Drâa-Tafilalet : Hro Abrou expose les grands chantiers de son mandat
PDR, SRAT, Vision stratégique à l’horizon 2040 et désenclavement de la région, le président du Conseil régional de Drâa-Tafilalet expose les principaux chantiers de son mandat pour les six années à venir.
Lors du dernier mandat, la Région de Drâa-Tafilalet n’a pas entériné son PDR et, par conséquent, sa contractualisation avec l’État. Où en est ce programme qui fixera pour les six années à venir les actions de développement au niveau régional ?
Le PDR de la Région de Drâa-Tafilalet sera entériné au cours du premier trimestre 2022. L’ensemble des acteurs régionaux se sont déjà mobilisés pour la validation de cette vision stratégique de développement régional, selon les dernières directives du Nouveau modèle de développement et les nouvelles stratégies sectorielles, notamment «Green Génération». Le PDR a pris également en considération les spécificités de la région et de ses provinces à travers le développement de ses propres ressources et ceux à mobiliser dans le cadre du contrat-programme entre l’État et la région.
Notre vision stratégique, étalée à l’horizon 2040, est basée aussi sur une approche participative avec l’ensemble des acteurs, notamment institutionnels, sans oublier l’appui du wali de la région et des gouverneurs des différentes provinces, dans le cadre de la mise en œuvre de cette feuille de route. Cette dernière repose sur un diagnostic territorial accompagné de benchmarks nationaux et internationaux avec des concertations élargies avec l’ensemble des parties prenantes. Cette vision ambitionne de rattraper le retard de la région par rapport aux autres territoires et de la positionner en tant que locomotive de développement en prenant en compte six espaces à projets. Il va sans dire que l’ensemble des consultations ont permis de faire émerger des secteurs prioritaires tout en identifiant les problématiques rencontrées par la population de Drâa-Tafilalet, en disposant d’une vision réaliste de la situation. Cette vision a été déclinée en 22 axes stratégiques permettant de couvrir l’ensemble des problématiques de développement. La situation actuelle présente des faiblesses, empêchant la région de déployer tout son potentiel au profit de sa population et de son économie, d’où la mise en œuvre prochaine du PDR.
Quels sont les projets qui seront mis en œuvre dans le cadre de cette vision ?
Parmi les projets phares qui seront potentiellement adoptés dans le cadre de cette feuille de route, figurent la création d’un CHU, le déploiement de la télémédecine, la création d’une université régionale comportant une faculté de médecine et de pharmacie, la création d’une école de code (offshoring). À cela s’ajoute la mise en place de zones d’activités économiques et de zones logistiques, en plus de la construction de la voie rapide Rissani-Meknès et la construction du tunnel de l’Ourika. D’autres projets s’ajouteront à ces actions et sont déjà lancés avant même l’élaboration du PDR, en l’occurrence les projets d’universités qui sont en cours de réalisation, plus particulièrement la construction en cours de la faculté polydisciplinaire à Midelt. La région accompagne aussi le projet d’extension de la faculté polydisciplinaire d’Ouarzazate et le projet de réalisation de celle de Zagora et Tinghir.
À cela, s’ajoute l’extension de la faculté des sciences et techniques d’Ourzazate et le projet de construction de facultés à Tinghir, Erfoud et Errachidia. De même, la région participe au financement de la Cité des métiers et des compétences à Errachidia, qui en cours de construction sur 5 ha. Cette stratégie, qui est basée sur le partenariat avec les ministères concernés et les autres partenaires privés, concerne aussi le développement du tourisme via la création d’une Société de développement régional en plus de l’intérêt porté à la protection des oasis dans le cadre d’un projet d’envergure dédié à la lutte contre les incendies, décliné dans la convention relative à la lutte contre les incendies et l’aménagement et la réhabilitation des Oasis de Drâa-Tafilalet. Ladite convention a été approuvée par le conseil lors de la session extraordinaire du 28 décembre 2021. Dotée de 546 MDH, elle a été conclue avec l’ANDZOA, l’office de Mise en valeur de Tafilalet et le ministère de l’Agriculture ainsi que d’autres partenaires institutionnels.
Bien que Drâa-Tafilalet dispose d’un potentiel important et de multiples opportunités de développement économique, elle est classée au 9e rang en matière de répartition de la richesse nationale. Quels seront vos priorités durant ce mandat pour insuffler une nouvelle dynamique de développement ?
Notre vision est déclinée sur 22 axes stratégiques dont 9 pour le volet économique, 6 pour le social, 4 pour l’aspect territorial alors que 3 axes sont consacrés à la question environnementale. Pour le premier volet, il est question de consolider l’environnement des affaires à travers la mise en œuvre de mesures d’incitation à l’investissement dans la région tout en stimulant l’innovation par la mise en place des écosystèmes et des mesures d’accompagnement permettant le développement de l’économie du savoir et de l’économie verte.
Dans ce sens, le PDR cible le développement des secteurs névralgique de l’économie régionale, notamment le secteur agricole, le tourisme et les mines afin qu’ils puissent créer plus de valeur ajoutée. S’agissant des énergies renouvelables, il s’agit de développer un écosystème complet en capitalisant sur l’existant, mais aussi sur les nouveaux projets. Pour le tourisme, l’objectif est de mettre le cap sur l’écotourisme et de transformer l’artisanat local en une activité économique génératrice de revenus et exportable. Sans oublier la modernisation du commerce et sa structuration en plus du renforcement de la compétitivité de la région en tant que destination mondiale de l’industrie cinématographique.
Le développement de ce secteur à Ouarzazate est, d’ores et déjà, dans les pipes de la stratégie de développement de la région. Pour le volet social, notre vision stratégique a pris en considération cet aspect à commencer par la santé et l’amélioration de l’accès aux soins pour l’ensemble de la population avec le renforcement des ressources humaines et matérielles dédiées. Pour l’éducation et la formation, nous visons le renforcement de l’offre d’enseignement /formation en termes de ressources humaines, d’infrastructures et de moyens technologiques en adéquation avec les besoins du marché du travail. La qualité de vie figure parmi nos priorités en plus de l’insertion professionnelle des jeunes et l’appui à l’entrepreneuriat social à travers des mécanismes d’accompagnement et de financement.
Ce n’est pas tout : notre but est de stimuler et d’encourager la contribution de la diaspora issue de la région dans son développement. Il s’agit aussi de répondre aux problématiques liées à la question territoriale via l’amélioration de la connectivité inter et intra régionale tout en œuvrant pour la réduction des disparités territoriales et la mise en place des infrastructures et services logistiques permettant la fluidification des échanges entre la région et son environnement. Pour leur part, les axes alloués à l’environnement permettront la protection des espaces écologiques vulnérables (oasis, palmeraies, forêts…), l’identification de moyens en vue de leur valorisation et l’amélioration des ressources hydriques ainsi que leur préservation. À noter que la région consacre un intérêt particulier à la question de l’eau et au désenclavement de toute la région avec la mise en œuvre d’une vision intégrée de développement de l’espace régional urbain et rural.
L’économie régionale est structurée actuellement autour de trois sphères de richesse, à savoir l’Agriculture, l’Energie et les Mines en plus du tourisme. À votre avis, quels sont les autres gisements à mettre en œuvre pour diversifier l’économie régionale ?
La région compte essentiellement consolider le rôle ses moteurs historiques de croissance, mais aussi créer de nouvelles niches via le développement d’écosystèmes intégrés autour des activités économiques phares du territoire. En effet, de nombreuses potentialités (minière, agricoles, énergétiques, touristiques et cinématographiques…) confèrent à la région un potentiel de développement de son activité économique à condition de mettre l’accent sur la captation de la valeur ajoutée au sein du territoire. À cet égard, notre région œuvre, en partenariat avec l’État et le secteur privé, afin de mettre au point un programme d’investissement et d’appui qui permettra la génération d’emplois à moyen terme à travers le développement de ces secteurs. Par ailleurs, la région s’est inscrite dans un vaste programme d’amélioration de l’attractivité territoriale par plusieurs actions touchant aussi bien le renforcement de la desserte aérienne pour les trois aéroports (Er-Rachidia, Ouarzazate, Zagora) en plus de la promotion du territoire.
Dans le cadre de la modernisation des secteurs traditionnels, en vue d’optimiser la création de la valeur ajoutée et de préserver les écosystèmes environnementaux, la région compte créer une Société de de développement régional du tourisme (SDRT). Cette entité assurera la concrétisation du programme touristique dans le cadre du PDR, avec la SMIT. L’ensemble de ces actions seront inscrites dans cette feuille de route en cours d’élaboration. Le Schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT) sera également lancé au cours du mois de février 2022.
Le sujet du désenclavement et de la réduction des disparités territoriales constitue une des priorités. Quelle place accorde le Conseil régional à cette question ?
Ce volet fait partie des attentes de la population. Le PDR prend déjà en compte cette question afin de permettre à la région de s’intégrer pleinement à son environnement. Parallèlement, le Programme de réduction des disparités territoriales et sociales en milieu rural (2017-2023) est avancé à hauteur de 40%. Pour rappel, le PRDTS (2017-2023) est un programme gouvernemental intégré qui vise la réduction des gaps territoriaux en matière d’infrastructures de désenclavement et d’accès aux services sociaux de base (Éducation, Santé, AEP et Électricité) en plus de la création des conditions nécessaires au renforcement et à la diversification des potentiels économiques des zones rurales et de montagnes.
Dans le cadre de la mise en œuvre des projets relevant de ce programme, 96 projets ont été confiés au Conseil de la région pour la construction de 1.706 Km de routes avec un montant de l’ordre de 1,779 MMDH. À ce jour, 22 projets totalisant plus de 783 MDH ont été déjà réalisés. Couvrant un linéaire total de 405,04 km, ces projets ont été réceptionnés. Quatre autres projets sont en cours d’exécution d’un linéaire de 92,04 Km ainsi qu’un projet de pont, qui est en cours de réalisation. Ces projets concernent les provinces d’Er-Rachidia, Midelt, Zagora, Tinghir et Ouarzazate. S’agissant du Plan d’action de ce programme au titre de l’année 2022, la région a mobilisé les fonds nécessaires qui s’élèvent à 820 MDH. Le désenclavement de la région est projeté aussi à travers le lancement des travaux de réalisation de routes, avec 32 projets, d’un montant prévisionnel de 814 MDH, portant sur la réalisation de 489 km. Il est également prévu de lancer, au titre de l’année 2022, l’équivalent de 25 études techniques pour un linéaire total de 416 km avec une estimation prévisionnelle de 4.6 MDH.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO Docs