la première mesure prise a trait à la reconnaissance du caractère immanent au secteur de la santé et de la protection sociale, comme l’un des piliers fondamentaux de la réforme du système national de santé, a précisé Ait Taleb. Il a souligné le rajout des professionnels de santé aux catégories non soumises au statut général de la fonction publique, conformément à la loi n° 39-21.

Entre 10.000 et 14.000 médecins marocains, attirés par des conditions de travail plus avantageuses, exercent à l’étranger. Une fuite des cerveaux à laquelle le gouvernement cherche à remédier. Le ministre a ajouté que des mécanismes innovants d’encouragement et de motivation ont été adoptés afin d’attirer les compétences à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour exercer dans le secteur de la santé publique et en assurer la stabilité.

Revaloriser les salaires
Dans ce cadre, on peut évoquer la loi n° 33-21 modifiant et complétant la loi n° 131-13 relative à l’exercice de la médecine, révisant le statut des médecins et réformant les conditions d’exercice de la profession.

Elle prévoit, notamment, d’élargir les structures de formation, avec les nouveaux hôpitaux universitaires, ceux en construction ou encore en phase d’étude (Tanger, Laâyoune, Ibn Sina, Draa-Tafilalet, établissements privés), tout en restructurant et réformant le système de santé, dans son ensemble.

Il a ensuite noté qu’une approche participative intégrée a été adoptée dans le cadre de plusieurs réunions de dialogue social sectoriel pour discuter des questions relatives à l’avenir du secteur, dont les grandes lignes du projet de la fonction sanitaire et les revendications prioritaires des professionnels.

Il faut rappeler que, dans le secteur public, les salaires des médecins sont très bas, à 8.600 DH en début de carrière, avant de passer à 16.000, voire 18.000 DH en fin de carrière. Le privé est plus attractif mais l’appel du large est souvent le plus fort sachant qu’en France, par exemple, un médecin généraliste gagne entre 4.297 € bruts et 17.072 € bruts par mois, soit un salaire mensuel moyen de 10.684 € bruts. On le voit bien, à moins d’une certaine dose de patriotisme, le choix est vite fait !

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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